(BFM Bourse) - Le groupe d'armement allemand chute à la Bourse de Francfort après avoir dévoilé des résultats trimestriels décevants au deuxième trimestre. Rheinmetall pâtit aussi de dégagements sectoriels provoqués par des informations concernant des espoirs de trêve en Ukraine.
La saison estivale des résultats d'entreprises cotées s'avère cruelle. La moindre anicroche, la moindre déception est sévèrement punie, comme nous l'avons détaillé dans un précédent article.
Si cette hécatombe est valable pour les valeurs du CAC 40, elle l'est aussi pour les autres actions européennes, comme Novo Nordisk qui a chuté de 23,4%, le 29 juillet dernier, après avoir été contraint d'abaisser ses prévisions pour la deuxième fois de l'année, avec l'intense concurrence des "copies" des médicaments anti-obésité, aux États-Unis.
Les attentes du marché sont encore plus élevées lorsque l'on s'appelle Rheinmetall, star de la Bourse allemande dont le titre s'envole depuis le début de l'année.
Malheureusement, pour le fabricant allemand de chars, de munitions et d'autres équipements militaires, cette saison des résultats ne lui sera pas favorable. Rheinmetall chute de plus de 6%, ce jeudi 7 août vers 16h20 après avoir manqué les attentes au deuxième trimestre.
L'action prend encore toutefois plus de 170% depuis le début de l'année et près de 2.000% sur cinq ans.
Dégagements sectoriels
Ces dégagements sur le groupe allemand s'inscrivent aussi dans un mouvement sectoriel plus global. Les titres du compartiment de la défense sont dans le dur alors que le Kremlin a indiqué qu'une rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump était prévue dans les prochains jours. Ce qui entraîne des espoirs de trêve. "Les gros titres sur un cessez-le-feu en Ukraine n'aident pas au contraire", confirme un analyste.
Pour en revenir à la copie trimestrielle du groupe allemand, le chiffre d'affaires a progressé de 9% sur un an en données comparables, à 2,43 milliards d'euros.
"Les ventes ont été affectées par l'effet ponctuel d'un report de 140 millions d'euros au premier trimestre et par une perturbation temporaire de 200 millions d'euros dans l'activité munitions due à des dommages matériels causés par un incendie", signale Oddo BHF.
"La dynamique des commandes pour le trimestre s'est avérée faible, comme prévu, en raison des retards liés à la transition gouvernementale, les 'nominations' (commandes et accords-cadres) atteignant 2,639 milliards d'euros, soit 3% de moins que les prévisions du consensus, ce qui porte le carnet de commandes à 63,164 milliards d'euros", poursuit le bureau d'études.
Le résultat opérationnel ajusté a grimpé de 2% à 276 millions d'euros, et la marge correspondante s'est établie à 11,3% au deuxième trimestre.
La société a par ailleurs décaissé 911 millions d'euros de flux de trésorerie opérationnel, là où elle en générait 170 millions d'euros l'an passé sur la même période.
La prestation trimestrielle ne répond pas aux attentes du marché. Selon des consensus cités par Oddo BHF, les analystes attendaient mieux sur les revenus (2,55 milliards d'euros), le résultat opérationnel (300 millions d'euros) et surtout sur le flux de trésorerie (-234 millions).
"La plus grande surprise de cette publication a été le flux de trésorerie disponible, qui s'est révélé plus déficitaire que prévu, à -911 millions d'euros, en raison du faible niveau des acomptes versés par les clients, de l'augmentation des stocks, principalement liés aux systèmes automobiles, et du démarrage plus tardif des livraisons de camions par rapport à l'année précédente", estime le bureau d'études.
Jefferies tique aussi sur le flux de trésorerie disponible qui est selon l'intermédiaire financier, "le principal point faible de la publication".
Des prévisions annuelles confirmées
Pour autant, Rheinmetall confirme ses perspectives pour l'année en cours. Pour 2025, le groupe de défense allemand table toujours sur une croissance de ses revenus de 25% à 30% et une marge opérationnelle de 15,5% après 15,2% en 2024.
La société a aussi indiqué qu'elle s'attendait à une nette accélération des prises de commandes au second semestre 2025, avec un pic probable au quatrième trimestre, grâce aux discussions avec les clients en cours de conversion en contrats fermes.
"Les prévisions sont réitérées, bien que le groupe continue de souligner le potentiel de hausse lié au nouvel environnement des dépenses de défense, et réitère l'importance accordée au quatrième trimestre de cette année, compte tenu des commandes importantes attendues de la part de l'Allemagne", note Jefferies.