(BFM Bourse) - Dans une récente étude, Goldman Sachs s'est penché sur l'impact potentiel du développement de l'intelligence artificielle sur les cours du brut sur un horizon de dix ans. Il en résulte que l'effet positif sur l'offre excéderait nettement celui sur la demande, tirant ainsi les prix vers les bas.
L'essor de l'intelligence artificielle (IA) entraîne des répercussions évidemment multiples et parfois vertigineuses. L'an dernier, le cabinet Bain & Company estimait que la moitié du développement d'un jeu vidéo pourrait être effectué par l'IA générative dans les cinq à dix prochaines années, contre moins de 5% à l'heure actuelle. McKinsey, de son côté, considérait que la banque, la tech de pointe et les sciences de la vie sont les secteurs qui devraient connaître les plus importants bouleversements.
Quid du pétrole? Ce n'est pas forcément le domaine auquel on pense le plus spontanément. Goldman Sachs s'est toutefois penché sur le sujet, dans une note publiée au début du mois, remarquant que les entreprises du secteur mentionnaient de plus en plus l'IA lors de leurs conférences avec les analystes et même plus que la majorité des autres entreprises, désormais.
Côté demande, l'essor de l'IA ne devrait entraîner qu'une progression modeste. La banque chiffre l'impact à un maximum de 700.000 barils par jour (contre une demande autour de 100 millions de barils par jour) au cours des cinq à dix prochaines années, avec un effet sur les prix de 1 à 2 dollars par baril. Cet impact serait essentiellement lié à un "effet richesse", c'est-à-dire que l'IA augmenterait le produit intérieur brut (PIB) mondial et par ricochet la demande de pétrole.
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Un impact de 5 dollars par baril à moyen terme
Sur dix ans, les économistes de Goldman Sachs estiment que l'IA augmentera, en cumulé, d'un point de pourcentage (contre 2 pour l'OCDE) le PIB mondial. En extrapolant avec certaines hypothèses, l'élasticité de la demande de pétrole en fonction de l'évolution du PIB, la banque retient un impact positif de 200.000 à 700.000 barils par jour.
C'est du côté de l'offre que les répercussions s'avèrent les plus notables. Goldman Sachs estime que l'IA réduira les coûts de logistique, ainsi que ceux de forage, tout en améliorant l'automatisation de certains processus.
"Nous estimons qu'environ 30% des coûts associés à un nouveau puits de schiste pourraient être réduits grâce à l'IA, les autres coûts étant largement déterminés par les besoins en produits physiques (ciment, sable, fluides, etc.) qui ne peuvent pas être rationalisés de manière significative", développe Goldman Sachs. Ce qui se traduirait sur dix ans par des gains de productivité de 25% et une baisse des coûts d'exploitation des puits de potentiellement 7%.
Un pétrole actuellement à la peine
En dehors des coûts, la banque perçoit d'autres impacts. La maintenance prédictive perfectionnée par l'IA pourrait, par exemple, réduire les temps d'arrêt de production tandis que les progrès de l'ingénierie dans la géologie permis par l'intelligence artificielle étendraient les réserves exploitables. L'efficience de l'extraction de pétrole serait améliorée et Goldman Sachs estime que les ressources pourraient augmenter de 8% à 20%, soit de 10 millions à 30 millions de barils par jour.
In fine, Goldman Sachs quantifie l'effet à environ cinq dollars le baril sur dix ans, ce qui ferait bien plus que compenser celui sur la demande, de 1 dollar à 2 dollars, donc. "Dans l'ensemble, nous pensons que l'IA devrait avoir un effet négatif net modeste sur les prix du pétrole à moyen et long terme", conclut la banque américaine.
A plus court terme, Goldman Sachs a révisé à la baisse sa prévision de court terme sur les cours du Brent, les voyant évoluer entre 70 et 85 dollars le baril. La référence internationale du pétrole s'échange d'ailleurs actuellement dans le bas de cette fourchette, à 71,78 dollars le baril. Le contrat a perdu 7,3% depuis le début de l'année, plombé récemment par des craintes sur la demande chinoise et américaine à la suite de mauvais indicateurs économiques. Ainsi que par de potentielles hausses de production de la part de l'Arabie Saoudite, plus récemment.
"Les données relatives à la demande chinoise ont été décevantes, et la demande aux États-Unis et en Inde a été faible récemment", a énuméré UBS, cette semaine. Toutefois la banque suisse, pense, elle, que le cours du Brent reviendra au-dessus de 80 dollars le baril dans les prochains mois, en raison de tensions sur l'offre.