(BFM Bourse) - Les salariés et anciens salariés de la Société Générale, premier actionnaire de la banque dont ils détiennent près de 10% du capital et plus de 10% des droits de vote, ont leur mot à dire. Patrice Leclerc, président de l'ASSACT SG (association des actionnaires salariés et anciens salariés de la Société Générale), répond à nos questions.
Tradingsat.com : Jugez-vous les conditions de l'augmentation de capital attractives ?
Patrice Leclerc : Elles le sont sans aucun doute pour les nouveaux investisseurs. Un petit peu moins pour les actionnaires présents depuis longtemps au capital. Le prix proposé de 47.5 euros est sensiblement inférieur aux pronostics qui le situaient aux alentours de 60 euros. Il constitue très probablement une opportunité unique d'acheter des actions Société Générale avec un coût de revient minimum.
Tradingsat.com : Les actionnaires salariés souhaitent donc participer à l'opération…
Patrice Leclerc : C'est évident. Ils en auront d'ailleurs la possibilité, puisque d'une part, une procédure est mise en place pour que le personnel puisse participer à l'augmentation de capital dans les mêmes conditions financières que tout autre actionnaire. D'autre part, la direction générale est favorable au principe d'une tranche de l'augmentation de capital réservée au personnel, dont les modalités seront prochainement dévoilées.
Tradingsat.com : Que pensez-vous des rumeurs de rapprochement de la Société Générale avec un autre établissement ?
Patrice Leclerc : Je constate que ni Crédit Agricole ni BNP Paribas ne semblent vouloir déclencher une action hostile. Ce qui me paraît sage compte tenu des incertitudes financières que toutes les grandes banques connaissent aujourd'hui. Quant à une éventuelle opération amicale, notre opinion n'a pas varié : loin de faire gagner de l'efficacité, un rapprochement avec un établissement aux procédures administratives et informatiques différentes aurait toutes les chances d'en faire perdre pendant plusieurs années.
Tradingsat.com : Vous souscrivez donc à la stratégie d'indépendance menée par Daniel Bouton…
Patrice Leclerc : On peut aussi dire que Daniel Bouton souscrit à la stratégie d'indépendance des actionnaires salariés. C'est la stratégie que nous soutenons depuis la privatisation de la banque, en 1987 ! L'ASSACT a participé activement à la défense de la Société Générale lors des deux précédentes tentatives de prise de contrôle : celle de Georges Pébereau (Marceau Investissements) en 1988, puis celle de la BNP présidée par Michel Pébereau en 1999.
Tradingsat.com : Daniel Bouton a subi certaines pressions, souhaitez-vous qu'il reste à son poste ?
Patrice Leclerc : Compte tenu de l'absence de représentativité du conseil d'administration par rapport à l'actionnariat, on ne voit pas très bien qui serait légitime pour prendre de nouvelles orientations. Daniel bouton a plusieurs défis à relever dans les semaines qui viennent. Il faut réussir l'augmentation de capital, remettre de l'ordre dans les opérations de marché, ainsi que dans la gouvernance de la banque. Ces tâches doivent être accomplies très vite et presque simultanément.
Tradingsat.com : Vous faites allusion au fait que les actionnaires salariés sont absents du conseil d'administration…
Patrice Leclerc : C'est une anomalie. En toute logique, les principaux actionnaires d'une entreprise devraient être au conseil d'administration, en particulier le premier d'entre eux. Or le conseil de la banque est très peu représentatif de la composition de son capital. Daniel Bouton a interverti les rôles des actionnaires et des conseillers. Il a placé les seconds au conseil d'administration et les premiers dans un comité consultatif, qui ne se réunit qu'épisodiquement, et bien sûr pas en temps de crise.
Tradingsat.com : Que proposez-vous pour améliorer les systèmes de contrôle de la Société Générale, dont la défaillance a conduit à la crise actuelle ?
Patrice Leclerc : Il faudrait créer un corps de contrôleurs distinct des traders. En somme, que les carrières de ceux qui interviennent sur les marchés et de ceux qui les contrôlent ne puissent pas interférer ou tout au moins qu'elles ne puissent pas évoluer du contrôle vers la table des marchés. Un autre axe de recherche serait de profiter des progrès de la technologie pour établir une traçabilité complète des opérations, du donneur d'ordre jusqu'à celui qui l'accepte, en passant par les systèmes de compensation.
Tradingsat.com : Pourquoi les actionnaires salariés ont-ils déposé une plainte contre X dans l' « affaire Kerviel » ?
Patrice Leclerc : Nous nous sommes constitués partie civile dans le cadre de la plainte que le parquet de Paris a lui-même déposé, avec pour but principal d'avoir accès au dossier. Notre association estime en effet qu'elle doit contribuer à faire la lumière sur les récents mécomptes dont sont victimes tous les actionnaires de la Société Générale et notamment ses salariés et anciens salariés.
Propos recueillis par F.B.
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