(BFM Bourse) - L'explication détaillée fournie dans le week-end par Société Générale concernant la fraude exceptionnelle dont elle a été victime ne permet pas de rassurer les investisseurs. Après avoir perdu 13% de sa valeur la semaine dernière, l'action Société Générale abandonne 4% supplémentaires à 70.9 euros, parmi les plus fortes baisses du Cac 40 lundi matin, au plus bas depuis octobre 2004.
L'établissement a publié dimanche un document décrivant les activités d'arbitrage, le mode opératoire de la fraude, les conditions dans lesquelles la fraude a été découverte, le débouclage de la position frauduleuse et les actions immédiates engagées.
Cette fraude exceptionnelle "a consisté à détourner ces contrôles des activités d'arbitrage ou à les rendre inopérants", explique la banque. Elle accuse le trader, d'avoir introduit au sein d'un portefeuille d'instruments financiers B des opérations fictives, afin de laisser croire que ce portefeuille venait bien compenser le portefeuille d'instruments financiers A qu'il avait acheté, « alors qu'il n'en était rien ».
« Les opérations fictives étaient enregistrées dans les systèmes de Société Générale mais ne correspondaient à aucune réalité économique. »
Le trader a ainsi pu dissimuler une position spéculative de grande ampleur, sans aucune mesure ou lien avec l'activité normale dont il avait la charge au sein de la banque. Pour que ces opérations fictives ne soient pas immédiatement identifiées, la Société Générale explique que « le trader s'est appuyé sur ses années d'expérience de traitement et de contrôle des opérations de marché pour déjouer successivement tous les contrôles permettant à la banque de vérifier les caractéristiques et par conséquence la réalité des opérations initiées par ses opérateurs ».
La banque précise que « le trader a réussi à détourner les contrôles en place en combinant plusieurs techniques de fraude :
- tout d'abord en donnant à ses opérations fictives des caractéristiques qui limitaient les occasions de contrôle : par exemple, il choisissait des opérations très spécifiques sans mouvement de trésorerie ou d'appel de marge et qui ne nécessitaient pas d'envoi de confirmation immédiat ; - en usurpant les codes d'accès informatiques appartenant à des opérateurs pour annuler certaines opérations ; - en falsifiant des documents lui permettant de justifier la saisie de ses opérations fictives. - en faisant en sorte que ces opérations fictives portent sur un instrument financier différent de celles qu'il venait d'annuler, afin d'augmenter ses chances de ne pas être contrôlé. »
Selon les informations de la Société Générale, la hiérarchie du trader a été alertée du problème le 18 janvier, entraînant la constitution immédiate d'une équipe pour investiguer. Le dimanche 20 janvier, en début d'après-midi, « l'exposition totale de l'ensemble des positions est entièrement connue », affirme la banque. Daniel Bouton avertit alors immédiatement le Gouverneur de la Banque de France, puis le Secrétaire Général de l'AMF.
Le lundi 21 janvier débute le débouclage de la position frauduleuse « dans des conditions de marchés particulièrement défavorables ». Le Conseil d'administration est convoqué le mercredi 23 janvier, date à laquelle la position a été close et où il a été complètement informé des faits et de leurs conséquences. Jeudi 24 janvier, avant l'ouverture des marchés, l'existence de la fraude et ses conséquences sont communiquées au marché.
La Société Générale explique que la position frauduleuse découverte le dimanche 20 janvier s'élève à environ 50 milliards d'euros de nominal équivalent. « La position a été débouclée en trois jours suivant un mode opératoire contrôlé, qui a conduit Société Générale à ne pas dépasser environ 8% des volumes traités sur les indices futures concernés (EUROSTOXX, DAX et FTSE) », explique la banque. La position a été complètement fermée ou couverte le 23 janvier au soir. Au total, l'évolution défavorable des marchés, amorcée par la forte baisse des bourses asiatiques dans la nuit du 20 au 21 janvier a porté la perte finale totale à 4.9 milliards d'euros.
Suite à cette fraude, des actions immédiates ont été engagées. La banque indique avoir mis en place des procédures de contrôle spécifiques "afin de rendre inopérantes les techniques de contournement des contrôles imaginées par le trader". Elle prévoit également le lancement de "contrôles supplémentaires".
Recevez toutes les infos sur SOCIETE GENERALE en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email