(BFM Bourse) - Le fabricant de câbles a dégagé un résultat brut d'exploitation ajusté record au titre de 2024, porté notamment par ses activités d'électrification qui ont enregistré une importante croissance organique. La direction du groupe s'est montrée confiante sur un contrat à risque et a par ailleurs apporté des précisions cruciales sur ses objectifs 2025.
En l'espace de six années, Nexans a totalement changé de visage. Le fabricant de câbles a remis d'équerre ses activités les moins performantes et s'est recentré sur ses segments liés à l'électrification, c'est-à-dire les câbles pour la production, l'usage et la transmission d'électricité.
Cette transformation est notamment passée par des acquisitions (Centelsa en Colombie, Reka Cables en Finlande, La Triveneta Cavi en Italie) et des cessions (notamment sa filiale américaine spécialisée dans les câbles en conditions extrêmes).
Le cours de Bourse a suivi la mise en place de cette stratégie. Alors qu'elle était tombée à 24,6 euros en septembre 2018, l'action Nexans évolue désormais autour de 104 euros. Certes, l'élection du président américain Donald Trump a quelque peu malmené le parcours boursier du groupe, ces derniers mois, en raison de son hostilité envers les énergies renouvelables, en particulier l'éolien offshore.
Mais Nexans continue de tracer sa voie. Le câblier a publié ce mercredi 19 février ses résultats annuels au titre de 2024. "Un seul mot pour qualifier les résultats: RECORD", titre Oddo BHF dans sa note consacrée à cette publication, ce mercredi.
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La transmission électrique a été dynamique
Sur l'ensemble de 2024, l'entreprise a dégagé des revenus de 7,1 milliards d'euros (et de 8,5 milliards d'euros en intégrant les variations des prix du cuivre et de l'aluminium depuis 2020), en croissance de 8,7% en données publiées et de 5,1% en données organiques, c'est-à-dire hors effets de changes et de périmètre. Sur le seul quatrième trimestre, la croissance organique a atteint 8,3%.
Son résultat brut d'exploitation (Ebitda) ajusté a atteint un record tant en valeur qu'en taux de marge. Cette ligne de compte s'est établie à 804 millions d'euros en 2024, en hausse de 21% sur un an. La marge correspondante s'inscrit à 11,4% contre 10,2% en 2023.
Nexans a notamment bénéficié des performances de ses activités d'électrification, qui représentent environ 65% de ses revenus. Ces activités ont affiché une croissance organique de 13% avec une marge d'Ebitda de 12,9%.
Cette progression des revenus a été portée par le dynamisme du segment "power-transmission", c'est-à-dire les câbles liés à la génération d'électricité. Ce segment a enregistré une croissance organique de 50% en 2024, grâce à l'augmentation, l'an dernier, des capacités de production du site de Halden (Norvège), spécialisé dans les câbles sous-marins. L'Ebitda de ce segment a par ailleurs augmenté de 72% à 142 millions d'euros.
Nexans a également dégagé un bénéfice net de 283 millions d'euros contre 223 millions d'euros au titre de 2023. Le flux de trésorerie libre normalisé a lui atteint 454 millions d'euros, stable sur un an.
Nexans a battu les attentes à quasiment tous les étages. Selon un consensus mis en ligne par la société, les analystes tablaient sur des revenus de 7 milliards d'euros, un Ebitda ajusté de 772 millions d'euros, un bénéfice de 305 millions d'euros et un flux de trésorerie disponible normalisé de 330 millions d'euros.
Un contrat important à risque en Méditerranée
Pour 2025, Nexans a indiqué anticiper un Ebitda ajusté compris entre 770 millions d'euros et 850 millions d'euros (contre un consensus situé à 804 millions d'euros) et un flux de trésorerie libre situé entre 225 millions et 325 millions d'euros.
Plusieurs précisions doivent être apportées pour bien comprendre ces objectifs. Le directeur financier, Jean-Christophe Juillard, a indiqué que la fourchette d'Ebitda ajusté intégrait des effets périmètre avec un impact négatif d'environ 30 millions d'euros. Autrement dit, en intégrant cet effet, le bas de la fourchette (770 millions d'euros) correspond à un Ebitda ajusté stable par rapport à 2024.
"La fourchette de l'objectif 2024 paraît large", pointe par ailleurs un analyste. Jean-Christophe Juillard a reconnu que cet intervalle était plus important que d'habitude. Le directeur financier a expliqué que cette fourchette prenait aussi en compte les risques liés au contrat "Great Sea Interconnector" (GSI). Ce contrat de 1,4 milliard d'euros remporté en 2023 par Nexans porte sur la fourniture de câbles sous-marins pour une interconnexion électrique entre la Grèce et Chypre.
Mais des risques politiques et géopolitiques ont jeté le doute sur l'exécution de ce contrat. Le bas de la fourchette correspond ainsi à un arrêt pur et simple du projet, même si la société se veut "plutôt optimiste" sur le projet, a indiqué le directeur financier. Jean-Christophe Juillard a ajouté que la société attendait "dans les prochaines semaines", la notice finale pour exécuter le contrat.
Le directeur général, Christopher Guérin a abondé, en déclarant être davantage "confiant" sur ce projet depuis quelques jours, car des analyses marines sur ce projet ont redémarré en Grèce. Par ailleurs la société a le soutien des gouvernements nationaux et de la Commission européenne. "Je dirais qu'aujourd'hui je vois beaucoup de feux verts", a-t-il déclaré.
Des précisions utiles sur les objectifs 2025
Par ailleurs, Jean-Christophe Juillard a dû clarifier un point important sur la cible de flux de trésorerie disponible auprès des analystes.
L'objectif de Nexans pour 2025 n'est pas immédiatement comparable au cash-flow de 2024 ni au consensus de 2025 (317 millions d'euros). Aussi bien le cash-flow 2024 que le consensus 2025 portent sur le flux de trésorerie dit "normalisé" alors que Nexans a communiqué un objectif un flux de trésorerie libre (tout court) pour 2025.
La différence est que le flux de trésorerie libre intègre davantage d'investissements que le flux de trésorerie "normalisé". Or en 2025 Nexans va procéder à une série d'investissements stratégiques pour sa croissance, en finalisant notamment la construction d'un troisième navire câblier, après le "Skagerrak" et "l'Aurora" , a expliqué Jean-Christophe Juillard. La société doit encore passer environ 100 millions d'euros d'investissements liés à la construction de ce navire en 2025.
Ces précisions semblent avoir eu un certain impact. L'action Nexans a ouvert en hausse de plus de 8% avant d'effacer totalement ses gains quelques minutes plus tard. Le titre a ensuite redécollé peu après 9h30, juste après que le directeur financier a apporté les éléments de compréhension sur les prévisions de flux de trésorerie et de fourchette d'Ebitda ajusté pour 2025.
À l'issue de cette publication, Oddo BHF a confirmé son opinion à "surperformance" sur l'action. Le courtier note que Nexans s'échange avec une décote de 45% par rapport à son éternel concurrent italien Prysmian, sur la base du résultat opérationnel attendu en 2025, contre un décote historique de 26%.
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