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À Wall Street, la victoire de Trump porte les pétroliers, les banques, l'auto et les opérateurs de prisons

mercredi 6 novembre 2024 à 14h12
Les banques bondissent

(BFM Bourse) - Les premiers gagnants et perdants du second mandat de Donald Trump se dessinent à Wall Street. Les groupes d'énergies renouvelables chutent, en raison d'un risque de détricotage de l'IRA. Les banques sont portées par la perspective d'une dérégulation du secteur.

Maintenant que la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine est actée, le marché commence à identifier les perdants et les gagnants de sa seconde mandature à la Maison Blanche, qui débutera en janvier.

Le gagnant le plus évident (pour l'heure) est…. Trump Media & Technology Group (TMTG). Cette société chapeaute le réseau social "Truth Social" de l'homme d'affaires et bondit de 30% en préouverture à Wall Street. Le titre s'était déjà envolé en anticipation d'une victoire du candidat républicain, ces dernières semaines. Les fondamentaux de cette société (des revenus ultra-faibles pour des pertes importantes) sont totalement déconnectés de sa capitalisation boursière, de 6,8 milliards de dollars. Mais les investisseurs ont pu acheter l'action, en forme de soutien à Donald Trump.

Ils ont également pu espérer que l'accession à la Maison Blanche du républicain bénéficie à l'activité de Truth Social, avec un Donald Trump qui se servirait de son réseau comme d'un porte-voix. Mais rien n'est moins sûr, vu que l'un des grands alliés de Donald Trump, Elon Musk, est aujourd'hui le propriétaire de X, concurrent direct de Truth Social…

Au-delà de ce cas très particulier voici les secteurs qui sont propulsés à Wall Street par la victoire de l'homme d'affaires et ceux qui, au contraire, souffrent.

Note: tous les cours de cet article font référence aux cours de préouverture sur le marché américain.

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Le pétrole, les banques et l'auto bondissent

Vers une dérégulation pour les banques?

Les actions des banques américaines décollent. JPMorgan prend 6,6%, Goldman Sachs bondit de 7,5%, Bank of America grimpe de 7,7%, Morgan Stanley monte de 7% et Citigroup de 7,8%.

Ce joli tir groupé peut être dû à plusieurs facteurs. D'abord les banques américaines, comme toutes les actions évoquées dans cet article (sauf TMTG) bénéficieront de la baisse de l'impôt sur les sociétés voulue par Donald Trump, à 15% contre 21% actuellement. Ensuite, le marché peut tabler sur une croissance plus robuste sous la mandature du républicain, via des mesures de relance.

Surtout, les investisseurs anticipent un desserrement de l'étau réglementaire. En avril, Reuters a rapporté que l'homme d'affaires comptait réduire "le fardeau des régulations" et qu'il était préoccupé par "la régulation désastreuse des banques sous Biden", citant des personnes qui avaient échangé avec lui.

"Pour le secteur financier américain, nous pensons que la victoire de Trump est susceptible d'être perçue comme un élément positif immédiat, car elle pourrait présager une déréglementation", a écrit UBS ce mercredi.

"Drill, baby, drill"

Un autre secteur progresse nettement: les groupes pétroliers et parapétroliers. ExxonMobil gagne 2,6%, Chevron 3,1% et Halliburton 6,6%.

Donald Trump a promis de diminuer par deux le prix du carburant à la pompe dans les douze mois suivant l'élection, et de faire des Etats-Unis le producteur d'énergies "dominant" au monde. Ce qui se traduirait par davantage de forage d'or noir (avec le fameux "drill, baby, drill"). Rappelons qu'un peu moins des deux-tiers de la production de pétrole américaine passe par le pétrole de schiste et donc par la fracturation hydraulique.

Le candidat pourrait également mettre fin au moratoire de l'administration Biden bloquant les nouvelles exportations de gaz naturel liquéfié (GNL).

De quoi porter, théoriquement les producteurs d'hydrocarbures et les sociétés proposant des services associés.

"Le soutien de Donald Trump aux industries des combustibles fossiles pourrait profiter aux valeurs pétrolières et gazières, car il poursuivra probablement des politiques qui favorisent la production d'énergie domestique", a déclaré Daniela Hathorn, analyste de marché senior chez Capital.com, citée par Reuters.

"Si l'industrie pétrolière américaine voit d'un bon œil les politiques énergétiques de Donald Trump, les groupes professionnels de l'industrie pétrolière se sont opposés aux propositions de hausses des tarifs douaniers de Donald Trump tout au long de sa campagne", nuance toutefois S&P Global.

L'auto avec moins de tension électrique

L'automobile, ou plus exactement les constructeurs automobiles traditionnels grimpent également. General Motors et Ford s'adjugent chacun autour de 2,5%. Ces valeurs peuvent être portées par un sentiment de marché positif en raison de la volonté de Donald Trump de mettre la pédale douce sur le véhicule électrique, avec potentiellement des baisses ou la suppression de mesures fiscales incitatives.

Or ce type de motorisation cause de lourdes pertes aux constructeurs américains. General Motors a prévenu, lors de la publication de ses résultats trimestriels, qu'il n'avait pas encore atteint la rentabilité. Ford, de son côté, avait accusé une lourde perte opérationnelle dans sa division spécialisée dans l'électrique en 2023, de 4,7 milliards de dollars et a revu à la baisse, en août, ses ambitions en la matière.

Dans un registre pour le moins sinistre, les opérateurs de prison GEO Group et Corecivic bondissent de 28% et de 21%. Ces groupes peuvent bénéficier des promesses "de répression de l'immigration clandestine et des restrictions à l'immigration légale, ce qui pourrait accroître la demande de centres de détention", note Reuters.

Les renouvelables et l'électrique grands perdants (mais pas Tesla)

À l'opposé des hydrocarbures, les producteurs d'énergies renouvelables souffrent. Donald Trump n'a jamais caché son manque d'attrait pour les énergies renouvelables et le marché redoute qu'il détricote l'inflation reduction act (IRA), un texte qui accorde un traitement préférentiel aux énergies décarbonées, ou à minima qu'il prenne des politiques freinant l'expansion des énergies non fossiles. Donald Trump a également annoncé vouloir rayer de la carte les projets d'éolien "offshore" (en mer) s'il était élu, notait début octobre Oddo BHF.

"Dans le secteur des services aux collectivités, les entreprises financées par les énergies renouvelables pourraient être confrontées à des vents contraires après la victoire de Trump. Cependant, nous nous attendons à ce que la demande en énergies renouvelables reste forte, car les entreprises, les États et les municipalités se concentrent sur les objectifs de décarbonation", nuance UBS.

La société de panneaux solaires First Solar chute de 14,3% à Wall Street, et le spécialiste de l'énergie solaire Sunnova dévisse de 22,7%. À noter que les danois Orsted et Vestas, deux poids lourds de l'éolien, perdent plus de 10% chacun.

Les constructeurs automobiles spécialisés dans les véhicules électriques, eux, reculent. Rivian perd 2,3% et le vietnamien Vinfast cède 1,6%. Mais a contrario, Tesla bondit de 13%.

"Nous pensons qu'une présidence Trump serait globalement négative pour l'industrie des véhicules électriques, car il est probable que les rabais/incitations fiscales pour ce type de motorisation soient supprimés", explique Dan Ives, analyste chez Wedbush.

"Mais pour Tesla, nous voyons cela comme un énorme point positif. Tesla a une envergure et une portée inégalées dans l'industrie des véhicules électriques et cette dynamique pourrait donner à Musk et Tesla un net avantage concurrentiel dans un environnement sans subventions pour les véhicules électriques, associé à des tarifs douaniers chinois probablement plus élevés qui continueraient à repousser les acteurs chinois des véhicules électriques moins chers (BYD, Nio, etc.) pour inonder le marché américain dans les années à venir", poursuit-il.

La tech en ordre dispersé

Les grands groupes de tech connaissent des évolutions assez disparates ce mercredi. Apple prend 0,3%, Nvidia 1%, Microsoft 1,5% Amazon est stable (+0,1%), Meta recule de 0,8% et Alphabet prend 2,2%.

Les groupes de tech bénéficieront eux aussi des réductions d'impôts promises par Trump, si elles sont mises en œuvre.

Mais la politique expansionniste du républicain est perçue comme inflationniste, ce qui tire les taux vers le haut. Mécaniquement, cela pèse sur des valeurs de croissance comme la tech.

"La grande inquiétude de nombreux investisseurs mondiaux dans la tech avec lesquels nous discutons concerne les implications d'une victoire de Trump à la présidentielle américaine sur la guerre technologique froide entre les États-Unis et la Chine et sur l'augmentation des droits de douane", explique par ailleurs Dan Ives. "Nous pensons qu'un changement majeur dans les tarifs douaniers et une position plus dure à l'égard de la Chine auraient un impact significatif sur la chaîne d'approvisionnement, sur Nvidia, sur les représailles de Pékin sur Apple/Tesla, et ralentiraient le rythme de la révolution de l'IA", ajoute-t-il.

"Dans le secteur de la technologie, la victoire de Trump pourrait susciter des craintes accrues quant à l'impact des droits de douane sur les bénéfices des entreprises de matériel informatique et de semi-conducteurs. Mais nous ne pensons pas que cela l'emportera sur la croissance structurelle à moyen terme", juge de son côté UBS. "Les dépenses d'infrastructure en matière d'IA restent robustes, car les entreprises expérimentent les cas d'utilisation de l'IA et les sociétés s'efforcent d'occuper des positions de premier plan", ajoute la banque suisse.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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