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CAC MID & SMALL

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Cac mid & small : Ces petites et moyennes valeurs bien placées pour profiter d'une BCE plus souple

samedi 8 juin 2024 à 12h00
Sarah Thirion stratégiste actions chez TP ICAP Midcap

(BFM Bourse) - Spécialiste des petites et moyennes capitalisations, Sarah Thirion, stratégiste actions chez TP ICAP Midcap, revient sur le récent rebond de ce compartiment de la cote qui a été complètement délaissé ces dernières années. Elle nous décrit aussi les facteurs qui pourraient confirmer ce retour en grâce de cet univers de valeurs.

L’année 2024 marquera-t-elle le retour en grâce des petites et moyennes capitalisations à la Bourse de Paris? Quelques signes avant-coureurs tendent à alimenter l’espoir de jours meilleurs pour cet univers.

Depuis le début de l'année, l’indice CAC Mid & Small, progresse de 8,3% quand son grand frère, le CAC 40, ne s'adjuge 6,10%. Et si on rétrécit la loupe à une temporalité plus courte, en l’occurrence trois mois, la performance est encore plus notable. Le premier indice cité bondit de 6,6% quand l’indice vedette parisien ne glane qu’un maigre de 0,85%.

Malgré ce récent rebond, les petites et moyennes capitalisations constituent des cibles de choix au regard de leur valorisation qui est "attractive". "Les valeurs les plus liquides de cet univers de la cote souffrent d'une décote de 20% en termes de ratio sur bénéfices, par rapport à leur moyenne historique sur 10 ans", avait avancé Olivier de Royère, gérant actions chez Montpensier Finance, en avril dernier à l'antenne de BFM Bourse.

Les small et mid caps n'ont donc pas dit leur dernier mot. Pour BFM Bourse, Sarah Thirion, stratégiste actions chez TP ICAP Midcap, nous livre son analyse sur les raisons expliquant la sous-performance de cet univers de la Bourse de Paris. Elle nous expose aussi les facteurs qui pourraient alimenter ce retour en grâce de cet univers de valeurs qui a été complètement délaissé ces dernières années.

BFM Bourse: Malgré leur récent rebond, les petites et moyennes capitalisations restent encore sous-valorisées. Quelle est la raison de ce désamour pour ce compartiment de la cote en France mais aussi au niveau européen?

Sarah Thirion: En effet, le fonds indiciel MSCI EMU Small a regagné plus de 25% depuis fin octobre 2023 et près de 7,5% depuis le début de l’année 2024 mais présente encore un ratio cours sur bénéfices 12 mois de moins de 14 fois, traduisant une décote de plus de 27% par rapport à l’historique à 5 ans et de 38% par rapport à l’historique à 10 ans.

Les small et mid caps ont pâti ces dernières années de leur biais domestique dans l’environnement macro-économique en zone euro (70% de leur activité), de la compression des multiples liée à la hausse des taux d’intérêt, de la crainte d’une crise de liquidité, de la sous-représentation de certaines thématiques telles que le luxe et les semi-conducteurs pour la croissance, la santé pour le biais défensif ou, encore à l’énergie, qui étaient au cœur des thématiques 2022 et 2023. Elles ont aussi été désertées au-delà des retraits manifestes de la classe d’actifs, par les grandes rotations autour des taux et de l’inflation qui animent les indices.

La persistance d’une décote élevée prouve qu’elles n’ont pas vraiment bénéficié ni de l’absence de récession en zone euro en 2024, ni de la moindre détérioration des conditions de crédit en zone euro, ni de la perspective de baisse des taux directeurs, ni de la stabilisation de l’euro.

Le retour de la liquidité est-il une condition essentielle à ce rebond? Quels autres facteurs peuvent venir en soutien?

La liquidité est évidemment un critère d’investissement majeur pour les investisseurs institutionnels. Mais l’absence de récession en Europe et l’assouplissement de la politique monétaire de la BCE devraient soutenir la classe d’actifs qui compte des histoires de croissance en début de vie mal valorisées dont la croissance bénéficiaire devrait s’améliorer et des pure players, des leaders, et de nombreuses entreprises familiales dont les intérêts sont alignés avec les nôtres.

Quelles sont les valeurs et/ou les secteurs qui seront les mieux à même de tirer profit du rebond de ce compartiment?

Le "retour d’affection" s’exprime progressivement sur les moyennes capitalisations avant de probablement ruisseler sur les petites. La prime ira aux leaders et aux valeurs uniques dans un premier temps. Dans cette catégorie, nous pourrions citer à titre d’illustrations le groupe Seb, ID Logistics, Pierre & Vacances, GL Events

Si les sociétés alignent de bons fondamentaux et un éventuel event driven (potentielle acquisition, potentielle situation spéciale, potentiel nouveau développement bonifiant le profil de croissance et de profitabilité) nous trouvons alors un "supplément d’âme" et de l’écho désormais auprès des institutionnels.

Il faudra de bonnes nouvelles sur le cycle économique de la zone euro pour que le compartiment reprenne de la hauteur de façon significative dans son ensemble puisque, par essence, les moyennes et petites capitalisations sont nettement plus cycliques (55% du MSCI EMU Mid) que les large caps (40% dans le MSCI Europe).

Le 22 et 23 mai, vous avez organisé votre 10ème conférence annuelle en partenariat avec Euronext. Parmi les 120 entreprises qui y étaient présentes, beaucoup de sociétés italiennes ont fait le déplacement… A l’échelle européenne, l’Italie constitue donc un gisement de pépites... Pour quelle raison?

L’Italie compte en effet un tissu attractif de PME présentant de fortes particularités et des niveaux de valorisation attractifs. Les small caps italiennes sont par ailleurs peu couvertes par les brokers globaux et souvent moins connues des investisseurs internationaux. En nous fondant sur la valorisation relative et les perspectives de bénéfice net par action, les small caps italiennes présentent de bonnes dispositions.

Dans cette conférence, quel était le ton des dirigeants présents? Quels enseignements peut-on en tirer?

Les fortunes sont diverses. Pour certains, la visibilité manque encore. La géopolitique, les élections, l’anémie de la Chine, l’intelligence artificielle sont autant de facteurs de prudence que les effets de base, qui modèrent le sentiment pour celles qui ont bénéficié de la reprise post-covid.

Inversement, les secteurs qui ont souffert aux lendemains de la crise financière indiquent que le point bas est passé en termes d’activité. A cet endroit de citer Figeac Aero, Groupe Seb, ID Logistics, Eurobio Scientific, GL Events, Eviso, Omer Decugis, Infotel par exemple. Allons là où la visibilité s’améliore.

La cote parisienne se dégarnit à vue d’œil avec les nombreuses opérations de rachat visant des petites et moyennes capitalisations, alors qu’à côté les introductions en Bourse de ce type d'entreprises sont bloquées depuis l'opération Stif en décembre 2023… Quel regard portez-vous sur ce phénomène?

L’attrition de la cote est manifeste depuis 2021. La décote n’a pas échappé aux investisseurs qui ont des temps longs. En effet, les fondateurs, industriels et fonds de private equity qui ont un horizon d’investissement différent du notre, ont multiplié les offres. En France seulement, selon l’AMF, 43 offres publiques ont été matérialisées en 2021, 32 en 2022 et 23 en 2023. La prime médiane offerte aux détenteurs d’actions a été de 30.5% en 2022 et de près de 43% en 2023.

Le besoin de financement des petites et moyennes entreprises reste intact mais la volatilité des marchés financiers n’a pas aidé à créer des opportunités majeures en termes d’introductions en Bourse en 2023. D’autre part, cette même volatilité aura fini d’achever d’éventuels projets en Bourse pour certaines entreprises de crainte de ne voir leur valorisation décorrélée de leur réalité économique.

La normalisation du cycle monétaire permettra peut-être de nouvelles introductions en Bourse dans les prochains mois et de constater que dans cette configuration, le sujet revient aussi d’abord par les moyennes capitalisations. Planisware, Puig l’ont illustré, puis celle d'Exosens vendredi et celle à venir du groupe italien Golden Goose.

TP ICAP Midcap a-t-il récemment aidé des entreprises à se coter en Bourse? Si oui lesquelles?

TP ICAP Midcap est la banque d’affaires du groupe qui adresse les besoins de financement des small et mid caps européennes en actions et en dette. Midcap a réalisé plus de 25 introductions en Bourse depuis sa création il y a 10 ans. L’équipe corporate ainsi que le management auront été à la manœuvre de plus de 100 introductions en Bourse dans leurs carrières.

L'année 2023 aura été un petit cru avec seulement 4 introductions en Bourse. Nous espérons que le marché nous permette d’envisager de belles opérations au deuxième semestre 2024 ou en 2025.

Propos recueillis par Sabrina Sadgui - ©2025 BFM Bourse
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