(BFM Bourse) - Le spécialiste des matériaux de construction a encore tiré son épingle du jeu en 2024, avec une marge d'exploitation record de 11,4%. La société a fait montre de prudence pour 2025, mais les commentaires de son directeur général, Benoît Bazin, ont a priori convaincu le marché.
La constance de Saint-Gobain mérite d'être saluée. Sur les dernières publications du spécialiste des matériaux de construction, son action a presque toujours bien réagi. Une exception notable a eu lieu il y a un an, lorsque la société avait livré ses résultats 2023.
Cette fois, le doyen des groupes du CAC 40 - ses origines remontent au XVIIe siècle sous Louis XIV - n'a pas déçu à l'occasion de la publication de ses comptes de l'exercice 2024.
Alors que le CAC 40 est mal orienté (-0,4%), ce vendredi 28 février, et que les sociétés ayant publié des résultats sont durement sanctionnées (Teleperformance perd 7,7%, Valeo chute de 12,5%, Forvia plonge de 18%, Nexity s'effondre de 19%), Saint-Gobain tire son épingle du jeu.
Son titre progresse de 1,3% vers 15h30, signant la deuxième plus forte hausse du CAC 40.
Saint-Gobain a publié des résultats globalement en ligne avec les attentes au titre de 2024. Sur le seul quatrième trimestre ses revenus ont reculé de 2,7% en données comparables, "pile en ligne" avec le consensus, souligne Stifel.
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Marge record
Le directeur général de la société, Benoît Bazin, a précisé aux analystes que, retraité du nombre de jours travaillés, le quatrième trimestre avait montré une amélioration des volumes par rapport au troisième. Notamment en Allemagne et au Royaume-Uni.
Sur l'ensemble de l'année, Saint-Gobain a dégagé des revenus de 46,57 milliards d'euros, en baisse de 2,9% en données publiées et de 3,6% en données comparables. Cette baisse s'explique essentiellement par le repli des volumes (avec un impact de trois points de pourcentage sur l'année), lui-même dû à un marché de la construction encore difficile dans de nombreux pays. Notamment en Europe, une région qui compte pour plus de 50% des revenus de l'entreprise. Les revenus de la zone "Europe-Moyen-Orient-Afrique" ont ainsi reculé de 7,6% en 2024 avec un impact des volumes de 6,3 points de pourcentage.
Face à ce contexte encore difficile, Saint-Gobain a soigné sa rentabilité. Le groupe a dégagé un résultat d'exploitation en hausse de 1% à 5,3 milliards d'euros et a signé une marge d'exploitation record de 11,4%, contre 11% en 2023. Ces chiffres sont un tout petit peu supérieurs aux attentes, le consensus se situant autour de 5,25 milliards d'euros pour le résultat d'exploitation et à 11,3% pour la marge.
Ce qui a été permis par des efforts sur les coûts. Malgré de légères baisses de prix (-0,6%), la société indique avoir réalisé un "spread prix-coûts" positif sur l'année.
Le bénéfice net a lui progressé de 6,6% à 2,67 milliards d'euros.
Une cible de rentabilité prudente
À l'issue de cette publication, Saint-Gobain a annoncé viser une marge d'exploitation "supérieure" à 11% en 2025 et a indiqué qu'il tiendrait une journée dédiée aux investisseurs le 6 octobre prochain.
Stifel note que la perspective de marge est inférieure aux attentes, logées à 11,7% pour 2025, et juge que cette cible est "trop prudente".
"Le titre pourrait marquer le pas après une publication 2024 globalement en ligne et une guidance (perspective) insuffisante pour entrainer une révision à la hausse des attentes", note de son côté Oddo BHF, dans une note publiée avant l'ouverture de la Bourse.
Toutefois le courtier ajoute que "le titre pourrait rebondir à mesure que la direction dévoile des éléments de guidance 2025".
Bien vu. L'action Saint-Gobain, qui avait ouvert en baisse de plus de 1,2%, s'est assez vite retournée et a gagné jusqu'à 3,2% en début de séance, au fur et à mesure que ses dirigeants donnaient plus de précisions sur ses perspectives pour l'année en cours.
"Il semble que le discours de Benoît Bazin a convaincu les investisseurs", note un analyste. "Par ailleurs, le groupe avait déjà donné des perspectives de marges prudentes en début d'année dernière et on s'est aperçu par la suite que la société avait été prudente. Les investisseurs ont peut-être également pris conscience de cela", ajoute-t-il.
Durant la conférence avec les analystes, Benoît Bazin a précisé que la société attendait des volumes "stables ou en légère hausse sur l'ensemble de 2025".
Saint-Gobain anticipe plus exactement un impact des volumes encore "légèrement négatif" au premier semestre, en particulier au premier trimestre à cause de la France, avant une reprise au second, notamment en Europe. Ce rebond des volumes attendu en Europe donnera davantage de levier opérationnel à la société, a ajouté le dirigeant. Ce qui devrait se traduire par une meilleure rentabilité.
Pas d'inquiétudes sur les droits de douane
Benoît Bazin a ajouté que l'entreprise entendait encore réaliser un "léger" spread "prix-coûts" positif, c'est-à-dire que la variation des coûts sera inférieure à celle des prix. Le directeur général a notamment indiqué que plusieurs hausses de prix ont été passées en début d'année dans différents segments et pays (notamment dans les activités de toiture).
"Nous sommes encore ambitieux sur les marges", a-t-il ajouté, répétant que le taux de marge d'exploitation de 11% était un "plancher", c'est-à-dire un minium absolu, pour 2025.
Interrogé sur l'impact potentiel des surtaxes douanières qui risquent d'essaimer un peu partout dans le monde, Benoît Bazin a indiqué qu'il n'attendait rien de "significatif".
Le dirigeant a expliqué que Saint-Gobain était une société qui opérait pour une clientèle locale avec une organisation par régions. "Nous avons 125 sites aux États-Unis, 37 sites au Canada, nous sommes numéro 1 aux États-Unis, numéro 1 au Canada (…) nous somme bien positionnés, nos produits ne voyagent pas, nos clients sont locaux, je ne suis pas inquiet", a-t-il développé.
Stifel a reconduit son opinion à l'achat sur l'action. "Le titre répond à toutes nos préférences, sa forte exposition au logement et à l'Europe pouvant entraîner une croissance des volumes supérieure aux attentes", explique le bureau d'études.
"Nous restons globalement convaincus que les changements des dernières années ne sont pas encore intégrés à leur juste valeur (green deal, profil ESG durable, pricing power fort, changement du profil du groupe via des acquisitions et nouvelles cessions emblématiques)", abonde Oddo BHF.
"La performance de Saint-Gobain en 2024 renforce sa capacité à bien fonctionner dans un environnement de demande mixte. La discipline tarifaire, la maîtrise des coûts et le positionnement stratégique du portefeuille de la société - en particulier son expansion sur des marchés à forte croissance comme l'Inde, l'Amérique du Nord et le Mexique - devraient continuer à soutenir la résilience", explique de son côté le bureau d'études indépendant Alphavalue.
"Cependant, le rebond de la construction en Europe reste un facteur clé pour débloquer une nouvelle dynamique de croissance", ajoute-t-il.
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