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Quelles actions françaises peuvent être les plus influencées par l'élection présidentielle américaine?

samedi 2 novembre 2024 à 07h00
Deux candidats pour une victoire

(BFM Bourse) - Dans une riche étude transversale, Oddo BHF s'est penché sur l'impact du scrutin américain pour les valeurs européennes de sa couverture. Dans le cas d'une victoire de Donald Trump, les groupes parisiens à privilégier seraient notamment Publicis et Totalenergies. Si Kamala Harris remportait l'élection, Schneider Electric, Veolia ou encore Totalenergies seraient à favoriser.

Qui du républicain Donald Trump ou de la démocrate Kamala Harris remportera la présidentielle américaine? Le scrutin aura lieu mardi 5 novembre et il est possible, au vu des sondages serrés, que la réponse ne soit pas connue le lendemain.

Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo BHF, rappelle qu'un "petit changement peut donner une large avance" car les sept états traditionnellement indécis ("swing states") représentent environ 17% du collège électoral, avec 93 voix. En termes de thématique, si l'ex-conseiller de Bill Clinton, James Carville, avait déclaré en 1992 "it's the economy stupid" ("c'est l'économie, idiot") "cette fois-ci c'est l'inflation", juge Bruno Cavalier.

Quels impacts pour les actions peut avoir cette élection? Oddo BHF s'est penché sur la question dans une riche étude transversale. Le courtier estime qu'une victoire de Donald Trump serait favorable pour les actions américaines, en raison notamment de la baisse d'impôt sur les sociétés qui se traduirait par une hausse du bénéfice par action toutes choses égales par ailleurs. Et "neutre" pour les actions européennes, qui seraient portées par "la corrélation avec les actions américaines" mais pâtiraient d'un renforcement des barrières douanières.

Si Kamala Harris gagnait l'élection, le courtier estime que l'impact global serait "neutre" pour les actions américaines tout comme pour les actions européennes.

Quelles valeurs européennes seraient les plus concernées par l'élection de l'un ou l'autre candidat? Oddo BHF a dressé une liste que nous faisons figurer au bas de cet article. Nous proposons de nous concentrer, dans cet article, sur les valeurs cotées à Paris. Ce d'une part, dans le cas d'une victoire de Donald Trump puis, d'autre part, dans le cas de celle de Kamala Harris.

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Dans le cas d'une victoire de Donald Trump

Les actions à privilégier

Totalenergies, Vallourec, GTT, Technip Energies

Oddo BHF a retenu de nombreux groupes pétroliers et parapétroliers, qui font partie des secteurs (avec les médias) qui bénéficieraient le plus du retour de l'ancien président à la Maison Blanche. Donald Trump a promis de diminuer par deux le prix du carburant à la pompe dans les douze mois suivant l'élection, et de faire des Etats-Unis le producteur d'énergies "dominant" au monde. Ce qui se traduirait par davantage de forage d'or noir (avec le fameux "drill, baby, drill"). Rappelons qu'un peu moins des deux-tiers de la production de pétrole américaine passe par le pétrole de schiste et donc par la fracturation hydraulique.

Tout ceci a amené Oddo BHF à privilégier l'espagnol Repsol, dont un tiers de la production se situe en Amérique du Nord mais aussi le britannique BP, car sa production de pétrole de schiste représente 19% du total. Cette volonté d'accélérer la production bénéficierait aussi aux fabricants d'équipements pour le forage, notamment les tubistes comme le français Vallourec. Ce dernier "est complètement intégré aux Etats-Unis, n'importe pas ses tubes et ne paie donc pas de droits de douanes" contrairement à son concurrent italien Tenaris, a souligné Baptiste Lebacq, analyste du secteur des services pétroliers d'Oddo BHF.

Le courtier a aussi retenu Totalenergies en raison de sa position importante dans le GNL (gaz naturel liquéfié). S'il est élu, Donald Trump entend mettre fin au moratoire de l'administration Biden bloquant les nouvelles exportations de GNL. Or Totalenergies est, depuis 2021, "devenu le premier exportateur de GNL aux Etats-Unis et pourrait ainsi renforcer sa présence dans le pays pour maintenir son leadership en contractant d’avantage de GNL et l’exporter en Europe et en Asie avec des marges très confortables", explique le courtier.

Toujours dans le GNL, la décision de Trump pourrait relancer les projets d'unités de liquéfaction (pour transformer le gaz sous forme liquide et mieux le transporter) ce qui bénéficierait aux sociétés d'ingénierie et de construction comme Technip Energies. Par ailleurs, "de nouveaux méthaniers devraient être commandés afin de le transporter (le gaz, NDLR) et dans ce cadre GTT est l’acteur incontournable sur le métier des membranes (installées dans ces méthaniers)", note aussi Oddo BHF.

Publicis et Sodexo bien positionnés

Dans les médias, les années d'élection présidentielle sont traditionnellement fastes pour le secteur publicitaire, notamment parce que la publicité électorale est autorisée aux Etats-Unis, a rappelé Thomas Zlowodzki, chef de la stratégie actions du courtier. Contrairement à l'Europe, les partis dépensent beaucoup pour soutenir leurs candidats.

Dans ce contexte, Oddo BHF a choisi Publicis dans ses valeurs à privilégier car le groupe réalise, selon ses estimations, 50,8% de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis. Précisons toutefois que le PDG, Arthur Sadoun, a indiqué, lors de la publication du chiffre d'affaires du troisième trimestre,que son groupe n'avait pas pris de contrats publicitaires dans le cadre de la campagne électorale, le dirigeant invoquant la volonté de la société de respecter son code de déontologie, appelé "Janus".

Publicis serait surtout porté par la baisse de l'impôt sur les sociétés (à 15% contre 21% actuellement) voulue par Donald Trump, et potentiellement par des mesures économiques de soutien à la consommation, les dépenses publicitaires étant corrélées à 90% avec le niveau de consommation.

Dernière société française mise en avant: le spécialiste de la restauration collective Sodexo, dont les Etats-Unis représentent le premier marché et environ 63% de son résultat opérationnel, selon le bureau d'études. Le groupe bénéficierait surtout de la baisse de l'impôt sur les sociétés voulue par le candidat républicain. Ce qui aurait un impact de 5% sur son bénéfice par action.

Les actions les plus à risque

Risque politique pour Rémy Cointreau, STMicro

Une victoire de Trump pourrait être synonyme de rétablissement des droits de douanes sur les importations de vins, de cognac et de whiskies écossais. Cette taxe douanière de 25% avait été suspendue par l'administration Biden. Si elle était remise en place, Rémy Cointreau serait affecté en premier lieu, car ses ventes de cognac aux Etats-Unis génèrent 30% de son résultat opérationnel, note Oddo BHF. Sous certaines hypothèses, le courtier calcule une perte annuelle de résultat opérationnel d'environ 40 millions d'euros (pour un résultat total de 305 millions d'euros en 2023-2024). Pernod Ricard, qui a un portefeuille plus diversifié, souffrirait bien moins.

STMicroelectronics, comme plusieurs groupes de semi-conducteurs (l'allemand Infineon), serait pénalisé par la potentielle politique anti-véhicules électriques (arrêt des subventions) de Donald Trump, l'automobile constituant un segment clef du groupe. Ainsi que par les risques politiques accrus vis-à-vis de Taïwan, avec une absence de soutien inconditionnel en cas d'invasion de la Chine.

Dassault systèmes victime de la guerre commerciale

Dans la même veine, le groupe de logiciels professionnels Dassault Systèmes, tout comme l'allemand SAP, pourrait pâtir d'un risque d'escalade des tensions entre la Chine et les Etats-Unis. Jusqu'à présent la lutte commerciale entre les deux pays s'est focalisée sur les semi-conducteurs mais Oddo BHF explique que les logiciels représentent l'étape suivante. "En effet, la Chine est très dépendante des éditeurs de logiciels occidentaux afin de développer son économie : Microsoft pour la bureautique, Android pour les OS (système d'exploitation, NDLR) mobiles, SAP ou Oracle pour les ERP (logiciels des gestion des activités courantes d'une entreprise, NDLR), Dassault Systèmes ou Autodesk dans le PLM (logiciels de gestion de cycle de vie d'un produit) industriel, etc…", écrit le bureau d'études.

"Les industriels du secteur évoquent d’ailleurs souvent une certaine nervosité de la part de leurs clients chinois sur ce sujet. Ces derniers demandant des engagements de maintenance dans la durée de ces solutions même en cas de restrictions. Certains clients chinois demandent même l’accès au code source à la signature du contrat d’achat de ces logiciels, afin d’être en mesure de réaliser les évolutions et la maintenance nécessaires en cas de restrictions imposées par les Etats-Unis. Des conditions évidemment inacceptables pour les éditeurs occidentaux", poursuit le bureau d'études. La Chine représente environ 7% des revenus de Dassault Systèmes. A noter que ce risque existe aussi bien dans le cas d'une victoire de Donald Trump que dans le scénario où Kamala Harris gagne l'élection.

Engie parmi les "utilities" pénalisées

Dernier groupe français cité comme étant parmi les plus à risque: Engie, en raison de son positionnement dans les énergies renouvelables. L'énergéticien français figure d'ailleurs aux cotés de ses comparables Iberdrola, RWE, Enel et Orsted. Dans le cas d'une victoire de Donald Trump, des risques planeraient sur l'IRA (inflation reduction act), texte qui accorde un traitement préférentiel aux énergies renouvelables. Mais l'IRA a toutefois des impacts bénéfiques sur des états américains représentés par des républicains au Congrès. Ce qui pourrait limiter ce risque politique.

Donald Trump a également annoncé vouloir rayer de la carte les projets d'éolien "offshore" (en mer) s'il était élu. "Dans le pire des scénarios, un moratoire sur les projets offshores aux Etats-Unis pourrait retarder le développement de certains projets mais les capitaux engagés, à ce stade, restent relativement faibles et sans commune mesure avec les difficultés qu’ont connues le secteur l’an dernier", juge Oddo BHF.

Dernier facteur de risque: la hausse des exportations de GNL américain, si Donald Trump était élu, tirerait vers le bas les prix de l'électricité, y compris en Europe. Ce qui pénaliserait les groupes "utilities" comme Engie. C'est "un effet de contagion", résume Louis Boujard, d'Oddo BHF.

A noter que, hors valeurs françaises, Oddo BHF retient le groupe de défense allemand Rheinmetall, alors que le paradoxalement, le courtier juge que l'élection américaine sera positive dans le secteur de la défense dans tous les cas. Cela tient à la position de Donald Trump, qui a menacé de supprimer l'aide américaine à Kiev. Ce qui aurait toutes les chances d'aboutir à la fin de la guerre. Or Rheinmetall est particulièrement exposé à ce conflit, qui représente environ 21% des revenus de sa division défense, selon Oddo BHF.

Dans le cas d'une victoire de Kamala Haris

Les actions à privilégier

Totalenergies, Schneider Electric et Veolia portées par la transition énergétique

Oddo BHF évoque, comme pour Donald Trump, Totalenergies, mais pour des raisons différentes. Le bureau d'études estime que l'élection de l'actuelle vice-présidente des Etats-Unis devrait constituer un soutien à l'éolien offshore, avec davantage d'attribution de permis et une fiscalité plus avantageuse. Plus largement, la candidate démocrate est perçue comme "une championne de la justice climatique et environnementale depuis des décennies" et entend réduire la dépendance au pétrole, poursuit le bureau d'études. Or, Totalenergies vise à développer 25% de son mix d'énergies renouvelables aux Etats-Unis, note le courtier.

Du côté des biens d'équipements ("capital goods"), le bureau d'études met en avant Schneider Electric (ainsi que Siemens Energy et Assa Abloy) car l'élection de Kamala Harris serait positive pour la thématique de la construction résidentielle et des "green capex", c'est-à-dire les dépenses d'investissement favorisant la transition verte. Et donc l'efficacité énergétique, spécialité de Schneider Electric.

Dernière valeur française retenue: Veolia. L'un des enjeux de l'élection tournera autour de la contrainte réglementaire mise en place par l'agence de protection de l'environnement américaine (EPA). Notamment au niveau des polluants éternels (PFAS) et leurs limites applicables à l'eau potable. Une victoire de Kamala Harris devrait confirmer voire renforcer cette contrainte. Dans cette perspective, Veolia serait bien positionné. La société est "le seul groupe a être d’ores et déjà présent dans le secteur de la distribution d’eau potable aux Etats-Unis, de la délivrance de services et d’équipements aux régies municipales de gestion de l’eau, de la fourniture de services et d’équipements aux industriels, ainsi que de la gestion des déchets dangereux (dont les polluants éternels font partie)", explique Oddo BHF.

Les actions les plus à risque

Publicis et Sodexo pénalisés par la fiscalité, Dassault Systèmes par la guerre commerciale

Oddo BHF évoque Publicis alors que la forte exposition du groupe aux Etats-Unis (50,8%) pourrait l'amener à subir une fiscalité plus désavantageuse. Kamala Harris entend faire passer le taux d'impôt sur les sociétés de 21% à 28%. L'impact sur une société réalisant 50% de son activité aux Etats-Unis est chiffré par le courtier à 4,5% au niveau du bénéfice par action.

Dassault Systèmes est là encore cité (tout comme SAP) pour les mêmes raisons que dans le cas d'une victoire de Donald Trump, à savoir donc une hausse des tensions commerciales sino-américaines qui aboutirait à des restrictions sur les progiciels utilisés par les entreprises chinoises.

Enfin, pour Sodexo, l'impact constitue un effet miroir au scénario d'une victoire de Donald Trump. Sodexo étant très exposé au marché américain, la société subirait également la hausse de l'impôt sur les sociétés voulue par l'actuelle vice-présidente américaine. L'impact négatif est évalué par Oddo BHF à 6% du bénéfice par action annuel. Le rival britannique de Sodexo Compass et l'exploitant hôtelier IHG subiraient des impacts du même ordre.

Encadré: Les actions européennes qui seraient le plus touchées par l'élection

Victoire de Donald Trump

  • Les actions à privilégier: Rio Tinto, BASF, Covestro, Repsol, BP, Totalenergies, Vallourec, Technip Energies, GTT, Vopak, Epiroc, Sandvik, Metso, Aegon, Zurich Assurances, Publicis, Ahold Delhaize, Deutsche Telekom, IHG, Compass, Sodexo
  • Les actions les plus à risque: BBVA, Arcelormittal, Rémy Cointreau, Rheinmetall, Infineon, STMicroelectronics, Aixtron, SAP, Dassault Systèmes, Engie, Iberdrola, RWE, EDP, Enel, Orsted
  • Victoire de Kamala Harris

  • Les actions à privilégier: Anglo-American, Aurubis, Respol, Totalenergies, DEME, Fugro, Elia, SIF, Vestas, Subsea 7, Rheinmetall, Assa Abloy, Atlas Copco, Schneider Electric, Siemens Energy, Veolia
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  • Les actions les plus à risque: Novo Nordisk, Aegon, Zurich Assurances, Publicis, Ahold Delhaize, SAP, Dassault Systèmes, Deutsche Telekom, IHG, Compass, Sodexo
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