par Nicolas Rialan
PARIS (Reuters) - L'action Société générale chute fortement lundi en Bourse, victime de la crainte du caractère fortement dilutif de l'augmentation de capital à venir et du sentiment que les perspectives de la banque sont durablement dégradées.
Les professionnels soulignent également que la possibilité d'une offre sur Société générale est faible pour l'instant, ce qui enlève un soutien potentiel au titre.
L'action perd 7,61% à 68,25 euros vers 12h00. Le total des pertes depuis le début de l'année dépasse 31%. Le CAC 40 recule de 2,15% au même moment et l'indice DJ Stoxx des bancaires de 2,28%.
La capitalisation de Société générale chute à 31 milliards d'euros environ et passe pour la première fois sous celle du Crédit agricole, cette dernière dépassant 33 milliards d'euros.
"Le titre est shorté dans la perspective de l'augmentation de capital. Comme on parle d'un émission de 50 à 65 euros par action, on va se rapprocher de ce niveau", commente un vendeur sur le marché.
Les analystes estiment que le prix de l'augmentation de capital de 5,5 milliards d'euros prévue par la Société générale devra présenter une forte décote par rapport au cours de Bourse car la banque doit à tout prix réussir son opération. Ils évoquent ainsi des prix allant de 50 à 65 euros, voire moins, en insistant aussi sur le caractère très fortement dilutif de cette augmentation de capital.
Cette perspective est la principale raison, avec l'accroissement à 6% de la prime de risque appliquée au titre invoquée par WestLB lundi matin, pour justifier l'abaissement de son objectif de cours pour Société générale à 78 euros contre 140 euros et de sa recommandation à "conserver" contre "acheter".
Les professionnels excluent pour l'instant toute offre sur Société générale en raison de l'opposition probable du gouvernement à toute offre étrangère ou encore à cause des conditions prévalant sur les marchés du crédit.
"Les déclarations du gouvernement sont assez claires", souligne-t-on sur le marché en faisant référence à celles, dimanche, de Henri Guaino, le conseiller de Nicolas Sarkozy.
Ce dernier a laissé entendre que l'Etat pourrait intervenir si "un prédateur" cherchait à profiter de la situation.
SG RESTE CHÈRE
Citigroup, qui a également abaissé ce matin sa recommandation sur Société générale à "vendre" contre "achat", souligne de son côté qu'"au moins à court terme, la possibilité pour un prétendant de dépenser 35 milliards d'euros ou plus pour une banque française paraît peu probable compte tenu des difficultés prévalant sur les marchés du crédit (sans même évoquer les obstacles politiques)".
Oddo Securities juge également "peu crédible" une offre à court terme.
L'intermédiaire souligne que les "bids hostiles se terminent mal, en général" dans le secteur bancaire et que les capitalisations boursières des banques susceptibles d'être intéressées par Société générale ont également beaucoup baissé, rendant difficile une offre en titres.
"(...) Dans la mesure où n'importe quelle banque qui voudrait s'offrir la SocGen serait obligée de payer en titres (contrainte du Tier One), le pouvoir d'achat des candidats potentiels a donc aussi beaucoup baissé, un peu moins en relatif, mais beaucoup tout de même", soulignent les analystes bancaires d'Oddo dans une note diffuée ce jour.
Oddo estime aussi que la valorisation actuelle de la Société générale n'est pas forcément attractive, ce qui rejoint le sentiment largement répandu sur le marché que les difficultés de la banque sont durables.
"Le cours de Bourse n'est pas aux niveaux actuels du fait d'un trader fou, mais bien parce que les perspectives de la banque, notamment dans la Banque de Financement et d'investissement, ont été dramatiquement modifiées depuis quelques mois", souligne Oddo. "En ce sens, faire une offre sur la Société générale aujourd'hui ne représente pas une opportunité de se développer à bas prix", ajoute l'intermédiaire.
Citigroup, qui a ramené son objectif de cours à 65 euros contre 130 euros auparavant, insiste également sur le caractère durable de la crise de la Société générale.
"Nous ne pensons pas que la crise sera ponctuelle, l'activité de banque de financement et d'investissement (24% des bénéfices du groupe) va être sévèrement affectée dans un avenir prévisible", explique l'intermédiaire qui a en conséquence réduit de quelque 50% ses prévisions de résultats pour l'activité BFI en 2008 et 2009, et de 31% et 36% ses prévisions de bénéfice par action pour ces exercices.
Nicolas Rialan
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