(BFM Bourse) - La progression des revenus du spécialiste de la relation client externalisée a dépassé les attentes au deuxième trimestre et la génération de cash s'est avérée robuste.

Pour la deuxième fois consécutive, Telepeformance parvient à dépasser les pronostics et apaiser (un peu) les inquiétudes des investisseurs. Plombé par les craintes d'un bouleversement de son modèle économique par l'émergence de l'intelligence artificielle (IA) générative, son action a chuté de 67% en trois ans.

"Le cours est très sous-évalué alors que la société va générer entre 900 millions et 1 milliard d'euros de cash-flow cette année. (…) Ce cours de Bourse reflète la conviction d'un certain nombre de gens que notre modèle ne tiendra pas la route sur la durée. Nous pensons absolument le contraire", a argué le directeur général délégué Olivier Rigaudy ce mercredi dans Good Morning Business.

Pour renverser la vapeur, le spécialiste de relation client externalisée n'a pas d'autre choix que de livrer des publications solides, ce qu'il avait réussi à faire au premier trimestre. Rebelote pour le deuxième.

>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading

Une croissance supérieure aux attentes

Sur la période allant d'avril à fin juin, Teleperformance a vu sa croissance pro forma, c'est-à-dire retraitée des effets de changes et surtout de l'acquisition transformante du luxembourgeois Majorel, finalisée en novembre dernier, atteindre 2,4%. Ce qui marque une accélération par rapport à la hausse de 0,9% du premier trimestre.

"Le groupe est train de reprendre le chemin de la croissance organique, qui s'accélère à nouveau et devrait continuer à s'améliorer", a déclaré Olivier Rigaudy sur BFM Business.

La croissance du deuxième trimestre est surtout supérieure au consensus, logé à 1,5% selon UBS.

Teleperformance a bénéficié de la vigueur des services spécialisés (interprétariat, recouvrement de créances, traitements de demandes de visas, assistance dans les processus de recrutement) dont la croissance s'est établie à 10,4% en données pro forma.

Les activités "core services & D.I.B.S", qui regroupent par exemple les métiers de relations clients, de modérations de contenus ou encore de marketing digital, ont de leur côté retrouvé le chemin de la croissance au deuxième trimestre, avec une progression de 1,1% en données pro forma, après un repli de 0,9% sur les trois premiers mois de l'année. Ces métiers ont toutefois continué d'être pénalisés par le transfert de charges de travail de l'Amérique du Nord vers l'Inde (ce que l'on appelle "l'off-shorisation"), ce qui a eu un effet déflationniste sur les revenus.

Sur l'ensemble du premier semestre, l'Ebita courant, ou résultat opérationnel retraité de certains éléments, s'est inscrit à 703 millions d'euros contre 692 millions d'euros il y a un an, pour une marge s'inscrivant à 13,9% contre 13,8% un an plus tôt.

La génération de trésorerie s'est avérée robuste, avec un flux de de trésorerie disponible de 448 millions d'euros contre 309 millions d'euros au premier semestre 2023, et un consensus autour de 400 millions d'euros.

300 projets d'IA

A l'issue de ce semestre, Teleperformance a confirmé ses perspectives pour 2024 à savoir une croissance en données pro forma située entre 2% et 4% et une amélioration de sa marge d'Ebita courant comprise entre 0,10 et 0,20 point pourcentage.

A la Bourse de Paris, l'action Teleperformance grimpe de 8,8% vers 11h40 en réaction à cette publication qui "représente un autre trimestre où (le groupe) reconstruit lentement sa crédibilité auprès des investisseurs après une année 2023 très difficile", note Royal Bank of Canada.

"La valorisation est très faible et la capacité du management à rassurer sur les éventuelles perturbations liées à l'IA sera décisive dans la revalorisation du groupe", souligne de son côté Oddo BHF.

Teleperformance a en ce sens annoncé mardi soir développer plus de 300 projets d'IA pour le compte de ses clients, avec notamment des projets d'IA générative.

Olivier Rigaudy a par ailleurs balayé mardi lors d'une conférence téléphonique les craintes liées au nouveau chatbot de Salesforces. Mi-juillet, l'action de Teleperformance s'était retrouvée un peu sous pression après que le groupe américain a annoncé avoir testé un nouveau robot conversationnel entièrement autonome.

Le dirigeant a fait part de son incompréhension sur cette réaction de marché, car, selon lui, Salesforce, dans sa communication, a clairement expliqué que les utilisateurs préféraient "parler aux gens plutôt qu'à un chatbot". Le dirigeant a aussi jugé que ce robot conversationnel n'était "somme toute pas excessivement innovant". "Rien de neuf sous le soleil", a-t-il conclu.