(BFM Bourse) - L'action Carrefour efface une grande partie de ses gains de la veille, alors que le ministre de l'Economie brandit l'argument d'une "souveraineté alimentaire" pour s'opposer a priori au projet de rapprochement amical soumis par le détaillant québécois Couche-Tard.
L'idée d'une fusion ne passe pas. Faut-il dire adieu au prix de 20 euros proposé (sans engagement à ce stade) par le québécois Alimentation Couche-Tard pour chaque action du groupe français de distribution Carrefour? Le gouvernement français tire en tout cas à vue sur le ballon d'essai du groupe Couche-Tard, qui a révélé mardi soir discuter d'un potentiel rapprochement amical avec Carrefour.
L'entreprise nord-américaine, en pleine expansion à l'international, a ensuite précisé avoir soumis une lettre d'intention non-engageante sur la base d'un prix de 20 euros par action Carrefour, coupon attaché (ce qui signifie que le prix serait ajusté si la cible versait entretemps un dividende) et a priori majoritairement en numéraire plutôt qu'en actions.
Mais nous sommes en France, où le premier interlocuteur lorsqu'on parle d'une enseigne connue de l'opinion est le gouvernement, avant ses actionnaires. Et avec un bel ensemble, le ministre de l'Economie et la ministre du Travail ont sans ambiguïté dénoncé le projet au motif du maintien de la souveraineté alimentaire du pays.
Bernard Arnault et la famille Moulin premiers actionnaires
Car "le jour où vous allez chez Carrefour, chez Auchan, et qu'il n'y plus de pâtes, plus de riz, vous faites comment?", s'est exclamé Bruno Le Maire, interrogé sur France 5. "A priori, je ne suis pas favorable à cette opération", a déclaré le ministre, qualifiant donc Carrefour de "chaînon essentiel dans la sécurité alimentaire des Français, dans la souveraineté alimentaire".
Sur l'antenne d'Europe 1, la ministre française du Travail, Elisabeth Borne s'est de son côté dite "favorable à ce qu'il n'y ait pas de remise en cause de l'actionnariat actuel de Carrefour pour qu'il puisse poursuivre sa stratégie, donc opposée à un rachat".
Les principaux actionnaires de Carrefour, Bernard Arnault (patron de LVMH, qui a investi 1,5 milliard d'euros de son patrimoine personnel au capital du distributeur) et la famille Moulin (également propriétaire des Galeries Lafayette, qui a engagé pour 2 milliards d'euros) n'ont pas eu l'occasion de s'exprimer.
Le cours de Carrefour a baissé lors de quatre des cinq dernières années - le titre constitue l'un des plus mauvais investissements au sein du CAC 40, selon le palmarès BFM Bourse 2021 publié ce jeudi. Mardi, l'annonce de l'intérêt d'Alimentation Couche-Tard avait permis de lui redonner un peu de hauteur, soit +17% en séance (+13,42% en clôture). Mais le tir de barrage du gouvernement français provoque un retour en arrière, Carrefour rétrocédant 6,5% à 16,40 euros vers 10h00 jeudi.
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