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THALES

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Thales : Après leur envolée, les groupes de défense ont-ils encore du potentiel en Bourse?

samedi 15 mars 2025 à 07h00
Les valeurs de la défense ont le vent en poupe

(BFM Bourse) - Le secteur connaît un rallye boursier impressionnant depuis quelques semaines, poussant ces titres sur des niveaux de valorisation très élevés. Les actions de la défense ont-elles pour autant atteint un plafond de verre?

S'il y a un secteur incontournable en Bourse depuis le début de l'année, c'est bien la défense européenne. Les actions de cette industrie signent des performances vertigineuses.

Sur l'ensemble de 2025, Rheinmetall, qui fournit notamment des blindés à l'armée allemande, prend 122,75% et Hensoldt, spécialiste des capteurs et de l'optronique militaire, avance de 109,6% à Francfort. Renk, qui produit des boîtes de vitesses et des systèmes de transmission pour des véhicules militaires et les navires des marines, s'adjuge 119%.

À la Bourse de Paris, Thales enregistre la plus forte progression du CAC 40 avec un bond de 80,4% quand Dassault Aviation grimpe de 56,1%. Les petites et moyennes capitalisations ne sont pas en reste. Exosens, spécialisé dans l'imagerie et la photo-détection militaires, prend 65,7%, et Exail Technologies, qui conçoit des drones sous-marins permettant de détecter des mines, gagne 91,8%.

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Comme le montre l'infographie ci-dessus, l'ensemble des groupes de défense européens bondissent. Ces actions surperforment totalement les indices européens, puisque le Stoxx Europe 600 ne prend lui que 7% sur la même période.

En février, le courtier Charles Schwab se demandait si les groupes de défense européens n'étaient pas devenus les "nouveaux Sept magnifiques en Bourse", en référence aux sept "big techs" de Wall Street (Tesla, Apple, Nvidia, Microsoft, Meta, Alphabet, Amazon) qui ont connu des hausses vertigineuses en 2023 et 2024.

Cette dynamique boursière est évidemment liée aux récentes actions des dirigeants européens. Conscients qu'il faut désormais bien moins compter sur les États-Unis et beaucoup plus sur eux-mêmes pour assurer la sécurité du Vieux Continent, ces dirigeants ont multiplié, ces dernières semaines, les annonces de hausses des dépenses militaires.

Dans une note rédigée le 3 mars, Oddo BHF a évoqué une "nouvelle ère pour la défense européenne".

"Les récentes interactions entre le président ukrainien Zelensky et Donald Trump ont déclenché des alarmes sur les vulnérabilités de l'Europe en matière de défense", a de son côté relevé le bureau d'études indépendant Alphavalue.

Des centaines de milliards d'euros de dépenses additionnelles

Le 28 février, le président américain a provoqué une onde de choc mondiale en se montrant agressif avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, le sommant de s'accorder avec le président russe Vladimir Poutine. Et ce devant les caméras du monde entier. Zelensky a quitté la réunion, et l'accord qui devait être noué entre l'Ukraine et les États-Unis a été renvoyé aux calendes grecques.

Cet épisode a accéléré les initiatives. Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron a évoqué une cible de dépenses de défense allant de 3% à 3,5% du produit intérieur brut (contre 2% pour l'heure au sein de l'Otan). Le 4 mars, la Commission européenne a, ensuite, dévoilé son projet "Rearm Europe" qui entend mobiliser près de 800 milliards d'euros dans la défense.

L'Allemagne a, elle, annoncé une révolution copernicienne. Longtemps connue pour sa frugalité en matière de dépenses publiques, de déficit et d'endettement, la première économie européenne a annoncé la semaine dernière un vaste plan pour renforcer sa défense mais aussi ses infrastructures. Les ordres de grandeurs se chiffrent à plusieurs centaines de milliards d'euros. Vendredi, l'accord politique noué entre les écologistes et les conservateurs, qui devrait permettre l'adoption de ce plan au Parlement allemand, a encore propulsé les groupes de défense en Bourse.

À titre illustratif, Alphavalue calcule que si les budgets militaires européens passaient à environ 4% du produit intérieur brut, scénario jugé plausible par le bureau d'études indépendant, la hausse des dépenses de défense annuelles se chiffrerait à 474 milliards d'euros (pour un total de 800 milliards d'euros).

Du potentiel? "Il n'yen a pas"

Reste qu'un adage en Bourse veut que les arbres ne montent pas au ciel. Il est par ailleurs permis de se demander si le marché n'a pas mis la charrue avant les bœufs.

Les valorisations des groupes de défense atteignent à l'heure actuelle des niveaux élevés. L'action Thales s'échange 27,8 fois les bénéfices attendus en 2025, celle de Rheinmetall 43,9 fois. Ces multiples sont bien plus proches de ceux de groupes de logiciels, qui peuvent prétendre à des valorisations élevées en raison de leur part importante de revenus récurrents, ou de luxe, que d'industriels.

Certains dirigeants ont par ailleurs fait preuve de prudence quant à la concrétisation des déclarations politiques en commandes et donc en espèces sonnantes et trébuchantes. "The proof is in the pudding", a dit (en anglais donc) le PDG de Thales, Patrice Caine, la semaine dernière. Ce que l'on peut traduire grossièrement par "on attend de juger sur pièces". "J'attends, j'observe", a de son côté affirmé le PDG de Dassault Aviation, Éric Trappier,

Au vu des ces éléments, les groupes de défense en Europe présentent-ils encore du potentiel en Bourse?

"Il n'y en a pas", tranche un analyste spécialiste du secteur. "Le marché est très en avance dans le déploiement des dépenses militaires et les actions de défense ne vont pas immédiatement refléter ces futures dépenses. D'autant que certains groupes du secteur affichent déjà des capacités de production bien tendues", ajoute-t-il .

Aymeric Diday, directeur de la gestion de Pergam, se montre, lui aussi, sceptique. "Le secteur de la défense on va le pondérer dans les portefeuilles mais on ne va surtout pas le surpondérer à ces niveaux là. On a plutôt tendance à alléger les positions aujourd'hui", a-t-il expliqué mardi dans BFM Bourse.

"Le marché est aujourd'hui 'pricé' à la perfection sur ces valeurs-là", a-t-il ajouté. Autrement dit, la totalité du potentiel est déjà reflétée dans les cours, selon lui. "Ce n'est pas parce que l'on a des carnets de commandes qui sont pleins que l'on a des valorisations qui explosent à la hausse", d'autant que "des commandes ça s'annule", a rappelé le gérant.

Goldman Sachs optimiste

Goldman Sachs s'avère plus optimiste. Dans une note publiée la semaine dernière, les stratégistes de la banque américaine ont continué de recommander de se positionner sur les actions de la défense européenne.

L'établissement américain a d'ailleurs nuancé la question de la valorisation. Goldman Sachs note que le consensus (les prévisions moyennes des analystes) table, pour la période 2024-2027, sur une croissance moyenne annuelle des bénéfices par action des groupes de défense européens de 29%, contre 11% pour leurs rivaux américains.

En intégrant ces perspectives de croissance, les groupes européens s'échangent encore avec une décote boursière de 16% par rapport aux sociétés américaines de défense, alors que cette décote était proche de zéro en 2019-2020, analysait Goldman Sachs. Autrement dit, la défense européenne n'est pas si chère que cela en Bourse.

Oddo BHF pense aussi que le secteur a encore du potentiel. Si le marché a bien compris que la défense entre dans une nouvelle ère, "nous estimons que ce dernier (le marché, NDLR) sous-estime l’ampleur de l’impact sur les sociétés du secteur: nous entrons dans un cycle de puissante croissance pluriannuelle", prédit le bureau d'études.

Le courtier considère que les budgets militaires pourraient progresser de 160 milliards d'euros si les Européens atteignent 3% du PIB, juge que l'Union européenne pourrait elle-même se doter d'un budget propre qui s'élèverait à environ 50 milliards d'euros (contre environ 2 milliards d'euros à l'heure actuelle), et estime que les entreprises européennes devraient reconquérir des parts de marché perdues au profit des importateurs, passant à 50% d'ici à 2030 contre 24% à l'heure actuelle.

Quelles valeurs peuvent se distinguer?

Surtout, Oddo BHF soulignait, dans sa note publiée début mars, que la croissance du marché potentiel des groupes européens de défense pourrait atteindre 31,5% par an sur la période 2024-2030. Le courtier tablait précédemment sur une hausse annuelle moyenne de 10,5%.

Oddo BHF avait alors revalorisé, en moyenne, de 42% ses cibles sur les actions européennes de défense de sa couverture.

Nous "pensons qu’une appréciation des cours de 20% supplémentaire est à portée de main", écrivait le bureau d'études.

Oddo se montre toutefois plus optimiste sur Thales, Exosens, Exail Technologies et Hensoldt (tous les quatre conseillés à "surperformance") que pour Dassault Aviation, Leonardo et Rheinmetall ("neutre"). Le courtier est même à "sous-performance" sur BAE Systems en raison des incertitudes sur le budget militaire américain, le groupe britannique générant 48% de ses revenus aux États-Unis.

"Le secteur de la défense n'a selon moi pas encore fini de progresser. Toutefois, la trajectoire ne sera probablement pas linéaire et on ne peut exclure des 'à-coups' voire des turbulences à court terme sur ces titres", juge de son côté Grégoire Laverne, responsable de la gestion Actions chez Apicil AM.

"Mais, malgré des valorisations actuellement élevées pour la plupart des actions du secteur, il y a encore à mon sens un potentiel significatif. Nos économies sont en pleine mutation. Sans basculer totalement vers une économie de guerre, la nécessité de renforcer nos capacités de défense est désormais reconnue, entraînant une augmentation des budgets militaires, notamment en Europe, avec une volonté politique de favoriser les entreprises du Vieux Continent", développe-t-il.

"Évidemment nous sommes encore dans le temps de la politique et le gros des commandes se concrétisera plutôt sur la fin de la décennie. Néanmoins, de nouvelles annonces politiques et, surtout, leur concrétisation en commandes effectives pourraient stimuler le sentiment du marché dans les années à venir", expose le gérant.

En termes de valeurs, Grégoire Laverne émet quelques recommandations. "Rheinmetall reste, malgré son parcours, un incontournable. Dans une moindre mesure, nous apprécions aussi le britannique BAE Systems et le norvégien Kongsberg Gruppen. En France nous préférons Thales à Dassault Aviation", explique Grégoire Laverne. Le gérant précise avoir en portefeuille l'ensemble de ces valeurs (*), à l'exception de Dassault Aviation.

(*) "Cette position peut évoluer dans le temps selon les anticipations du gérant. Tout investissement sur les marchés financiers comporte des risques", précise Apicil AM

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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