(BFM Bourse) - Le numéro deux mondial des spiritueux a confirmé ses perspectives annuelles après avoir publié une activité inférieure aux attentes sur les trois premiers mois de son exercice décalé 2024-2025.
En août dernier, Pernod Ricard avait prévenu qu'il s'attendait à un premier trimestre "modeste" en raison de la poursuite des ajustements de stocks aux Etats-Unis et de la conjoncture encore dégradée en Chine.
Les craintes du numéro deux mondial des spiritueux se sont matérialisées. La société a dévoilé des ventes décevantes au titre de son premier trimestre de son exercice décalé 2024-2025. Rappelons que le géant des spiritueux est désormais le seul pensionnaire du CAC 40 qui se situe sur un exercice décalé, avec des comptes clôturés à la fin juin.
Une activité chinoise en forte baisse
Au premier trimestre de son exercice 2024-2025, Pernod Ricard a dégagé des revenus de 2,738 milliards d'euros traduisant une décroissance de 8,5% sur un an, dont une baisse de 5,9% en organique. La prestation trimestrielle de Pernod Ricard est inférieure aux attentes des analystes, qui tablaient sur une baisse de 4,5% en organique des revenus à 2,838 milliards d'euros, selon un consensus cité par Oddo BHF.
Le groupe de spiritueux a notamment souffert aux Etats-Unis où son chiffre d'affaires s'est replié de 10% en données comparables, ce qui s'avère cependant "en ligne" avec les attentes du marché, note le bureau d'études.
Cette région qui compte pour près de 20% du chiffre d'affaires pâtit de stocks élevés et d'une normalisation de la demande depuis maintenant plusieurs trimestres. Les revenus ont plongé de 26% en Chine, en raison d'un sentiment du consommateur qui reste très faible.
"La consommation de Martell et de scotch haut-de-gamme (la majeure partie du portefeuille) explique la plus grande partie de la baisse sur ce marché tandis que les autres marques performent bien", précise Oddo BHF.
Pernod Ricard est revenu sur la décision de la Chine d'instaurer un dépôt de caution sur les importations d'eaux-de-vie en provenance de l'Union européenne, notamment le cognac. Le groupe français a indiqué avoir pris des mesures pour atténuer les conséquences des dernières initiatives douanières de la Chine sur sa performance.
"Nous nous attendons à une année dégradée en Chine, et sans doute plus dégradée que ce qu'elle n'était l'année dernière", a indiqué le PDG Alexandre Ricard, au cours d'une entretien avec Reuters.
L'Inde (+2%) qui, traditionnellement tire l'activité du groupe grâce à une forte demande locale, a fortement déçu en ce début d'exercice. Le consensus cité par Oddo BHF attendait plutôt une croissance "mid-single-digit", soit aux alentours de 5%.
Les autres marchés de Pernod Ricard,"ne jouent pas le rôle de chambre de compensation qu’on leur attribue généralement", note aussi le bureau d'études.
Ce sont autant de vents contraires qui viennent expliquer ce début d'année "inférieur aux attentes" de Pernod Ricard. Selon Oddo BHF, la prestation trimestrielle fait même office d'une "entrée en matière peu engageante".
Des perspectives annuelles reconduites
La déception des attentes du marché n’a, en revanche, pas entraîné de remise en cause des perspectives 2024-2025 délivrées à la fin du mois d’août, avance le bureau d'études.
Pernod Ricard compte toujours réaliser sur l'année 2024-2025 une progression en données comparables de son chiffre d'affaires et table sur un maintien de la marge opérationnelle courante.
"Si les résultats du premier trimestre sont légèrement inférieurs au consensus, les prévisions pour l'exercice 2024/2025 restent inchangées, ce qui devrait apporter du soulagement", ont indiqué les analystes de Jefferies cités par Reuters.
Le bureau d'études a eu le nez creux, le maintien des perspectives a l'air de contenter le marché, puisque le titre Pernod Ricard progresse de 1,4%, dans un marché parisien en hausse (+1%). Il entraîne dans son sillage Rémy Cointreau qui s'adjuge 2,3% vers 11h45.
Cependant, les résultats du premier trimestre 2024/2025 invitent à la prudence, prévient le bureau d'études. "La croissance en Inde et en Europe notamment, ressortie 300 points de base (3 points de pourcentage) en-deçà des attentes, ne devrait pas participer à l’amélioration du sentiment des investisseurs sur le titre", poursuit-il.
"Nous maintenons notre opinion neutre sur le titre Pernod Ricard et notre objectif de cours à 140 euros. Le titre devrait donc continuer d’être sous pression et il faudra donc encore être patient avant de voir s’enclencher un rerating (une revalorisation du titre, NLDR). La décote avec laquelle traite le titre (16x de PE NTM) (c'est-à-dire seize fois les bénéfices attendus sur les douze prochains mois, NDLR) vs Diageo (19x de PE NTM) devrait donc encore se maintenir", ajoute Oddo BHF.
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