(BFM Bourse) - La hausse des prix des matières premières et un épisode de grippe aviaire n'entravent pas la marche des affaires du leader européen du marché de la volaille. LDC, qui détient les marques Loué ou Marie, a déclaré bénéficier d'une "bonne visibilité" pour la suite de l'exercice après avoir annoncé de solides résultats semestriels.
Le leader européen du marché de la volaille n'est pas épargné par les tensions inflationnistes qui pèsent sur l'ensemble de la filière. En plus de composer avec une hausse des prix des matières premières, LDC (qui détient les marques Le Gaulois, Maître Coq, Loué ou Marie…) affronte une épidémie de grippe aviaire, rendant encore plus difficiles ses conditions d’activité actuelles.
Malgré ces vents contraires, LDC a publié mercredi dernier des résultats semestriels (clos en août) records et au-delà des attentes. Une performance qui a eu pour effet d'aiguiser l'appétit des investisseurs, le titre du leader européen de la volaille a progressé de 15% en Bourse les jours suivant cette publication alléchante. Depuis son plus haut annuel inscrit vendredi à 108,50 euros, l'action subit quelques prises de bénéfices ce lundi, et cède plus de 2%. Malgré ce léger repli, l'action reste encore bien orientée sur un mois (+12,9%) ou depuis janvier (+8,5%).
Pour la petite anecdote boursière, le groupe établi à Sablé-sur-Sarthe a adopté le "code mnémo" - qui permet de désigner une action par quelques lettres seulement - LOUP, qui peut se lire comme une contraction de LOUé et Poulet. Mais POUL aurait sans doute été encore plus parlant compte tenu de l'activité de LDC. De son côté, le nom LDC tire son origine de la fusion en 1970 des abattoirs "Lambert", "Dodard" et "Chancereul".
Des revalorisations tarifaires en soutien
Quelle est donc la botte secrète du leader européen de la volaille? Le groupe indique dans son point d'activité semestriel avoir répercuté les hausses des prix des matières premières et de ses charges à ses clients dans la volaille en France comme à l’international.
Les ventes semestrielles du pôle volaille hors amont enregistrent une progression de 11,4% en valeur à 1,83 milliard d'euros avec des volumes en baisse de 5,5% là où le pôle traiteur (Marie, Traditions d'Asie, WW...), affiche une hausse de 6,2% à 371,9 millions d'euros avec des volumes en repli de 2,8%. Concernant ce dernier pôle, le spécialiste explique cette performance par de nombreuses actions marketing sur le snacking et les plats cuisinés ainsi que par la bonne tenue de la marque Marie notamment au rayon surgelé.
LDC regrette que cette performance ne se traduise pas "dans les résultats du semestre en raison de revalorisations tarifaires insuffisantes pour compenser les hausses des matières premières alimentaires et des principaux postes de charges opérationnelles".
"Dans le traiteur, les hausses de prix sont violentes depuis février et les répercutions moins habituelles. Des négociations ont été engagées avec 4% de hausses déjà obtenues mais il reste là 16% à faire passer dont 7% en juin et 9% pour la rentrée de septembre" a déclaré son PDG Philippe Gélin à nos confrères de ZoneBourse.
Dans ce contexte, les ventes du semestre (mars à août) s’élèvent à 2,736 milliards d'euros contre 2,396 milliards d'euros au 1er semestre 2021-2022 en croissance solide de 14,2% (+13,2% à périmètre identique et taux de change constant). Les volumes commercialisés s’inscrivent de leur côté en recul de 3,3% et de 4,2% à périmètre identique. Du côté des marges, les revalorisations tarifaires obtenues ainsi que les performances industrielles et commerciales ont permis à LDC de soutenir sa rentabilité.
A fin août, l’excédent brut d’exploitation s'affiche en hausse de 21% sur un an, à 240,1 millions d'euros contre 198,3 millions d'euros au 1er semestre de l’exercice précédent. Il représente 8,8% du chiffre d’affaires de la période contre 8,3% à période comparable. Le résultat opérationnel courant s’élève de son côté à 120,9 millions d'euros et représente 4,4% du chiffre d’affaires contre 4,3% sur la même période de l’exercice précédent). Le résultat net part du groupe est en progression de 12,7% vers les 100 millions d'euros, à 93,9 millions d'euros contre 80,1 millions d'euros à période comparable.
Sur le semestre, LDC a réalisé les acquisitions de Matines (et son fonds de commerce) et Ovoteam (avec ses outils industriels), des initiatives qui marquent "l’accélération de la stratégie de développement du groupe sur ses activités œufs". Avec ces deux opérations, les activités œufs de LDC "dépasseront les 250 millions d'euros de chiffre d’affaires en année pleine".
Une "bonne visibilité" en deuxième partie d'année
En dépit du contexte inflationniste persistant, le numéro un de la volaille en Europe dispose d’une bonne visibilité sur la deuxième partie de son exercice 2022-2023 tout en restant "vigilant quant à la situation sanitaire pour l’instant maîtrisée et à l’évolution de la consommation à l’approche des fêtes de Noël".
Compte tenu de cette bonne visibilité, LDC affiche l’ambition de franchir le cap des 5,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur un an, associé à un taux de marge opérationnelle courant d’au moins 4,5%. L’atteinte de ces objectifs sera également conditionnée par l’obtention de hausses tarifaires indispensables dans l'activité traiteur.
Pour l’exercice 2023-2024, LDC indique être "déjà en ordre de marche pour faire face à l’inflation des coûts de l’énergie et des autres charges opérationnelles sur tous ses pôles et l’ensemble de la filière volaille (couvoirs, usines d’aliments et éleveurs)". Dans cette perspective, le numéro un de la volaille signale que de "nouvelles revalorisations tarifaires sont déjà en discussion avec l’ensemble des clients à hauteur de 10% en moyenne pour la volaille en France et de plus de 15% dans le traiteur."
Une feuille de route à 5 ans
Fait rare pour le souligner, LDC a fait part en mai dernier, de ses perspectives à 5 ans. "Nous n’avions effectivement pas pour habitude de communiquer nos feuilles de route à cinq ans", avait alors indiqué Philippe Gélin. "La nouvelle équipe avait à cœur de donner une vision à nos 24.000 salariés, à conserver et attirer de nouveaux talents et à donner un signal à la communauté financière à un moment où le cours de l'action n’est pas satisfaisant sachant que 10.000 salariés sont actionnaires de l’entreprise", ajoute le dirigeant à ZoneBourse.
LDC confirme ainsi l’ensemble des objectifs fixés dans le cadre de son plan stratégique à savoir franchir le cap des 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires à 5 ans. Cette ambition doit s’accompagner d’une progression de la rentabilité avec un objectif de près de 560 millions d'euros d’Ebitda sur l’exercice 2026-2027, matérialisant une progression de 40% par rapport à 2021-2022.
L’atteinte de ces objectifs va passer par des acquisitions majeures explique LDC à ZoneBourse. "Conformément à notre trajectoire des 21 dernières années où le groupe était sous la direction de Denis Lambert, nous visons une croissance annuelle de l’ordre de 8%, avec un équilibre entre la croissance organique et externe. La croissance externe concernera essentiellement le traiteur et l’international", ajoute Philippe Gélin.
Les cibles privilégiées par la direction de LDC sont des entreprises de 100 à 500 millions de chiffre d'affaires. "A l’international, nous comptons doubler le chiffre d'affaires pour atteindre 1,3 milliard d'euros en consolidant les pays où nous sommes présents (Pologne, Hongrie, Royaume-Uni…) et où nous pouvons nous appuyer sur nos équipes sur place ou à mettre un pied dans d’autres pays comme l’Allemagne, l’Italie, la Roumanie, les Balkans...", explique Philippe Gélin.
Dans l'activité traiteur, LDC entend réaliser des acquisitions structurantes sur de nouvelles familles de produits frais comme les salades et les pâtes fraîches. "Là aussi, le pôle devrait doubler et dépasser les 1,3 milliard d'euros de chiffre d'affaires et devenir n°1 du rayon traiteur en France en répondant au plus près aux attentes des consommateurs" conclut le dirigeant.
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