(BFM Bourse) - L'entreprise de services numériques révise à la baisse ses objectifs de croissance 2024, en marge de la publication des résultats préliminaires du premier semestre. Sopra Steria évoque, un climat d'incertitude en France mais aussi des difficultés dans le secteur aéronautique et le décalage d'un contrat majeur au Royaume-Uni.

En compagnie de l'éditeur de jeux vidéo Ubisoft et du spécialiste des technologies clés pour la fabrication de vaccins et de médicaments Sartorius Stedim Biotech, Sopra Steria déçoit aussi le marché avec un abaissement de ses perspectives de croissance.

L'entreprise de services numériques explique avoir été mise en difficulté par divers "éléments exogènes" apparus au mois de juin. Elle pointe notamment un accroissement "du climat d'incertitude" en France, provoquant un "ralentissement notable des prises de décision de [ses] clients".

La société cite aussi le décalage "temporaire" d'un contrat "significatif" au Royaume-Uni dont la contribution positive à la croissance est dorénavant prévue par Sopra Steria pour 2025.

Des conditions de marché qui se complexifient

Or, d'un point de vue géographique, la France et le Royaume-Uni sont les deux plus gros marchés de Sopra Steria, qui représentent respectivement 41% et 16% du chiffre d'affaires, selon le rapport annuel 2023 du groupe.

D'un point de vue sectoriel, le groupe subit des vents contraires venant du secteur aéronautique, qui présente à "court terme des difficultés de montée en cadence de production", ce qui pénalise les prises de commandes. Or, ce secteur a représenté 25% du chiffre d'affaires total de Sopra Steria en 2023.

Sopra Steria ne cite pas nommément le géant européen Airbus. C'est Invest Securities qui nous met sur la piste, en précisant "les difficultés d'Airbus", dans son commentaire, cités en troisième raison des déboires du groupe de services informatiques, en plus du "contexte en France" et du décalage "d’un contrat important" au Royaume-Uni.

Fin juin, l'avionneur européen avait grippé en effet le marché, en abaissant ses prévisions de livraisons, de résultat opérationnel et de cash. Airbus expliquait rencontrer des difficultés dans sa division spatiale et un regain de tensions sur sa chaîne logistique dans l'aviation commerciale.

Ce sont autant de facteurs qui entravent les ambitions de Sopra Steria, et qui ne lui permettent pas "d’envisager une augmentation significative du niveau de croissance au second semestre". "C’est surtout l’absence de rebond de la croissance organique au second semestre qui explique cet avertissement", avance Invest Securities.

Un chiffre d'affaires 2024 "à peu près stable"

Compte tenu de ces éléments adverses, la société vise donc un chiffre d’affaires "à peu près stable" en variation organique, par rapport aux 5,805 milliards d'euros de 2023..

La société anticipait jusqu'alors une croissance organique annuelle du chiffre d’affaires comprise entre 2% et 4%. Or, les projections de croissance formulées par Sopra Steria en début d'année étaient déjà considérées comme "prudentes".

Le taux de marge opérationnelle d'activité est attendu à 9,7%, soit en "ligne" avec les attentes et l'objectif annuel "entre 9,5% et 10%", annoncé en début d'année.

Sopra Steria a mis à jour ses objectifs en marge de la publication de ses résultats préliminaires pour le premier semestre. Elle prévoit de dégager un chiffre d’affaires au premier semestre 2024 de 2,95 millions d'euros, en croissance totale de 3,8% et en croissance organique de 0,3%.

Le taux de marge opérationnelle d’activité est estimé à 9,7% sur la période, ce qui traduit une augmentation de 0,9 point (0,9 point de pourcentage) sur un an. L’impact du classement des activités de Sopra Banking Software en actifs disponibles à la vente est estimé à +0,5 point (+0,2 point sur base annuelle). Sopra Steria dévoilera ses résultats définitifs du premier semestre le 24 juillet après Bourse.

A la Bourse de Paris, le titre décroche encore de 7,7% à 174,50 euros, vers 14h40 après avoir lâché plus de 10% en matinée. Dans son sillage, l'action Alten se replie de 5,3%, le groupe de R&D externalisée étant, entre autres, exposé au secteur de l'aéronautique.