(BFM Bourse) - Le groupe de spiritueux a révisé à la baisse ses objectifs de chiffre d'affaires pour son exercice clos à fin juin et à moyen terme, citant un environnement économique et géopolitique plus complexe. Mais le marché ne lui en tient pas rigueur, appréciant le maintien d'objectifs à moyen terme contrairement à son rival Diageo mardi.
Avec une semaine d'avance par rapport à son calendrier initial, Pernod Ricard passe à son tour l'épreuve des résultats. Et ceux-ci portent encore et toujours les traces de ses difficultés aux États-Unis et en Chine, ses deux principaux marchés.
La société a sans surprise dévoilé des ventes en recul au titre du premier semestre de son exercice décalé 2024-2025. Rappelons que le géant des spiritueux est désormais le seul pensionnaire du CAC 40 qui se situe sur un exercice décalé, avec des comptes clôturés à la fin juin.
La Chine talon d'Achille de Pernod Ricard
Entre juillet et fin décembre 2024, Pernod Ricard a dégagé des revenus de 6,18 milliards d'euros traduisant une décroissance de 4% sur un an en données organiques (hors effets de changes et de périmètre). Outre une activité en déclin sur ses marchés clés, des effets de change négatifs ont par ailleurs plombé le chiffre d'affaires à hauteur de 177 millions d'euros.
Aux États-Unis, les revenus de l'entreprise ont décliné de 7% en données comparables. Le groupe a encore fait le dos rond dans la région, mais a constaté au deuxième trimestre, une amélioration sur les marques clés, notamment sur le whisky Jameson.
En Chine, l'autre marché clé de Pernod Ricard, les ventes ont chuté de 25%. La société pointe un "environnement macro-économique toujours difficile et une faible demande du consommateur". Le groupe a prévenu que la période du Nouvel an chinois avait été très faible, avec une forte baisse des achats de cadeaux (gifting).
Le numéro deux des spiritueux a aussi dévoilé un résultat opérationnel courant (ROC) de 1,985 milliard d'euros, en baisse hors effets de changes et de périmètre de 2%, extériorisant une marge de 32,1% ainsi qu'un bénéfice net de 1,19 milliard d'euros, en recul de 24% au premier semestre 20224-2025.
Un ajustement à la baisse des objectifs
Le numéro deux mondial du secteur des spiritueux révise à la baisse son objectif de croissance du chiffre d'affaires pour son exercice clos fin juin 2025, évoquant "un environnement macro-économique difficile et des incertitudes géopolitiques accrues" notamment en Chine.
Le groupe fait notamment référence à la décision de Pékin d'appliquer des dépôts de caution sur les importations de cognac, depuis le mois d'octobre 2024. Pernod Ricard cite aussi une faiblesse des ventes dans les aéroports en Asie, et notamment pour son cognac Martell.
Dans ce contexte, Pernod Ricard prévoit désormais un repli organique ("low single digit") des ventes ce qui peut grossièrement se traduire par une baisse de 1% à 4%, alors qu'il tablait auparavant sur "un retour à la croissance organique".
"En fonction de l'amplitude des hausses potentielles de tarifs douaniers, l'exercice 2025-2026 devrait être une année de transition, avec une amélioration de tendance du chiffre d'affaires en organique", ajoute Pernod Ricard. La société évoque aussi "un contexte sans précèdent de tensions commerciales" qui la conduit à se focaliser sur la "protection autant que possible de (sa) marge opérationnelle organique".
Le groupe est aussi sous la menace de taxes aux États-Unis, puisque Donald Trump a évoqué dans son programme présidentiel le rétablissement des droits de douane sur les importations de vins, de cognac et de whiskies écossais. Cette taxe douanière de 25% avait été suspendue par l'administration Biden.
"Une approche plus réaliste"
Le groupe ajuste aussi ses objectifs à moyen terme. Pour la période 2026-2029, la société table sur une croissance organique annuelle entre 3% et 6% de son chiffre d’affaires, contre une précédente prévision qui se situait dans la "partie haute" d'une fourchette comprise entre 4% et 7%. Le marché se montre conciliant avec Pernod Ricard, jugeant que les nouveaux objectifs du groupe français sont désormais plus cohérents dans un environnement de marché plus adverse.
À la Bourse de Paris, Pernod Ricard progresse de 2,7% après ces annonces. "La double révision des perspectives 2025 et moyen-terme était intégrée dans les attentes du consensus. Il s'agit d'un rebond de soulagement puisque ce n’est pas pire que prévu", signale Sarah Thirion, analyste chez TP ICAP Midcap citée par Reuters.
"L'avertissement est un nouveau coup dur pour toute opinion constructive potentielle sur les spiritueux européens dans un contexte de turbulences macro et politiques, bien qu'une approche plus réaliste des objectifs à moyen terme et des investissements soient à noter", tiennent à tempérer les analystes de JPMorgan également cités par l'agence de presse.
Surtout, les investisseurs ne se privent pas de faire le rapprochement avec le leader du secteur Diageo, qui, mardi avait purement et simplement renoncé à ses objectifs à moyen terme.
Le numéro un du secteur avait alors cité une visibilité réduite avec la menace de droits de douane supplémentaires sur certains de ses alcools produits au Canada et au Mexique.
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