(BFM Bourse) - Les deux groupes japonais discutent actuellement pour fusionner, selon le média japonais Nikkei. Pour Renault un tel attelage aurait plusieurs vertus. Notamment celui de faciliter des ventes futures d'actions Nissan de la part du groupe au losange.
Plus de trois années après la création de Stellantis, né du mariage entre Fiat Chrysler et Peugeot SA, un autre géant automobile pourrait le voir le jour via une fusion.
Mardi soir, le quotidien japonais des affaires Nikkei a rapporté que le constructeur Nissan et son rival domestique Honda allait "entrer en négociations" en vue d'une telle opération. Les deux groupes pourraient prochainement signer un protocole d'accord ("memorandum of understanding"), selon les sources proches citées par le média.
Les deux entreprises pourraient se placer sous l'égide d'une société holding et réfléchiraient à inclure dans leur attelage Mitsubishi. Ce dernier constructeur fait partie de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi dans laquelle Nissan détient 34% de Mitsubishi, Nissan possède 15% de Renault, et Renault détient 35,71% de Nissan (17% en direct et 18,7% via une fiducie chargée de vendre des titres).
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Nikkei écrit qu'Honda et Nissan envisagent ce rapprochement pour mutualiser leurs ressources et être davantage en mesure de lutter face à la concurrence de Tesla et des acteurs chinois. Le quotidien explique qu'une telle opération viserait aussi à écarter les risques d'un rachat de Nissan par le groupe taïwanais Foxconn.
La répartition de l'actionnariat du potentiel nouvel ensemble et les termes de la fusion seront décidés plus tard, ajoute le média.
Renault bondit à Paris
Dans un communiqué, les deux groupes n'ont pas vraiment démenti ces informations de presse. "Les articles des médias rapportant qu'Honda, Mitsubishi et Nissan envisagent une intégration de leurs activités ne sont basés sur aucune annonce de notre société", a déclaré Nissan dans un communiqué.
"Comme annoncé en mars et en août de cette année, Nissan, Honda et Mitsubishi envisagent diverses possibilités de collaboration future, mais aucune décision n'a été prise", a ajouté la société.
Honda a également publié un communiqué qui dit exactement la même chose que celui de Nissan.
À la Bourse de Tokyo, l'action Nissan s'est envolée, prenant 23,7% mercredi, tandis qu'Honda a au contraire reculé de 3%.
Selon les estimations d'Oddo BHF, au regard des capitalisations boursières des deux groupes, les actionnaires d'Honda posséderaient 84% du capital du nouvel ensemble et ceux de Nissan environ 15%. Jefferies arrive au même résultat dans ses calculs, et note que le groupe (ou plutôt l'alliance) formé par Honda, Mitsubishi et Nissan représenterait plus de huit millions de véhicules vendus, intégrant ainsi le top 3 mondial.
Remise à plat de l'alliance
Un important effet papillon s'observe à la Bourse de Paris à la suite de ces informations de presse: l'action Renault grimpe. Le titre du constructeur automobile prend 6% vers 10h50, signant la plus forte hausse du CAC 40.
Comme écrit précédemment, Renault détient toujours près de 36% du capital de Nissan. Une hausse de plus de 20% du constructeur japonais à la Bourse de Tokyo a donc nécessairement un impact positif par un simple effet de translation.
Mais au-delà de ce simple impact purement mécanique, une fusion Nissan-Honda avec un élargissement renforcé à Mitsubishi aurait d'autres avantages pour Renault.
Rappelons que le groupe au losange et Nissan ont remis à plat leur alliance à l'automne 2023, ce qui s'est notamment traduit par la fin de structures partagées, comme l'arrêt de leur société d'achat commune. Cette nouvelle donne est, surtout, passée par un rééquilibrage des participations croisées entre les deux groupes, un souhait de long terme de la partie japonaise.
Initialement, Renault possédait 43,4% de Nissan. Le groupe français a décidé, fin 2023, de ne plus posséder directement que 15% du capital de son allié japonais et de loger le solde dans une fiducie, chargée de vendre ce reliquat d'actions. De cette façon Renault se retrouve sur un pied d'égalité avec Nissan qui détient également 15% de son capital.
Depuis, la société dirigée par Luca de Meo a procédé à plusieurs cessions de blocs d'actions pour ramener sa participation à 35,71%.
Cette décision de Renault de se délester d'actions Nissan pour dégager du cash et financer ses investissements avait été bien accueillie. Mais, dans une récente note, Bank of America écrivait que des futures ventes d'actions Nissan étaient plus compliquées.
Des ventes d'actions facilitées
Or une fusion entre Nissan et Honda faciliterait de telles opération. Renault bénéficierait ainsi d'une plus forte liquidité pour vendre les actions Renault détenues par sa fiducie, et pourrait les céder à "Honda ou à d'autres investisseurs", explique Jefferies.
"Nous considérons qu'il y a une lecture croisée relativement positive pour Renault, qui pourrait éventuellement trouver dans ces projets de fusion un acheteur potentiel pour une part importante de sa participation restante dans Nissan (35,7%, soit une valeur de près de 3 milliards d'euros aujourd'hui) ou au moins un scénario de sortie partielle", abonde Oddo BHF.
Renault pourrait notamment passer par un mécanisme de "swap", en échangeant sa participation de 15% dans Nissan (qui représenterait 5,8% du nouvel ensemble Nissan-Honda, selon Jefferies) contre les 15% que Nissan détient à son propre capital. Renault pourrait ensuite choisir d'annuler ces quelque 15% de son propre capital.
Parmi les autres bénéfices potentiels, Jefferies souligne que Renault détiendrait "une participation minoritaire moins importante dans la nouvelle entité, avec des synergies et des perspectives de rendement améliorées, y compris la poursuite de la coopération et de la fabrication en sous-traitance pour Nissan et Honda, ce dernier ayant mis fin à sa production en Europe".
Oddo BHF voit un également un autre aspect positif: Honda pourrait, in fine, devenir un petit client d'Ampere, la division du constructeur spécialisée dans les logiciels et les technologies électriques.
"À plus long terme, des questions concernant les plates-formes partagées et les projets de collaboration existants pourraient se poser", poursuit le courtier. "Mais la raison d'être des projets de fusion entre les équipementiers japonais étant notamment d'augmenter leur taille, nous ne pensons pas qu'il s'agisse d'un sujet à court terme et cela pourrait même être considéré comme une nouvelle opportunité", conclut Oddo BHF.
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