(BFM Bourse) - Tourmentée par la dégradation des relations entre Pékin et Washington qui éclipse l'actualité des entreprises et un indicateur encourageant pour l'économie de la zone euro, la Bourse de Paris termine la semaine sur un repli de 1,54%.
Fin de semaine difficile pour le marché parisien, affecté par le regain de tensions diplomatiques entre les deux plus grandes puissances économiques mondiales. S'il a effacé une partie des pertes accumulées au cours de la matinée, le baromètre de la place parisienne cède tout de même 1,54% à 4.956,43 points, dans un volume d'échanges restreint de moins de 2,9 milliards d'euros, signe du moindre appétit pour le risque des investisseurs. À noter que c'est la première fois depuis deux semaines que le CAC boucle une séance sous le seuil des 5.000 points.
"Les investisseurs n'ont d'autre choix que de réduire le risque"
"Les marchés actions affichent de larges pertes alors que les tensions entre la Chine et les Etats-Unis s'intensifient", commente David Madden, analyste pour CMC Markets. "Les investisseurs craignent que ce puisse être le début d'une escalade entre les deux plus grandes économies mondiales", souligne-t-il. "Les choses pourraient tourner au vinaigre durant le week-end, alors les investisseurs n'ont d'autre choix que de réduire le risque", estime aussi Stephen Innes, stratégiste chez AxiCorp.Déjà alimentées par les différends commerciaux et les accusations mutuelles sur l'origine du Covid-19, les tensions sino-américaine étaient montées d'un cran ces dernières semaines avec l'imposition par Pékin d'une loi sur la sécurité nationale à Hong Kong.
L'escalade s'est poursuivie dans la matin puisque Pékin a ordonné la fermeture du consulat des Etats-Unis dans la grande ville de Chengdu (sud-ouest), trois jours après la décision américaine de fermer le consulat de Chine à Houston considéré par Washington comme "plaque tournante de l'espionnage" chinois et "du vol de propriété intellectuelle" américaine. Déjà alimentées par les différends commerciaux et les accusations mutuelles sur l'origine du Covid-19, les tensions sino-américaines étaient (re)montées d'un cran ces dernières semaines avec l'imposition par Pékin d'une loi sur la sécurité nationale à Hong Kong. Le retour des tensions géopolitiques fait passer au second plan les résultats des entreprises au deuxième trimestre dont la saison bat son plein à Paris.
Par ailleurs, les nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage ont progressé pour la première fois depuis leur lente décrue entamée début avril aux Etats-Unis. "De nouvelles augmentations d'inscriptions hebdomadaires au chômage dans les deux à trois semaines prochaines (...) jetterait à nouveau une ombre sur le scénario très optimiste d'une reprise en V", à savoir un redressement aussi vif de l'économie que la contraction a été brutale, toujours selon Michael Hewson.
Un indicateur a néanmoins apporté un peu de réconfort aux investisseurs européens ce vendredi: celui de l'activité privée dans la zone euro, qui a progressé en juillet, pour la première fois depuis février, atteignant même son niveau le plus élevé en deux ans, selon la première estimation de l'indice PMI composite du cabinet Markit.
Wall Street encore plombé par le secteur technologique
La Bourse de New York a ouvert en baisse vendredi, affectée par les annonces décevantes d'Intel et les tensions croissantes entre les Etats-Unis et la Chine. Au lendemain d'un vif repli (entre 1,31% pour le Dow et 2,29% pour le Nasdaq), les principaux indices de Wall Street évoluent de nouveau en territoire négatif en fin de matinée vendredi, le S&P et le Dow lâchent 0,5% quand le Nasdaq recule de 0,6%. Intel abandonne 15%.
Le compartiment technologique en souffrance
Côté valeurs, le secteur de la technologie lâche du lest dans les premiers échanges en Europe après la publication mal accueillie la veille d'Intel, qui a perdu 9% dans les échanges après la clôture de Wall Street après avoir annoncé que le développement de l'un de ses processeurs avait pris six mois de retard. Au sein du CAC, Dasault Systèmes recule de 5,3% et Worldline de 5%. STMicroelectronics perd 2,7%, Capgemini 2,4% et Atos 2,3%.De son côté, Dassault Aviation lâche 5,6% après avoir enregistré un bénéfice net en chute de 87%. Son PDG Eric Trappier observe une "remontée forte de l'activité aérienne" dans l'aviation d'affaires ces dernières semaines. Airbus se replie également de 2,1% après sa mise en conformité avec les règles de l'OMC dans le vieux conflit commercial qui l'oppose à Boeing. Le repli le plus prononcé des valeurs de l'indice phare est pour Thales (-6,6%).
Si Publicis (+2,8%) reste sur sa lancée de la veille, quelques valeurs défensives ont également bien résisté ce vendredi, notamment Carrefour (+0,6%) et Total (+0,4%).
Compagnie des Alpes s'effrite de 3%, son activité s'étant effondrée de 92,5% au troisième trimestre 2019-2020 mais s'améliorant régulièrement dans les parcs depuis leur réouverture.
Plusieurs publications trouvent néanmoins grâce aux yeux des opérateurs. OL Groupe termine proche de l'équilibre (-0,5%), la holding qui chapeaute l'Olympique lyonnais s'étant montrée confiante dans sa capacité à atteindre ses objectifs financiers à l'horizon 2023/2024 "si la crise sanitaire actuelle est résolue à court terme". Le concepteur et fabricant de matériels et accessoires de loisirs interactifs Guillemot bondit de 9,7% (l'une des toutes meilleures performances de la cote parisienne), le groupe ayant bénéficié d'une forte demande des consommateurs et de records de fréquentation sur les sites Hercules (matériel musical) et Thrustmaster (volants, joysticks, manettes pour PC) et leurs boutiques en ligne. LDLC (commerce en ligne) prend également 9,3%.
L'euro sur sa lancée, l'once d'or à 20 dollars de son sommet historique
Les cours des deux références mondiales de pétrole brut repartent à la baisse vendredi après-midi, également préoccupés par le regain de tensions diplomatiques. Le baril de Brent recule de 0,83% à 42,95 dollars quand le WTI lâche 0,71% à 40,78 dollars.Enfin, Le regain d'aversion au risque provoqué par les tensions sino-américaines ne parvient pas à freiner l'euro, qui évolue au-dessus de 1,16 dollar, au plus haut depuis fin 2018, à 1,1635 dollar (+0,33%).
Également à signaler, le spectaculaire mouvement haussier sur l'or. Dans un contexte d'incertitudes géopolitiques, l'once du précieux métal jaune s'est appréciée de plus de 5% sur la semaine pour franchir ce jour le seuil des 1.900 dollars pour la première fois depuis 2011, à 20 dollars de son plus haut historique.