PARIS (Reuters) - Le président de la Société générale, Daniel Bouton, a déclaré que sa banque avait subi un choc mais qu'elle allait le surmonter rapidement.
Dans une interview à paraître samedi dans Le Figaro et publiée vendredi soir sur le site internet du journal, il indique qu'il était "en état de choc" lorsqu'il a découvert l'ampleur de la fraude dont sa banque a été victime, tout en soulignant que sa stratégie n'était pas remise en cause.
"Nous avons subi un choc mais nous allons le surmonter ensemble", dit-il en soulignant que les agences de notation, dont le rôle est d'apprécier la solidité des banques, "n'ont dégradé la banque que d'un cran, avec une perspective stable. Ce qui signifie que nous sommes notés de la même façon qu'il y a deux ans seulement".
Interrogé sur le fait que l'opinion a du mal à croire que cette fraude, dont l'impact est de 4,9 milliards d'euros, ait pu être le fait d'un seul trader et que certains estiment que la Société générale aurait "noyé dans la masse des pertes réalisées de son fait", Daniel Bouton répond :
"J'étais dans le même état de choc quand j'ai moi-même découvert l'ampleur du sujet. Mais réfléchissons ! Nous aurions transféré dans un trou nouveau des pertes provenant d'un autre trou ? Cela ne tient pas debout, ni techniquement ni comptablement".
De même, il juge "absurde" que l'on reproche à la Société générale d'avoir provoqué la chute des marchés lundi en liquidant les importantes positions acheteuses accumulées par son trader.
"INCENDIE VOLONTAIRE"
"Ce sont les Bourses asiatiques qui ont donné le «la» de la journée de lundi. Chacun pourra calculer notre contribution dans le marché de ces derniers jours. En l'occurrence, nous en avons absolument respecté l'intégrité en demeurant dans la norme admise qui veut qu'un établissement ne peut à lui seul intervenir sur plus de 10% d'un marché donné", dit-il.
Prié de dire pourquoi le conseil d'administration de la banque avait refusé sa démission, il répond :
"Ce qui est arrivé à la Société générale n'a rien à voir avec une catastrophe qui aurait été le fait de notre stratégie, telle qu'elle a toujours été approuvée par le conseil d'administration. Cela n'est pas non plus le fruit d'une appréciation totalement fausse de nos risques.
"Cela s'apparente à un incendie volontaire, qui aurait détruit une grosse usine d'un groupe industriel. Le conseil a donc considéré que ma démission n'était pas souhaitable, et qu'il me fallait remettre la banque sur les rails".
Pour lui, cela se fera "très vite".
"Le modèle de la Société générale n'a absolument pas été atteint, ni été contesté. Les profits qui ont été générés depuis dix ans par nos activités de marché, ainsi que ceux de la banque de détail, ont été utilisés pour développer des activités de banque classique notamment dans les pays de l'Est. Ce succès va se poursuivre. L'expansion continue. Le 11 février prochain, nous prendrons ainsi le contrôle du deuxième réseau de banque de détail russe, Rosbank", dit-il encore.
A la question de savoir s'il ne craignait pas qu'une OPA hostile soit lancée contre sa banque à court terme, Daniel Bouton répond : "Ce ne serait pas la première fois depuis 1987".
Yann Le Guernigou
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