PARIS (Reuters) - L'action Société générale reste portée vendredi par la spéculation autour d'une offre éventuelle d'achat.

"Le cours va être soutenu dans les jours qui viennent. La spéculation va bon train. C'est sûr que tout le monde bancaire en Europe regarde le dossier", dit un responsable dérivés actions d'un grand courtier international qui estime que le marché spécule aujourd'hui sur une offre autour de 100 euros.

Un article des Echos selon lequel le Crédit agricole a mandaté deux banques, Lazard et sa filiale Calyon, pour étudier l'éventualité, a relancé la spéculation.

Jeudi, BNP Paribas avait confirmé étudier le dossier tout en soulignant qu'elle "y réfléchit simplement parce que toute l'Europe bancaire y réfléchit".

Mais, selon une source proche du dossier, BNP Paribas, contrairement à la banque verte et à ce qu'ont rapporté Les Echos ce vendredi, n'a pas mandaté de banques pour la conseiller.

Vers 12h20, l'action SocGen, qui a gagné plus de 17% depuis lundi sur des rumeurs d'offre, était en hausse de 4,12% à 86,63 euros tandis que le CAC 40 progressait de 1,68%. BNP Paribas perdait 1,23% et Crédit agricole évoluait peu (+0,15%).

La banque verte n'a fait aucun commentaire sur l'information des Echos.

"On est passé dans la 2e phase, boursière, de l'affaire de la Société générale, maintenant que les enquêtes diverses sont en cours et que Société générale a soldé la position et pris ses pertes", explique le responsable dérivés.

Le trader Jérôme Kerviel, qui a accumulé des positions sur contrats d'indices équivalentes à 50 milliards d'euros en déjouant les contrôles de la banque par des opérations fictives, a été mis en examen pour faux, usage de faux, abus de confiance simple et introduction dans un système de traitement automatisé de données.

Cela a conduit la 2e banque française à subir une perte colossale de 4,9 milliards d'euros après le débouclage de positions.

UNE SG INDÉPENDANTE, UN MIEUX POUR PARIS

"Il est certain que des gens comme Barclays, qui n'a pas pu mettre la main sur ABN Amro, s'intéressent aussi au dossier. Rien n'exclut que des banques s'allient pour se partager les métiers de la Générale", dit le responsable.

Plusieurs scénarios sont évoqués parmi les analystes, celui d'une acquisition par BNP Paribas étant le plus souvent cité. Mais, ils soulignent les importants doublons qu'il y aurait dans la banque de financement et d'investissement (BFI).

Un rachat de 100% de SocGen par BNP se traduirait par un "bain de sang social" dans le pôle BFI, dit un intervenant.

D'autres évoquent l'hypothèse d'une reprise par la BNP de la seule activité banque de détail et d'une reprise de la BFI par Crédit agricole ou par un banque étrangère même si le gouvernement privilégierait une solution française.

"Rien n'empêche Société générale de rester indépendante et c'est la solution qui semble avoir la préférence du gouvernement", dit le responsable de la banque américaine en écho aux déclarations du porte-parole de l'Elysée.

Le rachat de la Société générale est "une question de principe qui ne se pose pas", avait dit jeudi David Martinon. "A notre connaissance, la Société générale n'est pas contrainte de s'adosser", avait-il ajouté.

Cependant, le Premier ministre François Fillon a déclaré vendredi qu'il n'oppose son veto à aucune solution et que "le gouvernement n'a pas de préférence", sauf qu'il veille "à ce que les intérêts des salariés, les intérêts économiques de notre pays soient préservés".

Plusieurs professionnels soulignent que l'affaire Société générale a porté un coup à la place financière de Paris et estiment que la disparition d'un acteur comme la SocGen, numéro un mondial des dérivés actions et intervenant réputé sur les marchés financiers en général, ne ferait qu'affaiblir davantage la place.

Le responsable de la banque américaine rapporte qu'il n'a pas vu de "'trades' significatifs en dérivés sur Société générale".

Raoul Sachs Le titre Société générale reste portée vendredi par la spéculation autour d'une offre éventuelle d'achat. Vers 12h20, l'action, qui a gagné plus de 17% depuis lundi sur des rumeurs d'offre, était en hausse de 4,12% à 86,63 euros tandis que le CAC 40 progressait de 1,68%. BNP Paribas perdait 1,23% et Crédit agricole évoluait peu (+0,15%). /Photo prise le 24 janvier 2008/REUTERS/Benoît Tessier

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