(BFM Bourse) - L'agence de notation a dégradé d'un cran la note du groupe de distribution et a assorti à cette note une perspective négative. Elle estime que Casino risque d'avoir du mal à maintenir ses volumes cette année alors que la concurrence va rester élevée.
La pression augmente encore un peu plus sur Casino. Le groupe de distribution a vu sa note de crédit être dégradée d'un cran à "Caa1" par Moody's contre "B3" précédemment. L'agence de notation a de plus assorti à cette note une perspective négative, ce qui signifie qu'elle pourrait encore dégrader cette note à moyen terme.
Moody's explique que sa décision traduit les pertes continues de part de marché en France du groupe ainsi que ses décaissements de trésorerie, l'agence soulignant que Casino a brûlé environ 900 millions d'euros de cash sur son périmètre français l'an dernier. Sa dette demeure élevée, Moody's calculant un ratio d'endettement de dette brute ajustée rapportée à l'Ebitda (résultat brut d'exploitation) de plus de 7 au niveau du groupe. En valeur, Casino avait indiqué au début du mois que sa dette nette représentait 6,37 milliards d'euros à fin décembre au niveau du groupe, et 4,5 milliards d'euros en France.
"L'abaissement de la note reflète également le faible profil de liquidité de l'entreprise, qui devra compter sur le produit de son plan de cession d'actifs en cours pour rembourser les prochaines échéances de sa dette", ajoute Moody's. Casino doit encore refinancer ou rembourser environ 1,2 milliard d'euros d'obligations en circulation d'ici 2024 et 1,8 milliard d'euros de dette en circulation en 2025, rappelle-t-elle .
Le cash devrait rester négatif
L'agence s'attend à ce que Casino rembourse les échéances de 2024 par des cessions d'actifs, y compris la vente récente d'une participation minoritaire dans le groupe brésilien Assai pour environ 723 millions d'euros. La cession de cette part représentait 18,8% du capital et Casino possède encore 11,7% au capital de cette société.
Au passage, Moody's explique que sa dégradation prend également en compte le fait que la vente de la participations dans Assai réduit la diversification géographique du groupe et augmente son exposition au marché français.
Or justement , Moody's anticipe "un environnement économique de plus en plus difficile" pour la grande distribution en France, avec une inflation élevée qui affecte les dépenses de consommation, même pour les produits alimentaires. Dans ce contexte, l'agence pense que Casino peinera à maintenir ses volumes en 2023, "car l'inflation reste forte, la confiance des ménages demeure basse et la concurrence sur le marché français est ardue". La génération de trésorerie de la société devrait rester négative dans les 12 à 18 prochains moins, estime l'agence.
Moody's évoque aussi brièvement le rapprochement que Casino discute avec Teract, propriétaire de Jardiland et Gamm Vert. Si elle estime que cette opération pourrait renforcer la présence du groupe en France l'agence souligne que "la faisabilité et les conditions de cette transaction restent incertaines à ce stade".
Sans trop de surprise, Casino poursuit sa descente aux enfers en Bourse perdant 8,1% vers 10h15. Sa maison-mère Rallye, elle, abandonne 13,1%. Depuis le début de l'année Casino chute de 35%.
Déjà jeudi, Casino avait perdu 9,5% après les annonces de Rallye, qui avait pour sa perdu près de 11%.
Des marges de manoeuvre resserrées
Sous procédure de sauvegarde judiciaire depuis 2019, comme les autres holdings de Jean-Charles Naouri, PDG de Casino, Rallye a annoncé que "le facteur de risque lié à la mise en œuvre des plans de sauvegarde [était] accru".
La société a indiqué qu'elle allait se rapprocher de ses créanciers "afin d’examiner les possibilités et les modalités éventuelles d’aménagement de son plan de sauvegarde". Endettée à hauteur de 2,82 milliards d'euros, Rallye doit rembourser en 2025 un total de 2,067 milliards de divers passifs, selon le plan de sauvegarde. Or, l'exécution de ce plan dépend principalement de la capacité de Casino à verser des dividendes, ce que le groupe de distribution ne compte pas faire au titre de l'exercice 2022.
"Les marges de manœuvre de Rallye risquent d'être serrées, avec les tensions bancaires sur les marchés, les créanciers pourraient rechigner à accorder davantage de temps à la société", estime un intermédiaire financier. Pour ce dernier, au vu des récents évènements, "Casino pourrait accélérer son désendettement et son plan de cession, en vendant le reliquat de ses actifs en Amérique latine, voire vendre des actifs en France", juge-t-il. "2023 va être une année difficile à passer pour Casino", conclut-il.
Recevez toutes les infos sur CASINO GUICHARD en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email