(BFM Bourse) - Le géant chinois de l'ultra fast fashion envisage de s'introduire en Bourse aux Etats-Unis, selon la presse américaine. L'opération considérée comme "la plus importante depuis des années" est attendue pour 2024.
Shein, connu pour ses habits à bas prix, compte aussi conquérir la Bourse de New York. L'enseigne d'ultra fast fashion a déposé une demande "confidentielle" auprès des autorités boursières américaines, rapporte lundi soir le Wall Street Journal.
Le dépôt confidentiel est une pratique courante rappelle CNBC, car il permet aux entreprises de communiquer avec la Securities and Exchange Commission (la SEC, le gendarme boursier américain) et d'apporter tout ajustement nécessaire à leurs documents dans un cadre privé, avant de rendre public ce dossier lorsque l'entreprise sera prête à entrer en Bourse.
Aussi, Reuters précise que les informations ne sont pas encore claires concernant un dépôt de dossier auprès de la Commission chinoise de réglementation des valeurs mobilières (CSRC) en vue de l'introduction en Bourse de Shein aux États-Unis. Les entreprises chinoises sont contraintes d'obtenir l'autorisation de la CSRC avant de pouvoir se coter à l’étranger.
L'opération "pourrait avoir lieu en 2024", ont indiqué des sources proches du dossier au Wall Street Journal, sous réserve que Shein aille au bout du processus.
Une valorisation à 90 milliards de dollars?
Du côté de la valorisation assignée à Shein, elle est sujette à débat. "On ne sait pas exactement combien vaut actuellement l'entreprise, mais son évaluation a été au cœur des débats entre Shein et les conseillers avec lesquels elle travaille", ont aussi indiqué des personnes au fait du dossier à CNBC.
Mais une récente opération a pu donner quelques indications. La société a en effet été évaluée à plus de 60 milliards de dollars lors d'une levée de fonds en mai, rapporte de son côté Reuters, quand Bloomberg rapportait début novembre que l'entreprise visait une valorisation allant jusqu'à 90 milliards de dollars.
Avec une telle valorisation, Shein est donc en piste pour réaliser l'introduction en Bourse "la plus importante" depuis des années poursuit le Wall Street Journal. Les banques d'affaires Goldman Sachs, JPMorgan Chase et Morgan Stanley auraient été mandatées pour travailler sur l'introduction en Bourse du géant chinois de la fast fashion, ajoutent ces mêmes sources.
Un retour des IPO en 2024?
Ce n'est pas la première fois que Shein réfléchit à une entrée en Bourse aux Etats-Unis. En 2020, la société avait commencé à activer ce projet avant d'y renoncer en raison de la pandémie de Covid-19 et des tensions croissantes entre les Etats-Unis et la Chine.
Shein a été fondé en 2008 en Chine et a rapidement trouvé son public en quête de collections constamment renouvelées et à très bas prix. En 2022, la société a réalisé un chiffre d'affaires de 23 milliards de dollars et un bénéfice net de 800 millions de dollars.
Il n'y a pas que Shein qui réfléchit à une introduction en Bourse. Dans un tout autre domaine, le réseau social Reddit envisage également de se lancer sur les marchés et serait à la tête d'une cohorte de candidats "tâtant le terrain", rapporte lundi soir Bloomberg. Skims, l'entreprise de vêtements de Kim Kardashian, étudie également les options possibles, y compris une introduction en Bourse, ajoute Bloomberg.
Ces dossiers viendront probablement faire oublier une année 2023 compliquée sur le marché des introductions en Bourse. A Wall Street, les débuts du fabricant de sandales Birkenstock en septembre dernier ont relevé davantage du faux pas que du succès. A ce jour, l'action du spécialiste allemand des sandales fondé en 1774 évolue en dessous du prix de 46 dollars par titre retenu pour l'opération.
En Europe, le bilan n'est pas reluisant non plus. CVC, la maison-mère de Panzani, qui comptait faire ses premiers pas en novembre, a finalement décidé de reporter son entrée à la Bourse d'Amsterdam à l'année 2024. Les conditions de marché n'étaient pas propices à accueillir ce qui devrait être la plus grosse entrée en Bourse de l'année sur le sol européen.
A Paris, Planisware avait également jeté l'éponge la veille de son entrée en Bourse, le 11 octobre dernier. Là aussi, l'opération était attendue de toute la communauté financière française.
L'éditeur de logiciels visait en effet une entrée sur le compartiment A d'Euronext Paris - réservé aux plus grandes capitalisations de plus d'1 milliard d'euros - qui n'avait plus vu de nouveaux entrants depuis OVH Groupe, le leader européen des services de cloud computing, en octobre 2021. Le bilan est donc maigre à la Bourse de Paris puisque les cinq nouvelles entrées sur la place parisienne ont été réalisées sur Euronext Growth. La société angevine Stif, spécialisée dans les équipements de protections contre les risques d'explosions en milieu industriel, a indiqué la semaine dernière viser une entrée en Bourse aussi sur le compartiment phare des petites et moyennes entreprises.