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Après une bougie au corps rouge très prononcé lundi, le CAC a tracé une bougie à mèche très longue mardi. Alors certes les cours restent fermes après l'accord commercial signé entre Washington et Pékin, mais l'analyse graphique montre un questionnement légitime des intervenants de marché.
Pour rappel, le président des États-Unis, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ont noué un accord commercial ramenant les droits de douane imposés par les États-Unis sur les importations européennes à 15%. Sans terrain d'entente, Washington aurait infligé des taxes douanières de 30% à l’Europe à compter du 1er août prochain.
Cet accord, qualifié de "plus grand" jamais conclu en matière de commerce par Donald Trump, inclut un certain nombre d'exceptions, avec des produits taxés à 0% de la part des deux partenaires commerciaux, notamment les équipements aéronautiques, les équipements pour les semi-conducteurs, et certains produits agricoles. Mais pas les produits alcoolisés dont le sort doit être tranché "dans les prochains jours", a indiqué Ursula von der Leyen.
Le texte prévoit également que les Européens achèteront pour 750 milliards de dollars de produits énergétiques (pétrole, mais aussi combustible nucléaire) auprès des États-Unis et investiront pour 600 milliards de dollars de plus dans le pays.
"Si certains se réjouissent de la prévisibilité et de la certitude associées à l’accord commercial déséquilibré entre les États-Unis et l’Europe, ils se trompent lourdement", tranche Bruno Colmant, économiste membre de l'Académie Royale de Belgique.
"Ils sont, en effet, dans l’erreur, pour de multiples raisons : ces accords seront fluctuants, mobiles et plastiques en fonction des circonstances. Ils seront pénalisants par rapport au grand accord que les États-Unis vont signer avec la Chine, dans une réciprocité commerciale qui sera bénéficiaire aux deux pays, et donc négative pour l’Europe. Et surtout, une nouvelle condition va bientôt s’imposer : l’obligation pour les partenaires commerciaux des États-Unis de souscrire des obligations à (très) long terme émises par le Trésor américain, dont la dette est en augmentation stratosphérique."
Ce mercredi, c'est aussi "jour de Fed"...Les opérateurs jetteront un oeil attentif à l'issue demain soir du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC). Non pas qu'un suspense sur les taux soit insoutenable - un statu quo est acquis -, mais les intervenants jaugeront la tonalité communiqué pour donner des probabilités plus fines à un éventuel assouplissement monétaire à l'automne.
En tous cas pour ce FOMC estival, les derniers chiffres macroéconomiques en date, notamment sur le front de la consommation intérieure, militent pour un statu quo sur la rémunération des Fed Funds. L'outil FedWatch du CME Group chiffre à 97% les probabilités de statu quo, au grand dam de Donald Trump, qui ne cesse d'éructer son exigence de voir les taux directeurs fondre, traitant à tout va le patron de la Fed de "nigaud"...
"Tant que les décisions de la Fed continueront d'être guidées par les données économiques, et non par des pressions politiques, nous anticipons une baisse des taux de 100 points de base d'ici juin 2026", anticipe Claudia Panseri, Chief Investment Officer, UBS WM France, UBS Europe SE, Succursale de France. "Cette évolution érodera davantage la valeur des dépôts en liquidités, renforçant ainsi l'attrait des obligations de qualité, y compris les bons du Trésor américain (d'une maturité de cinq ans), qui, selon nous, devraient conserver leur rôle central dans le système financier mondial"
Au chapitre statistique mardi, les opérateurs ont pris connaissance de données sur l'emploi avec les nouvelles offres (JOLTS), légèrement en-deçà des attentes. En revanche, l'indice de confiance des consommateurs (Conference Board)a crû à 97,2 bien au-delà de la cible, confirmant l'excellente santé de la consommation intérieure, structurellement le premier moteur de création de richesse nationale outre Atlantique.
Côté valeurs, EssilorLuxottica a gagné 6,90% après avoir livré des résultats semestriels en ligne avec les attentes et donné des indications encourageantes pour le second semestre. a progressé de 1,7% alors que la rentabilité du groupe a progressé plus vite qu'espéré par les analystes au premier semestre. Orange a gagné 2,1% alors que le groupe télécoms a dévoilé des résultats "robustes qui augurent d'une nouvelle hausse du dividende", selon le bureau d'études indépendant Alphavalue. En forte baisse à l'ouverture, Stellantis clôture sur un léger gain de 0,1% après avoir dévoilé des perspectives décevantes pour le second semestre 2025.
Safran et Airbus ont gagné respectivement 2,1% et 1%. Dans une note publiée mardi, Royal Bank of Canada a écrit s'attendre à ce que Safran, qui publiera plus tard cette semaine ses résultats semestriels, relève ses objectifs pour 2025. Hors CAC 40, Rexel a rebondi de 5,5% après avoir publié une croissance supérieure aux attentes au premier semestre. TF1 s'est adjugé 6,2% après avoir publié une activité un peu meilleure qu'attendu au deuxième trimestre grâce à l'accélération de sa plateforme de streaming TF1+.
De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices sur actions ont lâché quelques points mardi, le Dow Jones se contractant de 0,64% et le Nasdaq Composite 0,38%, alors que s'intensifie le rythme des publications de comptes trimestriels. Le S&P500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, a perdu 0,30% à 6 370 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traitait à un niveau proche des 1,1550$. Le baril de WTI, l'un des baromètres de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 69,10$. Les Treasuries 10 years, rendement des obligations souveraines fédérales à échéance 10 ans, se négociaient légèrement au-dessus des 4,32%. Quant au VIX, il valait 15,98 à la dernière clôture du S&P500.
A l'agenda macroéconomique ce mercredi, à suivre en priorité outre Atlantique, les résultats de l'enquête mensuelle ADP sur l'emploi à 14h30 et la conférence de presse de la Fed à 20h30. Les données préliminaires très attendues du PIB allemand seront quant à elles publiées à 10h00.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
La sortie de camisole technique a été confirmée le 09/07, venant donner davantage de sens à la prise d'appui sur la moyenne mobile à 20 jours (en bleu foncé); et l'indice vient de valider une phase de pullback (rejet graphique).
Désormais, un range (canal latéral) d'une amplitude de 400 points s'esquisse, entre 7 500 et 7 900 points. C'est cette résistance à 7 900 points qui est actuellement testée. Un test pour l'instant en forme d'échec. Un échec corroboré par la séance du lundi 28 juillet, matérialisée par une bougie au long corps rouge, quasiment sans ombre ni haute, ni basse.
Ce range est large (400 points), et constituera le théâtre de l'expression des oscillations des prochaines semaines.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnées, notre avis est négatif sur l'indice CAC 40 à court terme.
Ce scénario baissier est valable tant que l'indice CAC 40 cote en dessous de la résistance à 7900.00 points.
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