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Pétrole Brent

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Pétrole brent : Pourquoi malgré les coupes de production, les prix du pétrole ne sont pas près de remonter de sitôt

samedi 30 novembre 2024 à 07h00
Les prix du pétrole risquent de ne pas remonter

(BFM Bourse) - Faute d'une demande suffisamment élevée, les observateurs de marché estiment que les cours du pétrole ne vont pas remonter de sitôt, même avec les réductions de production mises en place par les membres de l'Opep+.

Les chiffrages fluctuent légèrement, mais la tendance fait consensus: faute de demande suffisante, les cours de l'or noir ne sont pas près de remonter malgré les coupes de production consenties par les pays membres de l'Opep+.

Face à ce casse-tête, "les visions divergent" sur la stratégie à adopter lors de la prochaine réunion des 22 ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et de leurs alliés, prévue en ligne jeudi prochain, commente pour l'AFP Jorge Leon, de Rystad Energy.

La rencontre initialement prévue dimanche a été repoussée. Une façon de donner "plus de temps" aux pays membres pour s'aligner, selon l'analyste.

Avant l'annonce de ce report, le marché pariait sur une extension des coupes de deux ou trois mois, évoquant le "manque de place sur le marché" pour de nouveaux volumes.

Pour éviter une débâcle des cours, huit pays membres, dont l'Arabie saoudite et la Russie, ont déjà dû remettre à plus tard la réintroduction sur le marché de 2,2 millions de barils retirés en plus des quotas de l'ensemble de l'alliance.

Le cartel organise depuis fin 2022 une stratégie de raréfaction de l'offre. Il produit environ 41 millions de barils par jour, contre "une capacité véritable de l'ordre de 47 millions", précise à l'AFP Francis Perrin, directeur de recherche à l'Institut français des relations internationales (Ifri).

L'Opep+ utilise "tous les leviers à sa disposition", souligne Amr Osman, consultant indépendant en pétrole et gaz, mais le ralentissement du premier importateur d'or noir, la Chine, lestée par une consommation atone et une sévère crise de l'immobilier, plombe les cours.

La montée en puissance du pétrole de schiste américain

Concomitamment, "les volumes et le nombre de producteurs en dehors de l'Opep+ augmentent", explique Giovanni Stauvono, chez UBS. En particulier aux États-Unis, désormais où la logique de multiplicité des entreprises privées - en opposition aux compagnies nationales de nombreux pays du cartel - mène à une situation concurrentielle favorisant la production.

Ces dix dernières années, "la montée en puissance du pétrole de schiste américain a fait des États-Unis le premier producteur mondial devant la Russie et l'Arabie Saoudite", retrace M. Perrin.

Selon les données de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la part du pétrole brut américain représentait 11% de la production mondiale en 2016, lorsque l'Opep s'est alliée avec dix pays pour former l'Opep+, contre 16% désormais. Dans la même période, la part cumulée des pays du cartel est tombée de 62% à 56%.

En prenant en compte le pétrole non conventionnel, l'essor américain s'affirme davantage encore, soutenu par la volonté d'indépendance énergétique des États-Unis. La vaste majorité du pétrole étant utilisée à l'intérieur du pays, "le gouvernement a tout intérêt à des cours bas qui profitent au consommateur final", détaille Amr Osman.

La présidence à venir de Donald Trump devrait accélérer cette tendance. Pendant sa campagne, il avait résumé sa vision concernant la production énergétique par la phrase "fore, bébé, fore!", un signal clair en faveur des énergies fossiles.

Une stratégie "pas tenable"

Dans ces conditions, "la stratégie de l'Opep+ n'est pas tenable", estime Jorge Leon, l'organisation ne pouvant sabrer indéfiniment sa production sans perdre trop de recettes et d'influence sur les prix, à mesure que sa part de marché s'érode.

Pour de nombreux membres du cartel, notamment les pays du Golfe, "la rente pétrolière soutient l'ensemble de la société: la modernisation et la diversification de leurs économies et les équilibres sociaux", précise Francis Perrin. Certains pays, comme les Émirats Arabes Unis et le Kazakhstan, aimeraient développer de nouveaux projets pétroliers et mettent la pression pour produire plus.

Le maintien des coupes favorise par ailleurs les autres acteurs du marché qui déploient un maximum de barils à des prix relativement avantageux. Consciente de ce problème, l'Opep+ a pris soin, tout en repoussant l'échéance, d'afficher sa volonté de rouvrir progressivement les vannes.

"Un message aux producteurs de schiste américain pour les inciter à la prudence dans leurs investissements", commente Giovanni Stauvono dans une note d'UBS, avec l'idée que l'Opep+ peut réintroduire de grandes quantités de pétrole à tout moment et faire chuter la rentabilité des nouveaux projets.

De nombreux observateurs voient les cours du WTI et du Brent évoluer aux alentours des 60 dollars l'année prochaine, loin des 80 euros convoités.

(Avec AFP)

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