(BFM Bourse) - Le concepteur du cœur artificiel Aeson qui arrivait à bout de ressources d'ici l'été a pu relever 40,5 millions d'euros lors d'une augmentation de capital prestement menée auprès d'investisseurs institutionnels, mais sans laisser de côté les particuliers. Via la plate-forme PrimaryBid, les petits porteurs ont cette fois pu souscrire.
La résolution de l'équation ne faisait pas grand mystère. Carmat ayant annoncé qu'au terme de l'exercice 2021 il ne lui restait plus que de quoi financer ses activités jusqu'en juillet, alors que les implantations (donc les ventes) de prothèses cardiaques ne pourraient reprendre qu'en octobre, il fallait a minima faire la soudure entre les deux échéances. Voire lever davantage que de quoi tenir simplement ces trois mois, étant peu probable que le niveau de ventes suffise dès la reprise des implantations à couvrir l'ensemble des charges.
La piste d'une augmentation de capital était d'autant moins difficile à prédire que c'est principalement de cette façon que se finance l'entreprise, avec déjà cinq levées de fonds en partant de l'introduction en Bourse. Carmat a ainsi déjà plusieurs fois pu compter sur la générosité d'actionnaires aux poches profondes, dont des entrepreneurs convaincus de l'ambition de l'entreprise comme Antonino Ligresti (fondateur de Générale de Santé), Pierre Bastid (ex-patron et actionnaire de Converteam, une entreprise rachetée par GE pour 2,7 milliards d'euros en 2011), ainsi que des fonds du family office de la famille Gaspard (propriétaire du géant du matériel de bureau Lyreco), ou encore un industriel de la pharmacie, Therabel, ou bien l'Etat français via Bprifrance (au travers de la holding dédiée Cornovum).
Une nouvelle fois, la plupart d'entre eux ont répondu présent pour apporter à la société de quoi continuer malgré ses récentes difficultés d'industrialisation: le bloc d'investisseurs stratégiques a apporté 36,5 millions d'euros lors d'une augmentation de capital réservée. Mais cette fois, les petits porteurs qui sont par définition exclus de ce type d'offre (qui constitue donc une dilution sèche puisqu'ils ne reçoivent pas de droit préférentiel de souscription monétisable) n'ont pas été oubliés, du moins pour ceux qui ont un compte chez un des courtiers qui propose l'offre PrimaryBid, lancée fin 2021 en France (à ce jour Bourse Direct, Boursorama et easyBourse).
Via ces courtiers, les actionnaires ont été prévenus hier soir en même temps du lancement de l'opération et de la possibilité d'y participer via PrimaryBid: la proposition a suscité 4,1 millions d'euros d'ordres, soit près de 10% du montant total de 40,5 millions levés.
Une décote de 20%
Le prix d’émission des actions nouvelles a été fixé à 10 euros par action dans tous les cas, représentant une décote de 19,7% par rapport au cours de clôture de lundi, et de 20,6% par rapport à la moyenne pondérée des cours des cinq dernières séances de bourse, conformément à l'autorisation donnée en assemblée générale.
Le volet PrimaryBid de l'opération constitue la troisième de ce type opérée en France, et de loin la plus importante en termes de montant levé et de nombre de souscripteurs. Les précédentes étaient celle d'Ecoslops, spécialiste du recyclage des résidus pétroliers ("slops" et "sludges") issus du transport maritime qui avait levé en octobre 6,4 millions d'euros dont 0,7 million via la plate-forme et Global Bioenergies (1 million d'euros sur un montant total de 14,5 millions).
"Je souhaite remercier l’ensemble des investisseurs, historiques et nouveaux, pour leur contribution au succès de ce financement important pour Carmat. Les fonds levés vont nous permettre de nous concentrer sereinement, au cours des prochains mois, sur la reprise des implantations de notre cœur artificiel Aeson, prévue dès le mois d’octobre 2022. Je suis notamment ravi de la participation d’un grand nombre d’investisseurs particuliers, rendue possible grâce à la plateforme PrimaryBid. Nous sommes très reconnaissants de leur soutien à Carmat, entreprise française unique dans le domaine des technologies médicales", a souligné le directeur général de Carmat Stéphane Piat. "Grâce à leur concours, et à celui de tous les autres investisseurs, nous nous rapprochons un peu plus de notre objectif de faire d’Aeson la première alternative à la transplantation cardiaque, et ainsi d’apporter une solution aux nombreux patients atteints d’insuffisance cardiaque biventriculaire terminale, qui se trouvent actuellement en situation d’impasse thérapeutique".
Avec cet apport, combinés aux ressources financières actuelles, Carmat estime pouvoir financer ses activités, selon son business plan actuel, jusqu’en mars 2023.
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