(BFM Bourse) - Les actions du secteur chutent, pénalisées par la déception des investisseurs quant à l'absence de nouvelles annonces de la part de Pékin. Les groupes de spiritueux, eux, sont plombés par l'instauration par la Chine de dépôt de caution sur les importations d'eaux-de-vie européennes, notamment le cognac.
Après avoir porté les marchés ces dernières semaines, la Chine provoque cette fois de lourds dégagements à la Bourse de Paris.
Les valeurs du luxe traversent ainsi une zone de turbulence. Kering perd 5,8%, accusant la plus forte baisse du CAC 40, LVMH abandonne 4,3% et Hermès cède 2,7% vers 10h10.
Ces dégagements sont liés à l'absence de bonnes nouvelles du côté de la Chine. La Commission nationale de développement et de réforme, un organe de planification du pays, a tenu une conférence de presse à 10h, heure locale.
En amont de ce rendez-vous, les marchés ont spéculé sur de potentielles nouvelles mesures de soutien à l'économie chinoise, après de premières annonces, il y a deux semaines. Les investisseurs ont notamment espéré des mesures fiscales pour dynamiser la consommation des ménages. Signe de ces attentes, le luxe avait bien monté lundi: Kering avait pris 4,6%, LVMH avait gagné 2,7%.
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Un marché déçu
"Mais il n'y a finalement pas eu de nouvelles annonces lors de cette conférence. "Zheng Shanjie, chef de la Commission nationale chinoise pour le développement et la réforme (NDRC), n'a pas donné plus de détails sur la forme et l'ampleur de l'aide fiscale annoncée", note Deutsche Bank.
"Depuis deux semaines, les premières mesures de relance en Chine ont redonné un peu espoir dans le secteur du luxe. Et le marché s'est mis à espérer d'autres annonces. La semaine dernière, un économiste de premier plan en Chine a déclaré que le pays disposait de la marge nécessaire pour augmenter son soutien budgétaire en émettant jusqu'à 10 000 milliards de RMB (1.400 milliards de dollars) en dette spéciale, ce qui a suscité de fortes attentes sur les marchés", explique Jie Zhang, analyste chez le bureau d'études indépendant Alphavalue
"Or lors de la conférence de presse de ce mardi matin, il n'y avait pas ce stimulus et pas trop de mesures additionnelles. Le marché n'a rien eu et il est donc logiquement déçu", poursuit-elle.
La Chine constitue une région clef pour les groupes de luxe, et les dépenses des ménages chinois restent très importantes pour leurs croissances. Bank of America estime que ces dépenses, dans leur globalité, représentent environ 30% des revenus des groupes de luxe. De plus, sur les 20 dernières années, le luxe a affiché une croissance mondiale annuelle de 9% par an et la banque américaine estiment que les consommateurs chinois ont contribué à hauteur de 40% à cette croissance.
La Chine concrétise son attaque sur le cognac
En dehors de cette conférence de presse qui a fait "pschitt", un autre élément peut plomber à la fois le luxe mais surtout les groupes de spiritueux: l'instauration par la Chine de mesures pénalisant les eaux-de-vie (brandys) européennes, comme le cognac.
"Le gouvernement chinois a imposé le dépôt d'une caution en douane sur les brandy européens, et sans surprise Rémy Cointreau et Hennessy sont les plus pénalisés. Il convient de rappeler que les cognacs chinois représentent environ 0,7% des revenus de LVMH et que la division spiritueux du groupe est la plus rentable après la maroquinerie", explique Jie Zhang. "Ca fait un peu trop de mauvaises nouvelles", conclut l'analyste
Remy Cointreau, spécialiste du cognac, plonge de 8,3% à la Bourse de Paris, tandis que Pernod Ricard, qui possède Martell, perd 4,1%.
"Rappelons que le cognac en Chine pèse, en proportion du chiffre d'affaires, trois fois plus chez Remy Cointreau (25% du chiffre d'affaires du groupe) que chez Pernod Ricard (8% à 9% du chiffres d'affaires groupe)", expliquait en mai à BFM Bourse Pierre Tegner.
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