par Juliette Rouillon
PARIS (Reuters) - L'annonce jeudi d'une fraude colossale à la Société générale fragilise les positions de la deuxième banque française et relance les spéculations sur une fusion avec une autre banque hexagonale comme la BNP, son éternelle rivale, estiment des analystes et des intervenants sur le marché.
Même affaiblie, Société générale, qui ne pèse aujourd'hui guère plus de 35 milliards d'euros en terme de capitalisation boursière, devrait également attirer la convoitise de nombreuses banques européennes comme de fonds souverains de pays émergents, estiment-ils.
Le titre SocGen, malmené depuis plusieurs semaines en raison de la crise financière, a perdu près d'un quart de sa valeur depuis le début de l'année et plus de la moitié depuis son plus haut de 162,79 euros touché le 20 avril 2007.
"On pense forcément à un adossement", commente Pierre Flabbée, analyste chez Landsbanki Kepler. "C'était la banque française que l'on considérait opéable. Si elle est affaiblie, elle apparaît encore plus comme une cible", ajoute-t-il.
Les fonds souverains de pays émergents, qui gèrent au total 2.000 milliards de dollars d'actifs, sont récemment venus à la rescousse de grandes banques comme Citigroup, Merrill Lynch ou Morgan Stanley en rachetant une partie de leur capital. Certains les voient comme des sauveteurs, d'autres comme une menace.
Mais selon les analystes et intervenants, les autorités françaises préfèreront une solution nationale et paradoxalement, BNP-Paribas, la grande rivale de la Socgen, pourrait être appelée à jouer le rôle de "chevalier blanc".
Entre février et août 1999, la Société générale, la BNP et Paribas avaient été les protagonistes d'une intense bataille boursière pour la création d'un géant bancaire français et international, dont SG était ressortie indépendante.
"La banque est fragilisée et elle ne se paye pas cher; cela pourrait attirer tout le monde - Unicredit, Deutsche Bank ou Barclays - et des fonds souverains, pourquoi pas ?", estime Pierre Chédeville, analyste chez CM-CIC Securities.
"Mais les autorités françaises ne donneraient pas leur aval et pourraient chercher une solution françaises avec BNP Paribas par exemple, même si (son président) Baudouin Prot a récemment déclaré qu'il n'était pas intéressé", estime Pierre Chédeville.
Lors d'une conférence téléphonique, Daniel Bouton, P-DG de la Société générale a déclaré que ce "terrible accident" ne modifiait pas la stratégie de la banque qui a, selon lui, les moyens de continuer "seule".
En début d'année, Nicolas Sarkozy a déclaré à la presse que la France ne se laisserait pas faire face à la montée en puissance des fonds spéculatifs et des fonds souverains.
Pierre Flabbée estime lui aussi qu'une solution française serait privilégiée, mais pense que BNP Paribas n'est pas la seule banque hexagonale à pouvoir fusionner avec SocGen.
"Si les actionnaires pensent que SocGen est durablement affaiblie, on cherchera une solution française", dit-il, évoquant aussi les Banques populaires et les Caisses d'épargne.
Cependant, les intervenants interrogés considèrent qu'une telle fusion sera retardée par les nombreuses incertitudes qui entourent l'avenir de l'économie, du secteur et de la banque.
"Si ça se fait, ça se fera à froid et pas dans les quinze jours", dit-il, évoquant la crise des marchés du crédit, le scénario macro-économique et la capacité de la banque à se relever de ce mauvais coup porté à ses comptes et sa réputation.
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