par Nicolas Rialan et Yann Le Guernigou

PARIS (Reuters) - Le prix de l'augmentation de capital de 5,5 milliards d'euros prévue par la Société générale devrait présenter une forte décote par rapport au cours de Bourse car la banque, ébranlée par une fraude record d'un trader, doit à tout prix réussir son opération, estiment les analystes.

Ils évoquent ainsi des prix allant de 65 jusqu'à 50 euros, voire moins, en insistant aussi sur son caractère très fortement dilutif de cette augmentation de capital, pour laquelle la Société générale a conclu un accord de prise ferme avec deux banques américaines, JP Morgan et Morgan Stanley.

En Bourse de Paris, l'action Société générale gagne 1,98% à 77,31 euros vers 12h00.

Cette opération devrait intervenir le 21 février au plus tard, jour de la publication des résultats 2007 de la Société générale, estime-t-on sur le marché.

Un analyste d'une banque anglo-saxonne juge néanmoins que la Société générale a tout intérêt "à faire cela le plus rapidement possible".

"Le prix sera assez bas car la Société générale a intérêt à ce que cela se passe bien et JP Morgan et Morgan Stanley ne sont pas engagées sur un niveau très risqué", ajoute-t-il sous le couvert de l'anonymat, en estimant qu'il pourrait être de l'ordre de 55 euros".

Un analyste d'une autre banque anglo-saxonne, qui n'a pas non plus voulu être cité, juge que "le prix devra offrir une forte décote par rapport au cours de Bourse au vu des conditions de marché actuelles, sans cela aucune banque ne se serait engagée en prise ferme".

"On peut alors imaginer que ce sera autour de 50 euros, voire moins", dit-il.

MARCHÉS TRÈS VOLATILS

"Cette augmentation de capital aura un effet nécessairement très dilutif. La décote du prix d'émission par rapport au cours actuel ne peut être en effet que très importante", écrivent les analystes d'Oddo Securities dans une note diffusée vendredi.

L'intermédiaire, qui est à "alléger" sur le titre avec un nouvel objectif de cours de 60 euros contre 80 auparavant, avance deux raisons pour justifier une forte décote du prix d'émission des actions nouvelles.

"Avec peu de décote, et compte tenu de marchés très volatils, le risque serait grand de voir le cours de Bourse passer en dessous du prix d'émission", explique-t-il. Par ailleurs, "les deux banques garantes de l'opération (JPMorgan et Morgan Stanley) n'ont sans doute pas envie de se retrouver avec des paquets d'actions SocGen".

Oddo Securities retient en conséquence un prix d'émission de 60 euros, une opération qui créerait 92 millions d'actions nouvelles, une hausse de 20% du nombre de titres existants.

"Si l'on tient compte du placement des fonds reçus, l'opération a un effet dilutif de 15% sur le BPA (bénéfice par action) 2008 et 2008", souligne l'intermédiaire.

Natixis Securities, qui reste à "renforcer" sur le titre avec un nouvel objectif de cours de 98 euros contre 132, retient également l'hypothèse d'une émission d'actions nouvelles à 60 euros, une opération qui se traduirait par une dilution de 17% de ses prévisions de BPA pour 2008 et 2009.

CM-CIC Securities, qui reste également à l'achat avec un nouvel objectif de cours de 90 euros contre 107 euros, évoque de son côté une augmentation de capital de 60-65 euros.

UBS, qui abaissé son objectif de cours à 76 euros contre 130 et sa recommandation à "neutre" contre "achat", ne mentionne pas de prix d'émission mais parle d'un impact dilutif de l'ordre de 12%.

Société générale a annoncé jeudi qu'elle allait lancer une augmentation de capital de 5,5 milliards d'euros avec droits préférentiels de souscription. Cette augmentation de capital permettra de porter le ratio Tier 1 (en normes de solvabilité Bâle 1) à 8% après l'intégration de la banque russe Rosbank.

Cette émission est la conséquence de la perte de 4,9 milliards d'euros annoncée par la banque à la suite du débouclage de positions frauduleuses d'un de ses opérateurs et de l'impact de nouvelles dépréciations, pour deux milliards d'euros, liées à la crise des marchés du crédit.

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