(BFM Bourse) - La biotech de tous les records, dont le cours a déjà grimpé cette année de plus de 50%, se focalise sur la réponse au Covid-19 via le développement de son candidat vaccin mRNA-1273. Mais la pandémie désorganise par ailleurs une partie de ses recherches.
À l'origine en 2018 de la plus grosse introduction d'une entreprise de biotechnologies sur le Nasdaq, première société à avoir entamé, début mars, les essais cliniques (chez l'homme) pour un potentiel vaccin contre le nouveau coronavirus, la firme américaine Moderna a annoncé lundi -à l'image d'un nombre grandissant de biotechs- devoir réduire la voilure sur un certain nombre de développements à cause des répercussions de la pandémie.
Dirigée par Stéphane Bancel (ex-bioMérieux), la société maintient son engagement à faire progresser ses plans de développement clinique et travaille en étroite collaboration avec toutes les parties prenantes (cliniciens, autorités réglementaires, groupes de patients...) pour tenter d'atténuer l'impact de la pandémie sur les essais cliniques en cours, mais doit bien évidemment procéder à des ajustements au cas-par-cas.
En interne, Moderna a mis en place un groupe de travail chargé de suivre la situation. Tandis que nombre d'employés ont été invités à travailler à domicile, les opérations essentielles en laboratoires et sur les lignes de production de lots cliniques continuent sur site, de façon adaptée.
"La pandémie de Cocid-19 créée des défis sans précédent et nous nous engageons à assurer la santé et la sécurité de tous les participants à nos essais cliniques et à ceux de nos partenaires, de nos équipes sur sites d'essais cliniques, de nos fournisseurs et de nos employés. La priorité de Moderna est la sécurité de toutes les personnes impliquées et la poursuite de la conduite de nos programmes cliniques alors que nous affrontons la pandémie ensemble", a déclaré Stéphane Bancel. "Nous nous concentrons aussi sur la réponse à la pandémie grâce à nos travaux sur notre candidat vaccin contre le Covid-19,ARNm-1273. Nous sommes reconnaissants à tous ceux qui, à l'intérieur comme à l'extérieur de Moderna, travaillent à résoudre cette crise de santé publique. Nous la surmonterons ensemble", a ajouté le PDG.
Les essais dans les maladies rares n'acceptent plus de nouveaux patients
Afin de préserver la sécurité des patients pédiatriques et de leurs proches, l'entreprise a décidé de suspendre les recrutements de nouveaux patients dans les essais de ses traitements expérimentaux pour les maladies rares (acidémie méthylmalonique, acidémie propionique) et de l'essai de son vaccin contre le métapneumovirus humain.
Un point d'interrogation sur le suivi dans les maladies infectieuses
Les essais contre le cytomégalovirus (CMV) et le virus Zika ont quant à eux fait en principe déjà le plein en termes de recrutement. Mais certains des participants n'ont pas encore reçu la totalité des doses prévues et l'entreprise a conscience qu'une partie pourraient ne pas être en mesure de venir à temps en centre clinique pour recevoir la dose suivante à temps, voire pas du tout. Moderna évalue l'impact que ces retards pourraient avoir vis-à-vis de la cohérence des essais. La firme a également dû cesser de proposer son vaccin contre le métapneumovirus humain à de jeunes patients immunodéprimés (séropositifs). Les essais d'un anticorps contre le virus du chikungunya ont également été suspendus.
Le recrutement se poursuit au ralenti en cancérologie
Moderna continue le traitement des patients qui se sont déjà engagés dans les cycles d'essais pour ses trois principaux programmes en oncologie (cancérologie), et accepte les volontaires éventuels. "Néanmoins, les difficultés liées au Covid-19 entraînent un ralentissement des recrutements".
En somme à l'heure actuel, seul l'essai du vaccin contre le coronavirus, qui vise à recruter 45 patients, se poursuit (et pour cause) sans difficultés notables.
Mais au contraire de certaines entreprises de biotechnologies aux finances beaucoup plus contraintes, Moderna estime disposer d'un horizon financier de plusieurs années. Elle a levé 550 millions de dollars supplémentaires en février et a potentiellement accès à des subventions qui pourraient représenter jusqu'à 183 millions de dollars. Avec les 1,77 milliard de dollars en caisse à fin février, cela porte à 1,95 milliard le total de fonds sur lesquels elle peut compter.
En outre, mécaniquement le ralentissement des essais entraînera une diminution du rythme des dépenses. Et si les travaux sur le mRNA-1273 s'intensifient, Moderna explique être d'ores et déjà en discussions avec des bailleurs de fonds pour les financer.
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