(BFM Bourse) - Les ventes du géant des spiritueux ont déçu les investisseurs au troisième trimestre, en raison d'une baisse de ses revenus dans ces deux marchés stratégiques. Pernod Ricard table sur une amélioration de son activité sur la dernière partie de son exercice décalé 2023-2024.

En cette journée marquée par un déluge de publications, Pernod Ricard a raté son rendez-vous avec le marché, tout comme Dassault Systèmes ou le géant de la grande distribution Carrefour.

Le numéro deux mondial des spiritueux a dévoilé des ventes décevantes au titre du troisième trimestre de son exercice décalé 2023-2024. Rappelons que le géant des spiritueux est désormais le seul pensionnaire du CAC 40 qui se situe sur un exercice décalé, avec des comptes clôturés à la fin juin.

A la Bourse de Paris, l'action Pernod Ricard perd 2,3% vers 16h00, et entraîne dans sa baisse, son concurrent Rémy Cointreau (-1,1%).

Encore ce trimestre, Pernod Ricard a vendu moins d'alcools en Chine et aux Etats-Unis dans un contexte de normalisation de la consommation dans ces deux pays après deux années de croissance exceptionnelle.

Moins d'alcools aux Etats-Unis et en Chine

Outre-Atlantique, les revenus de l'entreprise dans cette région ont décliné de 11%, ce qui est "globalement en ligne" en raison d'une poursuite des déstockages. En Chine, l'autre marché clé de Pernod Ricard, les ventes ont chuté de 10% en données comparables, 'en raison d'un environnement de consommation délétère qui continue de peser sur les performances dans le pays", précise Oddo BHF.

Les ventes se sont mieux comportées sur les autres marchés de Pernod Ricard. En Inde, le groupe a dévoilé une croissance de 8%, avec une "forte demande des consommateurs pour les spiritueux", et "une progression continue des tendances de premiumisation (montée en gamme)". Dans le Global Travel Retail, c'est à dire les ventes dans les aéroports, les ventes ont bondi de 38% au troisième trimestre, portées entre autres par une "reprise graduelle des voyageurs chinois".

Ainsi, entre janvier et fin mars, le groupe qui détient les marques de vodka Absolut, le pastis Ricard, les scotchs whiskies Ballantine's ou bien le champagne Mumm a vu son chiffre d'affaires reculer de 1,8% en données publiées, pour s'établir à 2,347 milliards d'euros.

Le niveau de facturations annoncé par Pernod Ricard s'avère en deçà du consensus cité par Oddo BHF, puisque les analystes anticipaient des revenus de 2,428 milliards d'euros pour le groupe français. En données comparables, la baisse est limitée à 0,5%, mais cela suffit à décevoir les marchés qui espéraient une progression de 2,2% selon le consensus cité par le bureau d'études.

"Si la majeure partie des zones géographiques sont à la baisse, il est important de noter qu’au troisième trimestre 2023/2024, Pernod Ricard enregistre une hausse de ses volumes de 1% après que ces derniers ont fortement chuté pendant la période de normalisation", signale néanmoins Oddo BHF.

Le bureau d'études observe "une amélioration séquentielle des performances opérationnelles du groupe, mais toujours pas de retour tangible à la croissance".

Des doutes sur la fin d'année

Concernant ses perspectives, le numéro deux mondial du secteur des spiritueux s'attend à réaliser un "chiffre d’affaires dynamique pour le quatrième trimestre, en amélioration par rapport aux neuf premiers mois". Ce qui l'autorise à réitérer un objectif d'une croissance organique des ventes "globalement stable", pour son exercice 2023-2024. Cet objectif "repose sur une hypothèse forte" prévient Oddo BHF, et sous-tend que Pernod Ricard devra "enregistrer une croissance organique de 4% à 8%" au quatrième trimestre.

Un avis qui est aussi partagé par les analystes de Morgan Stanley. "Compte tenu de la faiblesse persistante des conditions du marché, une bonne performance au quatrième trimestre est encore nécessaire pour atteindre un chiffre d'affaires globalement stable", avertit le bureau d'études.

Le groupe table en outre sur un résultat opérationnel courant en croissance en données comparables d'environ 1%, alors qu'il anticipait auparavant une croissance interne "à un chiffre bas".

En dépit d'un contexte difficile, le numéro deux mondial des vins et spiritueux a confirmé ses objectifs à moyen terme, tels qu'annoncés en juin 2022. La société table sur une croissance organique annuelle de son chiffre d’affaires dans la "partie haute" d'une fourchette comprise entre 4% et 7% à moyen terme.

Dès lors que cette cible est atteinte, le groupe table sur une amélioration de la marge opérationnelle d’environ 0,5 / 0,6 point de pourcentage par an. Pernod Ricard mise aussi sur le lancement de sa plateforme numérique "Convivality Plateform" pour accélérer la croissance de ses marques haut-de-gamme".