Connexion
Mot de passe oublié Pas encore de compte ?

RENAULT

RNO - FR0000131906 SRD PEA PEA-PME
34.970 € +0.60 % Temps réel Euronext Paris

Renault : La Bourse ne pleure guère l'abandon de la cotation d'Ampere par Renault

mardi 30 janvier 2024 à 11h33
Renault a renoncé à Ampere

(BFM Bourse) - Le constructeur au losange a renoncé à introduire en Bourse sa filiale dédiée aux technologies électriques et aux logiciels embarqués. De l'avis unanime des analystes, il ne s'agit pas d'une mauvaise nouvelle pour les actionnaires.

Luca de Meo a choisi le pragmatisme plutôt que d'aller aveuglément au bout d'une idée qui n'enchantait guère le marché.

Le directeur général de Renault avait mis du sien pour défendre l'introduction en Bourse d'Ampere, filiale du groupe au losange dédiée aux véhicules électriques et aux logiciels embarqués. Renault comptait conserver la majorité de cette filiale, tout en ouvrant le capital à des minoritaires, dont Nissan (jusqu'à 600 millions d'euros) Mitsubishi (jusqu'à 200 millions d'euros) ou encore le groupe américain Qualcomm.

Mais le constructeur automobile a dû se résigner lundi soir à annoncer au marché qu'il abandonnait ce projet de cotation lancé en 2022 et censé cristalliser la valeur du joyau de Renault, son vaisseau amiral dans l'électrique. "Il n'aurait pas été totalement responsable d'être aveugle et de ne pas regarder de côté" pour se rendre compte que l'opération n'aurait pas tenu ses promesses, a expliqué Luca de Meo aux journalistes et aux analystes.

>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading

La fenêtre de tir était passée

Deux raisons ont été invoquées par le directeur général pour expliquer ce renoncement: les conditions de marché non satisfaisantes et le fait que Renault génère désormais bien plus de trésorerie qu'il y a deux ans, lorsque Renault avait lancé le projet. Sur le second point, on peut objecter que Renault était probablement déjà conscient de cette trajectoire plus robuste il y a quelques mois, lorsqu'il avait organisé une journée investisseur dédiée à Ampere en novembre.

Difficile, par contre, de donner tort à Luca de Meo sur les conditions de marché. Depuis que Renault a lancé l'introduction en Bourse d'Ampere, l'appétit des investisseurs pour les acteurs purement électriques est bien retombé. Et le marché doute de plus en plus des perspectives et surtout de la rentabilité de cette technologie, au vu de la concurrence accrue des acteurs chinois. La chute de Tesla en Bourse (-23% depuis le début de l'année) atteste au moins en partie de cette dégradation du marché.

En conséquence, la valorisation que souhaitait Renault pour Ampere, c'est-à-dire entre 8 milliards et 10 milliards d'euros pour 100% du capital, était probablement hors de portée, et plusieurs analystes avaient émis des doutes sur cette fourchette.

"La fenêtre de tir pour cette opération c'était il y a deux ans, là Ampere était devenue une 'show me story' (une histoire boursière qui nécessite des preuves de crédibilité, NDLR)", estime un intermédiaire financier parisien pour qui "Luca de Meo a eu raison" de ne pas aller au bout du projet.

De la dilution en moins

A vrai dire, le marché ne regrette guère Ampere. A la suite de l'annonce de l'abandon de la cotation de cette filiale, l'action Renault a bondi de près de 5% dans les premiers échanges avant, certes, de revenir sur terre. Le titre prend tout de même encore 0,2% vers 10h40 alors que l'indice sectoriel Stoxx Europe 600 Automobiles & Parts est en baisse au même moment.

"Les investisseurs ne comprenaient pas vraiment le rationnel derrière cette introduction en Bourse. La stratégie et le positionnement de Renault n’en seront pas affectés, c’est donc une annonce globalement positive même si cette opération comportait son lot d’éléments positifs comme la levée de fonds supplémentaires. L'IPO (introduction en Bourse, NDLR) d'Ampère était aussi perçue comme un potentiel catalyseur pour le groupe avec un pure player électrique et un multiple PE (cours de l'actions rapporté aux bénéfices attendus, NDLR) plus élevé", développe Adrien Brasey, analyste chez le bureau d'études indépendant AlphaValue.

"Ce renoncement est logique, les valorisations du marché sont mauvaises. Autant les investisseurs aiment Ampere à proprement parler, autant ils n'aimaient pas l'IPO (l'introduction en Bourse)", note un analyste basé à Londres. Cet expert souligne que l'absence d'introduction en Bourse évite une dilution des actionnaires de Renault sur la valorisation des activités électriques. "A partir du moment où vous faites cette introduction en Bourse, vous créez des intérêts minoritaires et diluez donc les actionnaires de référence de Renault par rapport à la valeur future d'Ampere", ajoute-t-il.

Cette dilution ne surviendra donc pas ou à un niveau bien moindre. Le directeur financier, Thiery Piéton, a expliqué que les accords d'investissement dans Ampere de la part de Nissan et Mitsubishi comportaient une clause prévoyant la possibilité qu'Ampere ne soit pas coté. Ce qui n'est pas le cas avec l'américain Qualcomm. Mais de toute façon Renault discutera avec chacun de ces trois investisseurs potentiels, a expliqué le dirigeant.

"Nous soupçonnons que les participations (de Nissan et Mitsubishi) ne sont plus nécessairement figées dans le marbre", écrit Stifel.

"La dilution potentielle par des partenaires extérieurs a été le principal obstacle pour (l'histoire boursière de long terme de) Renault, et la probabilité croissante que Renault conserve 100%" d'Ampere devraient être bien accueillies par les investisseurs, poursuit Stifel qui juge que l'abandon de l'introduction en Bourse représente "un soulagement".

"Une distraction de moins" pour la direction

"D'autres problèmes se posaient comme la cristallisation de valeur. On a vu avec l'introduction en Bourse de Porsche par Volkswagen que le transfert de valeur se faisait de la maison-mère vers la filiale et donc l'action Renault aurait probablement pâti de cette opération", ajoute l'intermédiaire financier parisien précédemment cité.

"L'autre problème c'est la structure: Renault est un groupe automobile qui ne dégage que 50 milliards de revenus et veut se diviser en cinq divisions avec, en plus, une cotée. Cela faisait beaucoup quand même, ça passe chez une société comme Volkswagen mais Renault...", ajoute-t-il.

Stifel évoque également "une distraction de moins" pour la direction de Renault, avec l'abandon de cette cotation, ce qui permettra à la société de davantage se focaliser sur l'opérationnel.

"Bien que l'annulation de l'introduction en Bourse envoie un signal mitigé, nous ne pensons pas qu'elle modifiera sensiblement l'opinion des investisseurs sur l'equity story (l'histoire qu'une société raconte au marché pour lui plaire, NDLR) de Renault", tranche de son côté UBS.

Au final, l'abandon d'Ampere montre combien le marché et les observateurs peuvent changer leur fusil d'épaule en deux années. Ce que Luca de Meo n'a pas manqué de pointer, évoquant un "enfantillage".

"Il y a deux ans, tout le monde nous disait que si nous ne devenions pas 100% électrique nous deviendrons un groupe de zombies dans 10 ans et maintenant tout le monde nous dit que nous ne devons pas faire de l'électrique à cause de la rentabilité, d'autres trucs, etc.'", a-t-il taclé

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
Vous suivez cette action ?

Recevez toutes les infos sur RENAULT en temps réel :

Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse


Par email

Forum suspendu temporairement
Portefeuille Trading
+336.70 % vs +57.27 % pour le CAC 40
Performance depuis le 28 mai 2008

Newsletter bfm bourse

Recevez gratuitement chaque matin la valeur du jour