(BFM Bourse) - La configuration de l'indice CAC 40 (-0,08% à 4 350 points jeudi) demeure particulièrement lourde, lourdeur que ne doit pas masquer la relative résistance immédiate à de nouveaux dégagements. Une frange d'investisseurs se raccroche momentanément à une branche fragile: celle de l'espoir de voir la cloche qui couvre économie mondiale se lever progressivement.
Mais les chiffres macroéconomiques sont là pour rappeler durement la réalité. Ce vendredi matin, les salles des marchés prennent connaissance de cette dureté, avec une batterie de chiffres officiels chinois, dont une chute vertigineuse des ventes au détail de près de 16% en mars (rythme annualisé). Chute encore plus brutale que ne le laissait augurer le consensus pour le PIB au T1 en Chine (-6.8% sur un rythme annualisé), contre +6,0% en T4 2019...
Le bilan du coronavirus Covid19 est désormais, à l'échelle mondiale, de plus de 2 150 000 de cas confirmés, et de plus de 145 000 morts, selon les données compilées par l'Université Johns Hopkins.
Si le nombre de nouveaux cas quotidiens en Chine chute et que le taux d'utilisation des capacités de production reprend pleinement le chemin de la hausse, la propagation incontrôlable du virus à l'échelle de la planète rend encore indéchiffrable les conséquences sur l'activité économique. Les quatre principales puissances économiques de la Zone Euro (Allemagne, France, Italie, Espagne) sont particulièrement touchées. En particulier, 22 170 décès sont à déplorer en Italie, et 19 315 en Espagne. A noter que la Chine a officiellement revu à la hausse le nombre de morts du COVID19 de 1 290.
L'épicentre se positionne désormais sur les Etats-Unis, où près de 670 000 cas sont confirmés. Plus de 33 000 décès ont été recensés sur le sol américain, dont plus 11 000 pour la seule ville de New York. L'inquiétude est d'autant plus forte que le système de santé, observé à l'aune de la puissance économique des Etats-Unis, est finalement fragile.
"Malgré ce sombre rapport, le président américain persiste dans sa décision de réouvrir 19 ou 20 Etats parmi les moins impactés par le virus à partir du 1er mai. Bien que la plupart de ces Etats soient peu touchés, cela peut augmenter les risques d’une nouvelle propagation du fait des déplacements nationaux que le déconfinement pourrait occasionner", avançait V. Boy (analyste de marché chez IG France) hier matin.
"En raison de la pandémie, l'économie mondiale devrait connaître une forte contraction de 3 % en 2020, soit un recul bien plus marqué que lors de la crise financière de 2008-09", s'avançait le FMI (Fonds Monétaire International) mardi. "Selon un scénario de référence fondé sur l'hypothèse d'une atténuation de la pandémie au cours du deuxième semestre de 2020 et d'un relâchement progressif des efforts d'endiguement, l'économie mondiale devrait croître de 5,8 % en 2021, à mesure que l'activité économique se normalisera, grâce au soutien des pouvoirs publics."
Pour la seule Zone Euro, les projections 2020 de croissance du FMI sont désormais à -7,5%, et +4,7% pour 2021.
"Les marchés persistent dans la perspective d’une reprise économique importante dès le second semestre 2020 et oublient d’une part, que l’épidémie est toujours bien présente et ne réduit pas drastiquement et d’autre part que même si le pic était atteint le risque d’une seconde vague est énorme. Les entreprises et la population vont devoir s’adapter et la reprise en « big bang » que prône Donald Trump pourrait plutôt se transformer en croissance molle durant les prochains trimestres." prévient Vincent Boy, analyste chez IG France.
Au chapitre statistique, le jeudi est désormais jour de crispation une heure avant l'ouverture des débats sur les actions outre Atlantique, avec la traditionnelle publication des inscriptions hebdomadaires aux allocations chômage. Pour la semaine passée, ce nombre reste astronomique, avec 5 245 000. Concrètement, il s'agit du nombre de travailleurs particuliers qui ont rempli une demande d'assurance chômage pour la première fois durant la semaine considérée. A titre de comparaison, avant le cataclysme provoqué par la pandémie, avec mise sous cloche de l'économie, ce nombre parvenait à avoisiner les 200 000. Les Etats-Unis étaient alors en situation de plein emploi.
Chute brutale, davantage encore qu'anticipé pour le "Philly Fed", l'indice baromètre industrielle de la Fed de Philadelphie (-56.6 ce mois-ci) contre -12.7 en mars. Triste record à la baisse, également, sur ce baromètre sur l'ensemble de l'historique dont nous disposons.
Sur la cote parisienne, les compartiments dont l'activité est la plus affectée depuis le début de la crise sanitaire restent mal orientés. C'est notamment le cas de l'automobile (-3,87% à 11,295 euros pour Peugeot, 3,50% à 16 euros pour Renault), de la banque (-3,56% à 24,90 euros pour BNP Paribas) et de l'aéronautique (-2,92% à 53,20 euros pour Airbus, même si Safran s'offre un timide rebond de 1,4%). Également en difficulté, Publicis (-6,19% à 25,33 euros, plus lourde chute de l'indice phare) et Accor (-4,25% à 24,57 euros) lâchent encore du lest.
Côté smallcaps, Intrasense a bondi de 43,59% à 2,24 euros dans des volumes ahurissants, portant sa flambée depuis le début de la semaine à plus de 180%. La société montpelliéraine va mettre ce vendredi à disposition des praticiens une nouvelle version de son protocole de lecture d'imagerie médicale dédié à l’épidémie de coronavirus. Tous les détails ici.
De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices sur actions sont parvenus à clôturer dans le vert jeudi, avec l'espoir d'une relance rapide de la machine économique. Le Dow Jones a grappillé 0,14% à 23 537 et le Nasdaq Composite 1,66% à 8 532 points. Le S&P 500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, a gagné 0,58% à 2 799 points.
Alors que s'ajoute à cela la première salve de publications trimestrielles inquiétante -les six plus grandes banques américaines (avec Morgan Stanley jeudi) ont donné le coup d'envoi de la saison des résultats en faisant ressortir une hausse importante de leurs provisions pour risques de défaillances- les investisseurs se raccrochent donc aux espoirs de réouverture de l'économie américaine.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traite à un niveau proche des 1.0850$. Le baril de WTI, un baromètre de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 19,78$.
À l'agenda statistique ce vendredi, à suivre en priorité l'indice des prix à la consommation, hors alimentation, énergie, alcool & tabac (données finales) en Zone Euro à 11h00 et pour les Etats-Unis, l'indice des indicateurs avancés (Conference Board), à 16h00.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Nous mettions en garde nos lecteurs dans nos précédentes analystes sur la formation d'un piège à la hausse (bull trap) qui s'est déclenché mercredi. L'observation des secteurs qui ont participé à la baisse le plus intensément est particulièrement révélateur de la psychologie de marché. Un bémol toutefois, les volumes ne sont pas encore assez puissants pour valider pleinement l'expression de la bougie remarquable de jeudi, au corps allongé, et donc valider pleinement un retour aux pressions vendeuses initiales. Une phase d'observation s'impose. Avis neutre proposé à l'échelle de la séance à venir.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons identifiés, notre opinion est neutre sur l'indice CAC 40 à court terme.
On prendra soin de noter qu'un franchissement des 4600.00 points raviverait la tension à l'achat. Tandis qu'une rupture des 4117.00 points relancerait la pression vendeuse.
Le conseil BFM Bourse
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