(BFM Bourse) - Les groupes de spiritueux sont à la peine à la Bourse de Paris après la décision de Pékin d'appliquer des dépôts de caution sur les importations de cognac, un prélude à des surtaxes douanières.
Le secteur des spiritueux boit clairement la tasse à la Bourse de Paris, miné par la décision de la Chine d'instaurer un dépôt de caution sur les importations d'eaux-de-vie en provenance de l'Union européenne, notamment le cognac.
Pernod Ricard, Rémy Cointreau, et dans une moindre mesure LVMH, sont les victimes collatérales de l'intensification d'une joute commerciale entre Pékin et Bruxelles. Les mesures prises par la Chine répondent, en effet, à l'alourdissement des droits de douanes voulu par la Commission européenne sur les automobiles produites en Chine.
Rémy Cointreau, connu pour son cognac Rémy Martin, plonge de 8,2% à la Bourse de Paris, ce mardi. Pernod Ricard, avec son cognac Martell cède de son côté 4% tandis que LVMH, qui commercialise le cognac Hennessy, redonne 4,4% mardi vers 11h25. Le titre du groupe de luxe est aussi pénalisé par la déception des investisseurs quant à l'absence de nouvelles annonces de la part de Pékin.
Dans un communiqué, le ministère chinois du Commerce (Mofcom) a annoncé que les importateurs de brandys européens (les eaux-de-vie) devraient déposer une caution auprès des douanes chinoises à compter du 11 octobre 2024. Ce dépôt sera débité si la Chine décide effectivement d'appliquer des surtaxes douanières sur ces produits.
Ce qui risque d'être effectivement le cas puisque l'Europe, de son côté, est en route vers la surtaxation des véhicules chinois. La Commission européenne prévoit d'ajouter 10% de taxe déjà en place, une surtaxe allant jusqu'à 35% sur les véhicules à batterie de fabrication chinoise. Cette mesure doit entrer en vigueur fin octobre.
"Le gouvernement chinois a imposé le dépôt d'une caution en douane sur les brandy européens, et sans surprise Rémy Cointreau et Hennessy sont les plus pénalisés. Il convient de rappeler que les cognacs chinois représentent environ 0,7% des revenus de LVMH et que la division spiritueux du groupe est la plus rentable après la maroquinerie", explique Jie Zhang, analyste chez le bureau d'études indépendant Alphavalue. "Ça fait un peu trop de mauvaises nouvelles", ajoute l'analyste.
Nouvel épisode d'une guerre commerciale
Cette menace plane depuis le début de l'année sur les deux grands alcooliers de la cote parisienne, Rémy Cointreau et Pernod Ricard. En janvier, le Mofcom ("ministry of commerce") chinois avait ouvert une enquête sur les "brandy" européens, alcools qui regroupent notamment le cognac et l'armagnac français.
"Le marché mondial du cognac représente 50 milliards de dollars dont 20% en Chine en volume et 23% en valeur. Si la Chine décidait de mettre en œuvre des barrières tarifaires, le potentiel de la géographie serait lourdement pénalisé", avait indiqué de son côté Sarah Thiron, analyste de TP ICAP Midcap, dans une note publiée début juillet.
Outre le risque politique en Chine, les alcooliers doivent composer avec des volumes en berne, après la forte demande post-covid, et des stocks élevés aux Etats-Unis. Rémy Cointreau anticipe une reprise progressive sur son exercice 2024-2025,quand Pernod Ricard a indiqué cet été, tabler pour l'exercice 2024-2025 sur une progression en données comparables de son chiffre d'affaires et un maintien de la marge opérationnelle courante.
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