(BFM Bourse) - Le dirigeant a annoncé son départ de la société iséroise spécialisée dans les matériaux de semi-conducteurs d'ici mai 2026, évoquant des "raisons personnelles". Soitec grimpe en Bourse après l'annonce du départ à venir de ce dirigeant dont l'arrivée en 2022 n'avait pas fait l'unanimité auprès du comité exécutif.

Les annonces de départs de dirigeants de sociétés cotées se multiplient ces dernières semaines pour des raisons diverses et variées. Mardi 30 septembre, le fondateur suédois de la plateforme de musique en ligne Spotify a annoncé quitter son poste de directeur général au profit d'un tandem. À la Bourse de New York où le groupe suédois est coté, l'action Spotify a reculé de 4,2% après cette annonce.

Le même jour, le constructeur automobile Stellantis a nommé un nouveau directeur financier, le troisième trois ans, après le départ de Doug Ostermann qui a démissionné de l'entreprise pour raisons personnelles.

Un peu plus tôt dans le mois, le géant agroalimentaire suisse Nestlé a débarqué son directeur général en raison d'une "relation amoureuse non déclarée avec une subordonnée directe". Ce limogeage a été suivi deux semaines plus tard, du départ de son président Paul Bulcke.

Ces bouleversements dans l'état major de sociétés cotées ne sont pas des événements exceptionnels. Dans certains cas, ces changements sont le reflet de difficultés rencontrées par le groupe en question. Et quand les performances ne suivent pas, c'est très souvent le directeur financier qui essuie les plâtres. A l'image de Soitec qui annoncé un changement de son directeur financier au mois de mai dernier.

Un départ à venir

Et cette fois-ci, le groupe isérois a pris acte ce mercredi 1er octobre de la décision de son directeur général, Pierre Barnabé, de quitter le groupe pour "des raisons personnelles".

Pierre Barnabé exercera ses fonctions jusqu'à la fin de l'exercice 2025-2026 et conservera ses responsabilités de directeur général de Soitec jusqu'au 31 mars 2026.

La nomination de l'ex-patron de la division cybersécurité d'Atos à la tête de Soitec en 2022, pour succéder à Paul Boudre, avait alors provoqué le courroux des membres du comité exécutif. Dans une lettre adressée au conseil d'administration, les dirigeants de l'époque avaient regretté "l'opacité" et "la précipitation" du processus de succession. L'action avait chuté de 18,24% le 20 janvier 2022, jour de l'annonce.

"Je reste pleinement engagé pour diriger Soitec pendant cette période de transition, aux côtés de nos équipes, pour continuer à déployer la stratégie de l'entreprise", a indiqué le dirigeant, cité dans un communiqué.

"Soitec peut désormais s'appuyer sur une base de clients et de produits diversifiée, une innovation plus créative, un outil de production flexible et une structure financière renforcée", a-t-il estimé.

"Si le conseil d'administration et Frédéric Lissalde, président de Soitec, ont chaleureusement remercié Pierre (Barnabé) pour son engagement et la qualité de son travail, les investisseurs pourraient avoir un avis différent sur la valeur de sa gestion (...), sachant que l'action Soitec a perdu 80% de sa valeur depuis sa nomination", a commenté auprès de Reuters Aleksander Peterc, analyste chez Bernstein.

A la Bourse de Paris, les investisseurs se réjouissent de ce changement. L'action Soitec grimpe de 6,6% ce mercredi 1er octobre après l'annonce de ce départ à venir de Pierre Barnabé.

Un bilan boursier peu flatteur

En effet, Pierre Barnabé quitte le navire Soitec à un moment critique pour la société iséroise, qui enchaîne les déceptions. La faute à une demande en berne du côté de l'automobile, industrie très consommatrice de puces, ainsi qu'à la faiblesse du marché des smartphones. Depuis le début de l'année, l'action perd plus de 50%. Depuis l'annonce de la nomination de Pierre Barnabé au poste de directeur général, le 19 janvier 2022, le cours de l'action Soitec a été divisé par plus de quatre. Le titre cotait alors au-dessus des 200 euros.

Et les chiffres du premier trimestre (la société étant en exercice décalé), annoncés fin juillet, illustrent encore ces difficultés. Entre avril et fin juin, les ventes de Soitec se sont effondrées de 24% sur un an, pour atterrir à 92 millions d’euros, ce qui était légèrement en dessous des attentes.

À périmètre et taux de change constants, la baisse est plus prononcée, de 16%. C'est cependant moins que redouté par la société qui tablait sur une baisse de 20% de ses revenus en données comparables.

Le ralentissement du marché automobile a encore pénalisé le segment "automobile et industrie" où les revenus se sont effondrés de 81% en données comparables, à 5 millions d'euros.

La visibilité est si faible que la société spécialisée dans les matériaux pour les semi-conducteurs a été contrainte d'abandonner en mai tous les objectifs de moyen terme qu'elle s'était précédemment fixés.

Depuis cette date, Soitec ne communique plus de perspectives annuelles et se borne désormais à formuler des objectifs trimestre par trimestre. Pour le deuxième trimestre de son exercice 2025-2026, l'entreprise a indiqué tabler sur une croissance de 50% de ses revenus en données comparables par rapport au premier trimestre.

Selon Soitec, cette reprise de l'activité sera alimentée par par la division Edge & Cloud AI, qui "devrait conserver sa forte dynamique", et par un "quasi-doublement" du chiffre d'affaires de la division communications mobiles, par rapport au premier trimestre.

La société a cependant prévenu anticiper une "forte baisse" sur un an, des revenus de la division "automobile et industrie". Son action avait alors chuté de près de 8%, le 23 juillet dernier.