(BFM Bourse) - Pénalisé par la Chine, le groupe premium allemand a été contraint de sabrer sa prévision de rentabilité pour 2024. Cette annonce plonge l'ensemble du compartiment automobile européen dans le rouge.
Ce mois de septembre voit s'enchaîner une série ahurissante de mauvaises nouvelles pour l'automobile allemande.
Ce vendredi, Mercedes-Benz a rallongé la liste, en passant un lourd avertissement sur résultats. Le groupe premium allemand prévoit désormais de dégager une marge opérationnelle de 7,5% à 8,5% en 2024, contre une précédente fourchette de 10% et 11%. Ce qui implique une marge de seulement 6% au second semestre. Le résultat opérationnel, en valeur, sera nettement inférieur à son niveau de 2023, a également prévenu le groupe allemand.
Par ailleurs, la génération de flux de trésorerie des activités industrielles est désormais attendue à un montant "significativement inférieur" à celui de 2023 alors que Mercedes comptait précédemment le faire "légèrement" progresser.
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La faute à la Chine
Mercedes-Benz a très clairement imputé cet avertissement à la mauvaise conjoncture chinoise, la Chine représentant 17% de ses revenus en 2023.
"Cette situation a été provoquée par une nouvelle détérioration de l'environnement macroéconomique, principalement en Chine. La croissance du PIB en Chine a perdu de sa vigueur en raison d'une consommation plus faible et de la poursuite du ralentissement du secteur immobilier", a expliqué le constructeur.
"Cette situation a affecté le volume global des ventes en Chine, y compris les ventes dans le segment haut de gamme. Dans l'ensemble, le mix des ventes au second semestre 2024 devrait rester inchangé par rapport au premier semestre, et donc plus faible qu'initialement prévu", a développé l'ex-Daimler Group.
La société a également estimé, plus largement, que l'intensité concurrentielle sur les prix se poursuivrait sur le second semestre.
"L'abaissement des perspectives n'est pas une grande surprise pour nous. Toutefois, nous pensons qu'il s'agit d'un élément négatif supplémentaire en raison de l'ampleur de l'avertissement et du fait que le sentiment (du marché, NDLR) à l'égard de Mercedes avait été plus positif", commente Stifel.
"Bien que certains investisseurs aient anticipé un avertissement de la part de Mercedes, nous considérons toujours cette nouvelle comme une surprise, en particulier compte tenu de l'ampleur et de l'absence de commentaires de mise en garde avant l'annonce d'aujourd'hui", abonde Royal Bank of Canada.
Un secteur proche de la capitulation
A la Bourse de Francfort, Mercedes-Benz plonge, chutant de 7,4% en milieu de matinée. Le groupe premium entraîne dans son sillage BMW (-3,3%) et Volkswagen (-2,5%). A Paris, Stellantis et Renault, qui n'ont pourtant qu'une présence limitée en Chine pour le premier et nulle pour le second, abandonnent respectivement 2,6% et 2,1%.
C'est que cette nouvelle annonce négative peut inciter les investisseurs à vendre la totalité du compartiment automobile européen.
La semaine dernière, BMW avait déjà passé un avertissement sur résultats, quelques jours donc avant Mercedes. Le groupe bavarois citait alors des problèmes sur un système de freins livré par Continental et évoquait des marchés chinois et américains en berne. Renault, qui est absent de ces deux derniers marchés, avait été sanctionné par le marché à la suite de l'avertissement de BMW.
"Cette annonce s'ajoute à une longue liste de mauvaises nouvelles pour le secteur et peut pousser certains investisseurs sortir complètement de l'auto en attendant que le cycle baissier se termine", avait alors expliqué à BFM Bourse Adrien Brasey, analyste chez le bureau d'études indépendant AlphaValue.
Les groupes allemands sont particulièrement en difficulté sur la Chine. Michael Foundoukidis, analyste chez Oddo BHF, explique que ce marché est "en pleine transformation". "Ceci affecte essentiellement les constructeurs allemands qui y réalisaient une part importante de leurs résultats y perdent désormais beaucoup de parts de marché dans le segment en croissance de l’électrification tout en subissant une véritable guerre des prix", développe l'expert.
L'automobile allemande connaît un septembre noir. Outre les avertissements sur résultats de BMW et Mercedes-Benz, Volkswagen a, au début du mois, révélé envisager une cure d'austérité sans précédent, avec de potentiels licenciements et fermetures de sites à la clef.
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