(BFM Bourse) - Le groupe allemand est sous pression à la Bourse de New York après avoir annoncé des prévisions de croissance nettement inférieures aux attentes pour l'exercice qui a débuté en octobre.
Arrivé en grande pompe à Wall Street il y a deux ans, Birkenstock souffre à la Bourse de New York, ce jeudi 18 décembre. L'action plonge de 8,7% vers 18h, heure française.
La société allemande a livré ses résultats du quatrième trimestre de son exercice 2024-2025, période qui court de juillet à fin septembre.
Birkenstock a enregistré une croissance de ses ventes de 20% hors effets de changes sur le trimestre, dépassant ainsi les plus grands groupes de luxe. En comparaison, Hermès a vu ses revenus progresser de 9,6% sur la même période, Richemont (Cartier, Van Cleef & Arpels) de 14%.
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Les ventes "B2B" ou "wholesale" (c'est-à-dire vers les magasins multimarques) ont progressé de 26% hors changes, alors que les ventes "direct to consumer" (magasins en propres, plateformes d'e-commerce) ont, elles, augmenté de 12% sur ces mêmes bases.
Certes, la société a dépassé les attentes, puisque le consensus (la prévision moyenne des analystes) tablait sur une croissance globale de 16% hors changes, selon Bernstein. Toutefois, l'intermédiaire financier remarque que la société a déçu sur les ventes "direct to consumer", dont la croissance était attendue à 16,2% hors changes. Ce qui "confirme notre prudence sur la dynamique de la marque", écrit Bernstein.
Le bénéfice par action s'est établi à 51 cents, en hausse de 83% sur un an et au-dessus du consensus de 35 centimes, note Citi.
Des prévisions loin des attentes
Le véritable point noir de la publication restent les perspectives pour l'exercice 2025-2026 clos en mars prochain.
Le groupe a indiqué vouloir dégager une croissance de 13 à 15% hors changes et de 10 à 12% en données publiées. La marge brute est attendue entre 57 et 57,5% tandis que le bénéfice ajusté par action s'inscrirait entre 1,9 euro et 2,05 euros.
Citi remarque que la prévision de croissance est à la fois inférieure aux attentes du consensus (16% hors changes et 13,5% en données publiées et de celles du marché. La perspective de marge traduit une baisse de 1,6 à 2,1 points de pourcentage alors que le consensus anticipait une hausse de 0,6 point, note également la banque américaine. Ce qui pourrait "constituer un point de pression", ajoute Citi. Les analystes attendaient également mieux du bénéfice par action (2,06 euros par action).
Rappelons que lors de son arrivée à Wall Street, en octobre 2023, le groupe avait fait grand bruit. Tout en étant accueilli fraîchement par les investisseurs.
"La notoriété de la marque - décuplée par le succès du film Barbie (l'actrice Margot Robbie porte des sandales Birkenstock dans le long-métrage de 2023, NDLR) - et l'importance financière de cette opération ont suscité un intérêt considérable", écrivait Franck Ceddaha, professeur associé à HEC, sur le site de l'école de commerce, fin 2023.
En choisissant Wall Street plutôt que Francfort, le spécialiste allemand des sandales haut de gamme avait par ailleurs infligé un camouflet à la place d'outre-Rhin.
Introduite à 46 dollars, l'action a chuté de 11% lors de sa première séance, puis de 6,6% et de 3,1% lors des deux séances suivantes.
La société s'était alors montrée bien gourmande pour ses débuts. "La barre semblait un peu trop haute avec une valorisation de huit fois son chiffre d’affaires et de 80 fois son résultat net", expliquait Franck Ceddaha.
Birkenstock évolue actuellement en dessous de son cours d'introduction, avec un prix de 42,53 dollars.
"Une belle maison dans un mauvais voisinage"
Fin novembre, HSBC estimait que le titre avait souffert de "craintes mal placées". "Tout d'abord, le contexte économique pour la clientèle aspirationnelle américaine (plus jeune et moins fortunée que la clientèle traditionnelle, NDLR) peut s'être détérioré et l'incidence des droits de douane n'est toujours pas pleinement appréciée", expliquait la banque.
"Deuxièmement, les taux de change ont fortement changé et la faiblesse du dollar américain par rapport à l'euro sera préjudiciable. Troisièmement, le flottant (la part des titres qui circule librement, NDLR) est limité – bien qu'il soit factuellement plus important qu'au moment de l'introduction en bourse, 29% maintenant contre 17% à l'époque", poursuit HSBC.
"Enfin, l'histoire de Birkenstock repose à court terme davantage sur les transactions en personne et donc sur le 'wholesale' (car le segment direct au consommateur est encore majoritairement en ligne à l'heure actuelle), ce qui semble risqué", ajoutait l'établissement.
Toutefois, la banque sino-britannique appelle à regarder les chiffres, jugeant que Birkenstock est "une belle maison dans un mauvais voisinage". C'est-à-dire que le groupe progresse dans un marché compliqué.
"De nombreuses marques de chaussures distribuées aux côtés de Birkenstock aux États-Unis et en Europe dans le 'wholesale' ne croissent pas beaucoup, voire pas du tout, donc voir une croissance à deux chiffres là-bas fait penser aux investisseurs que ce n'est pas durable", fait valoir HSBC.
"Nous ne sommes pas d'accord et au-delà du potentiel de bien croître sur les marchés occidentaux, nous croyons que la marque n'a fait qu'effleurer la surface en Asie-Pacifique, où les marchés sont prometteurs et où la marque commence à obtenir des emplacements de choix et de la traction", conclut l'établissement.
