(BFM Bourse) - Le géant agroalimentaire suisse a annoncé le licenciement avec effet immédiat de Laurent Freixe, en raison d'une "relation amoureuse non déclarée avec une subordonnée directe". Il sera remplacé par le Suisse Philipp Navratil, directeur général de Nespresso.
C'est un nouveau coup de tonnerre pour Nestlé qui doit se séparer de son dirigeant pour la deuxième fois en un an. Le groupe helvétique a annoncé lundi 1er septembre le licenciement avec effet immédiat de son directeur général Laurent Freixe, pour cause de "relation amoureuse non déclarée avec une subordonnée directe".
Le licenciement de Laurent Freixe intervient après une enquête interne révélant cette "relation amoureuse non déclarée", qui constitue "une infraction au code de bonne conduite professionnelle de Nestlé".
Pour le président du conseil d’administration Paul Bucke, le limogeage du dirigeant était donc une décision "nécessaire". "Les valeurs de Nestlé et une bonne gouvernance constituent les fondations solides de notre entreprise. Je remercie Laurent pour ses années de service", a-t-il fait valoir dans un communiqué.
Un départ un an jour pour jour
Arrivé chez Nestlé en 1986, Laurent Freixe avait pris les commandes de la société, le 1er septembre 2024 après l'annonce du départ de Mark Schneider fin août 2024. Le Français avait également dirigé les zones "Europe", de 2008 à 2014, puis "Amériques", et Amérique latine avant sa promotion à la tête de l'entreprise l'an dernier.
Le dirigeant sera ainsi remplacé par Philipp Navratil, patron de Nespresso depuis juillet 2024. Le géant de l'agroalimentaire rappelle que le Suisse a démarré sa carrière dans la société en 2001, et a intégré par la suite le conseil d'administration en janvier 2025.
Reste que le marché fronce quelque peu les sourcils après cette annonce. À la Bourse de Zurich, l'action Nestlé cède encore 1,1% vendredi vers 11h, après avoir ouvert en baisse de plus de 3%.
Depuis le début de l'année, la société aux 2.000 marques limite son retard à 0,6% mais sa performance sur un an en Bourse reste décevante, avec un repli de 18,2% de son titre sur un an. "Le marché n'a pas particulièrement apprécié Freixe, et les objectifs de restructuration ont également été mis en pause", a déclaré à Reuters Maurizio Porfiri, directeur des investissements de la société de négoce Maverix.
Pour les analystes de JP Morgan également cités par Reuters, ce nouveau changement à la tête de l'entreprise risque de "maintenir sous pression l''equity story' (l'histoire boursière) jusqu'à ce que le marché "en sache davantage sur le plan de Philipp Navratil".
Les analystes d'Alphavalue/Baader Helvea pensent déjà à l'après Freixe. Il estiment que l'arrivée de Philipp Navratil à la tête de Nestlé "amènera une tonalité suisse dans la thèse d'investissement, même s'il a passé une grande partie de sa carrière à l'étranger (en Amérique latine)".
"Nous apprécions également sa connaissance approfondie de la division café, qui est essentielle. Son premier poste chez Nestlé en 2001 en tant qu'auditeur interne fait de lui un bon candidat supplémentaire, étant donné que la raison du changement de PDG est présentée comme une question de gouvernance, à notre avis", abondent-ils.
Un véritable changement?
Il faut dire que Nestlé nage en eaux troubles depuis plusieurs années. Depuis la mi-2022, Nestlé a pâti d'un sévère coup de frein de sa croissance. Fin juillet, la société avait dévoilé un repli de 1,8% de son chiffre d'affaires en données publiées, ce qui s'avérait inférieur aux attentes. Mais le groupe avait malgré tout maintenu sa feuille de route pour l'ensemble de l'année.
Son rival français Danone s'en sort bien mieux, s'adjugeant 11,4% sur l'ensemble de 2025 et 14,4% sur un an, grâce au déploiement d'une stratégie mettant l'accent sur la nutrition médicale et le bien-être pour augmenter ses ventes.
Signe que les vents sont porteurs pour Danone, le groupe agroalimentaire avait livré le 30 juillet dernier une croissance supérieure aux attentes au deuxième trimestre, grâce notamment à sa division nutrition spécialisée et à une accélération de son activité en Chine. Danone avait aussi confirmé ses objectifs 2025.
Alphavalue/Baader Helvea espère que le nouveau patron de Nestlé "aura enfin l'ambition de s'attaquer aux problèmes liés aux catégories et produits", dont le bureau d'études estime qu'ils sont davantage d'ordre structurel et temporaires et liés à une mauvaise gestion". L'intermédiaire financier pointe notamment les aliments surgelés, VMS (vitamines, minéraux et compléments alimentaires), les eaux et l'alimentation infantile non premium.
"Nous pensons également que les boissons riches en sucre/calories destinées aux enfants (comme Milo, Nesquik et Nescau) ne sont pas viables à long terme, même dans les pays en développement", ajoutent-ils.
Pour Alphavalue/Baader Helvea, une réduction à grande échelle du portefeuille est nécessaire, puisque "l'industrie agroalimentaire a changé au cours de la dernière décennie et la taille et la part de marché ne suffisent plus à garantir les résultats financiers attendus par Nestlé, à savoir une croissance à un chiffre et des marges EBIT de 15 à 20 %".
A ce sujet, Nestlé avait annoncé en marge de ses performances semestrielles avoir initié un examen stratégique de ses activités en vue d'une éventuelle cession des vitamines et compléments alimentaires.
"Nous avons lancé une revue stratégique de nos marques grand public et économiques sous-performantes, notamment Nature's Bounty, Osteo Bi-Flex, Puritan's Pride et la marque de distributeur américain, qui pourrait aboutir à la cession de ces marques", avait déclaré Nestlé dans un communiqué.
Le groupe publiera ses ventes sur neuf mois le 16 octobre prochain.