(BFM Bourse) - Preuve qu'à ce stade, l'épidémie de coronavirus provoque sur les marchés des craintes légitimes, sans pour autant tourner à la psychose, le CAC 40, comme dans l'ensemble les classes d'actifs à risque, rebondissait hier. L'indice phare de la Bourse française gagnait en clôture 1,07% à 5 925 points.
Alors que le bilan se chiffre à plus de 100 morts, aussi dramatique qu'il puisse être, il est indispensable de relativiser ce taux de mortalité (autour de 2%), en le comparant par exemple à celui d'Ebola (près de 40%). A ce stade, la Bourse garde en mémoire les conséquences économiques de l'épidémie de SRAS (2003).
Les mesures prises par le gouvernement chinois, avec une prolongation de trois jours des congés du Nouvel an lunaire et les restrictions aux déplacements, couplées aux préoccupations du grand public, vont probablement freiner la demande des ménages en Chine et réduire le tourisme. Combiné au retard potentiel du retour des entreprises à une production normale (la plupart des usines auraient été fermées de toute façon en cette semaine de congés), le risque que la croissance de la Chine tombe en dessous de 6% en glissement annuel au premier trimestre augmente, notent Azad Zangana et Piya Sachdeva, économistes chez Schroders.
Pour le reste du monde, compte tenu du rythme déjà modéré de la croissance, les perturbations potentielles dans les prochains mois pourraient avoir un effet généralisé, la part de la Chine dans l'économie mondiale étant plus importante que jamais. Au moment de l'épidémie de SRAS en 2002, la Chine représentait 4,2% de l'économie mondiale et contribuait à 18% à la croissance du PIB mondial. En 2018, sa part du PIB mondial était passée à 15,8%, avec 35% de la croissance mondiale provenant de la Chine...
Au chapitre statistique, le point d'orgue d'une journée riche sur ce plan outre Atlantique (et désertique en Europe en revanche) a été atteint avec la publication de l'indice de confiance des consommateurs (Conference Board) en nette hausse à 131.6, largement au-delà des attentes. Cibles également battues pour les commandes de biens durables, l'indice manufacturier de la Fed de Richmond, et l'indice S&P Case Schiller des prix immobiliers dans une vingtaine d'agglomérations représentatives.
Côté valeurs, il est intéressant de noter que la réaction positive a été particulièrement forte sur les valeurs les plus touchées depuis le début de la semaine, à savoir Vallourec (+2,50% à 2,336 euros), LVMH (+2,74% à 412,0 euros) ou Faurecia (+3,20% à 43,82 euros). A noter que LVMH publiait, et a fait oublier momentanément les craintes liées à la propagation du coronavirus chinois: Le géant du luxe fait état de nouveaux résultats records au titre de l'exercice écoulé, justifiant une augmentation de 13% du dividende.
De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices sur actions ont réagi à la hausse, encouragés par la suite du bal des trimestriels et une batterie de statistiques économiques satisfaisantes. Le Dow Jones a gagné mardi 0,66% à 28 722 points, et le Nasdaq Composite, à forte "coloration" technologique, 1,43% à 9 269 points. Le S&P 500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, a progressé de 1,01% à 3 276 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traite à un niveau proche des 1.1010$. Le baril de WTI, un baromètre de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 54.00$.
À l'agenda statistique ce mercredi, à suivre en priorité, outre Atlantique, la balance commerciale des biens à 14h30, les stocks des grossistes, données préliminaires à 14h30, les ventes de logements en cours à 16h00, les stocks de pétrole à 16h30, la décision de politique monétaire à 20h00, suivie de la conférence de presse de la Fed à 20h30.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Concernant le cadre de fond, qu'il convient de rappeler, car il sert de base de travail:
L'appétit des acheteurs reste finalement, à ce stade, insatiable. Comme nous le précisions dans nos précédentes analyses, le décrochage très ponctuel des 02 et 03 décembre n'a aucunement remis en doute la qualité du biais de fond. Il a défini le cadre d'une respiration, qui au final aura été de très courte durée.
Cet épisode, du point de vue de la psychologie de marché, a répondu point par point dans son déroulé à l'épisode qui a suivi le décrochage ponctuel lui aussi, des 1er et 02 octobre. On remarquera dans les deux cas l'inflexion haussière rapide de la moyenne mobile à 20 jours (en bleu foncé) et le caractère imperturbable de la courbe de tendance de fond, la moyenne mobile à 100 jours (en orange).
Le mouvement de rally de fin d'année, est amené à se poursuivre en ce début d'année.
Une fois rappelé ce cadre de fond essentiel, qu'en est il de la situation à court terme ?:
L'indice phare français a parcouru mercredi à la baisse l'intégralité de l'ampleur du range (mince canal latéral) entre 6 000 et 6 065 points. Les 6 000 points, alors fragilisés, ont lâché, avant d'être regagnés. Après la séance de lundi, les 6 000 points basculent de nouveau en résistance, pour une durée désormais plus grande. Nous parlerons dans l'immédiat de phase de consolidation élargie. L'ampleur de cette figure élargie est en cours de définition. La réaction acheteuse précoce de mardi donne tout son sens à cette phase de définition.
Avis neutre à l'échelle de la séance à venir.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons identifiés, notre opinion est neutre sur l'indice CAC 40 à court terme.
On prendra soin de noter qu'un franchissement des 6000.00 points raviverait la tension à l'achat. Tandis qu'une rupture des 5725.00 points relancerait la pression vendeuse.

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