(BFM Bourse) - Après trois séances dans le vert, le marché parisien cède à nouveau aux inquiétudes, sous l'effet notamment du recul des valeurs du luxe dans un contexte de regain de craintes sur la conjoncture mondiale en raison des tensions commerciales.
Après avoir repris 2,3% à la faveur d'une séquence de trois séances consécutives de hausse (mais dans des volumes restreints), l'indice phare parisien reperd 0,49% à 5.466,14 points mardi vers 12h15, alors que les contrats à terme sur les indices américains annoncent une ouverture en repli de Wall Street au lendemain d'un week-end prolongé avec le Labor Day.
L'activité peine toujours à décoller sur le marché parisien, avec seulement 520 millions d'euros échangés à ce stade.
Les Etats-Unis et la Chine s'appliquant réciproquement de nouveaux droits de douane depuis dimanche, les opérateurs observent une grande prudence, d'autant que la Chine a fait savoir lundi qu'elle avait porté l'affaire devant l'Organisation mondiale du commerce.
Le marché est peut-être en train de changer son regard sur l’évolution du dossier sino-américain, observe Hervé Goulletquer, stratégiste à La Banque Postale Asset Management . Vis-à-vis des déclarations du président Trump, les investisseurs tendent maintenant à faire preuve de "scepticisme quand les propos font preuve d’optimisme et inquiétude quand ils participent d’une montée des tensions".
"Il faut dire qu’hier [lundi] le décalage entre la perspective dressée par chacun des deux camps était patent. Le locataire de la Maison Blanche parle de progrès dans les discussions, tandis qu’il apparaît que les officiels chinois ne font preuve que de peu d’empressement à fixer la date pour une rencontre physique au cours du mois qui commence", souligne le stratégiste.
En Europe, alors que le délai du 31 octobre se rapproche, la question du Brexit continue d'empoisonner le débat politique britannique. Certains parlementaires travaillistes, mais aussi des conservateurs mécontents, tentent de reprendre la main pour éviter à tout prix une sortie sans accord. "L’initiative paraît suffisamment crédible pour que Boris Johnson agite la perspective d’une élection générale le 14 octobre prochain. Celle-ci est une sorte de menace lancée aux députés conservateurs hostiles à la politique du gouvernement et qui ambitionnent de se faire réélire : ils ne seraient pas adoubés par le parti. Mais, dans ce cas, que valent les sondages qui disent que les Conservateurs font la course en tête dans les intentions de vote ? "Une partie non négligeable des électeurs "tories" n’est pas pour une sortie sèche de l’UE" détaille encore Hervé Goulletquer. "La situation, là aussi, reste confuse. Une fois encore, le signal pour l’économie et les marchés n’est pas bon." La livre sterling est la première à en faire les frais, tombant à un plus bas depuis octobre 2016 face au billet vert. Mais l'euro n'est guère en forme non plus, reculant de 0,28% à 1,0940 dollar, tandis que se profile la prochaine réunion de la Banque centrale européenne, le 12 septembre.
L'aversion au risque s'étend également au marché pétrolier, avec un recul de 1,56% du cours du WTI à 54,23 dollars tandis que le Brent, le pétrole de la Mer du Nord, cède 1,21% à 57,93 dollars le baril.
Au sein du palmarès de la Bourse de Paris, le contexte pénalise notamment les poids lourds de la cote que sont les valeurs du luxe Kering (-2,5%) et LVMH (-1,34%). Airbus, meilleure performance de l'indice depuis le début de l'année, cède près de 1%.
En dehors de l'indice phare, l'opérateur télécoms Iliad, maison-mère de Free, chute de 4,9% à l'annonce de comptes semestriels inférieurs aux attentes, affectés par la concurrence toujours vive sur le marché français et par les coûts liés au déploiement de son offre en Italie.
La biotech lilloise Genfit perd 2,4% alors que le PDG a annoncé vouloir prendre du recul, en se consacrant au poste de président du conseil d'administration et confiant les commandes opérationnelles à Pascal Prigent, qui deviendra directeur général dès le 16 septembre, tandis que chez l'opérateur satellite SES c'est le départ du directeur financier qui est mal accueilli (-5%).
Le secteur des dispositifs médicaux est par ailleurs fortement attaqué, avec plus de 10% de baisse pour Median Technologies, -7,8% sur Spineguard ou -7,2% pour Amplitude Surgical et -6,2% pour Intrasense.
Parmi les rares progressions du jour, Sanofi (+1,8%) poursuit son avance, tandis que Renault prend 1,4% dans la perspective du départ du directeur de l'Alliance, relançant les spéculations quant à une évolution stratégique du groupe, le lien avec Nissan ayant fortement joué dans l'abandon du projet de fusions avec Fiat Chrysler.