(BFM Bourse) - La banque américaine a abaissé son conseil sur la structure cotée de la banque mutualiste à "vendre" contre "conserver" précédemment. Elle estime que le groupe va connaître une évolution moins favorable de son bénéfice par action que ses comparables, avec également un retour à l'actionnaire moins important.
Crédit Agricole SA connaît plutôt un bon millésime en Bourse jusqu'à présent, avec une progression de son action de 15,8% depuis le 1er janvier contre 12% pour le CAC 40 sur la même période. La structure cotée de la banque mutualiste a d'ailleurs été l'un des grands gagnants des dernières saisons de publications (premier trimestre puis premier semestre). Après avoir dévoilé ses comptes des six premiers mois de 2023, son action avait gagné plus de 6%. Seul STMicroelectronics (+8,9%) avait fait mieux au sein du CAC 40.
Toutefois Goldman Sachs estime qu'il est désormais temps de prendre ses gains pour les investisseurs. Dans une note publiée ce mardi, la banque américaine est passée de "neutre" à "vendre" sur la valeur, et a réduit son objectif de cours à 11,5 euros contre 12,6 euros précédemment.
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Un bénéfice par action qui se tasserait
Goldman Sachs n'adresse pas de grief vraiment sévère envers Crédit Agricole SA. L'établissement américain note d'ailleurs que l'activité diversifiée de la société, grâce au fameux modèle de banque universelle, lui a permis d'afficher une rentabilité, mesurée par le ROTE, le retour sur fonds propres tangibles, supérieure à celle du secteur depuis 10 ans. La moyenne annuelle se situe à 10% contre 7% pour l'ensemble des banques de la couverture de Goldman Sachs. Idem pour la croissance de ses revenus (+53% pour Crédit Agricole SA sur l'ensemble des 10 ans contre +38% pour le secteur).
Seulement, Goldman Sachs estime désormais qu'il y a mieux à faire avec d'autres banques cotées, pour résumer.
Selon ses projections, Crédit Agricole SA devrait voir son bénéfice par action reculer en moyenne de 1% sur la période 2024-2025, alors que la progression moyenne du secteur sur la période se situerait à 8% (et 7% pour les banques européennes ainsi que 19% pour Société Générale et 7% pour BNP Paribas). Ce ralentissement serait essentiellement dû au pôle des services financiers spécialisés (SFS), avec notamment une activité plus faible dans le crédit à la consommation, selon l'établissement américain.
Or face à ces perspectives de bénéfice par action moins enviables, la plupart des comparables de Crédit Agricole SA (CASA) s'échangent à des niveaux de valorisation plus attrayants.
"Quand nous regardons Crédit Agricole SA par rapport à ses comparables de la zone euro (…) 90% de ses pairs de la zone euro dans notre couverture devrait livrer une croissance plus forte de leurs bénéfices que CASA sur les deux prochaines années alors que seulement 20% d'entre eux se négocient avec des multiples boursiers plus élevés", développe Goldman Sachs.
Un retour à l'actionnaire moins élevé
La banque note que CASA affiche un ratio de capital solide, grâce notamment au ratio de solvabilité du Groupe Crédit Agricole (17,6% à fin juin), sachant que c'est bien au niveau de la maison-mère que les régulateurs apprécient cette solvabilité.
Mais Goldman Sachs souligne que le retour aux actionnaires de Crédit Agricole SA devrait être inférieur à la moyenne du secteur. Pour 2024, elle s'attend à ce que les banques européennes versent un dividende représentant un rendement de 7,6% ce à quoi s'ajoute 3,6% de rachats d'actions pour un total donc d'environ 11%.
Si le rendement du dividende de CASA s'inscrirait dans la moyenne (7,2%), Goldman Sachs ne pense pas que la banque française procédera à des rachats d'actions en 2024 et en 2025. En conséquence son retour à l'actionnaire serait l'un des plus bas du secteur.
A la Bourse de Paris, l'action Crédit Agricole SA perd 2% vers 15h, accusant la deuxième plus forte baisse du CAC 40. Dans la mesure où le marché est baissier (le CAC 40 abandonne 0,2%) et que les recommandations à la vente sont rares et pénalisent souvent les actions citées, la valeur fait preuve d'une résilience assez remarquable.
Le fait que Crédit Agricole SA affiche une valorisation moins attrayante que d'autres banques fait relativement consensus au sein des analystes. "Par rapport aux autres banques françaises, le potentiel de 'rerating' (appréciation des multiples boursiers, NDLR) est plus limité", notait le mois dernier Jefferies.
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