(BFM Bourse) - Après avoir enchaîné huit séances consécutives de hausse et inscrit un nouveau pic absolu ce mardi en séance, le CAC 40 a été affecté par l'ouverture négative à Wall Street et termine la séance sur un repli anecdotique (-0,06%).
On commençait à penser le CAC 40 insubmersible, inexorablement attiré par de nouveaux records mais le spectaculaire "rally" qui a permis au baromètre de la cote tricolore d'inscrire de nouveaux sommets historiques s'interrompt ce mardi. Resté sur une série de huit hausses consécutives, inédite depuis avril 2019 (+4,4% sur la période à la clôture de ce lundi), l'indice vedette de la cote tricolore a pourtant touché un nouveau pic absolu en début d'après-midi (à 7.079 points), avant que l'ouverture contrariée de Wall Street n'inverse la tendance. Le suspense aura tenu jusqu'au "fixing" mais le baromètre du marché parisien a donc finalement bouclé cette séance sur un recul marginal de 0,06% à 7.043,26 points.
Le CAC 40 n'égalera donc pas cette fois ses séries de juillet 2015 et juillet 2009 (9 hausses consécutives), et encore moins son record de novembre 1999 (13 séances d'affilée dans le vert...).
Si nombre d'observateurs, et pas des moins avisés, s'inquiètent du niveau élevé de l'inflation, qui pourrait s'accompagner l'an prochain d'un premier relèvement des taux directeurs aux Etats-Unis, la menace du coronavirus apparaît quant à elle moins pressante grâce notamment aux avancées médicales inédites intervenues depuis l'an dernier -et au fait que la pandémie s'est si rapidement propagée qu'une partie de la population mondiale a malgré tout acquis une certaine immunité, au prix dramatique de nombreuses victimes.
Se tournant vers l'avenir comme toujours, les marchés financiers notent qu'alors que 80% des entreprises ayant publié ont dépassé les attentes des analystes au 3e trimestre, la demande des consommateurs apparaît toujours aussi forte à l'approche de la période des fêtes, ce qui devrait continuer à tirer l'activité des sociétés qui s'efforcent de s'organiser pour y répondre malgré les difficultés d'approvisionnement. Sans parler d'un facteur psychologique important: lorsque les marchés sont au plus haut, la majorité des investisseurs (sauf à avoir parié systématiquement sur le mauvais cheval) sont en situation de plus-value latente. Et n'ont donc pas vraiment de propension à vendre... ce qui alimente le mouvement haussier.
Wall Street temporise avant de nouveaux chiffres sur l'inflation
Au lendemain d'énièmes records (le 8e consécutif et 66e de l'année pour le S&P), les indices new-yorkais interrompent donc également leur progression quasi-continue depuis de longues semaines. Alors que le rythme des publications trimestrielles se tarit sensiblement cette semaine, les opérateurs vont reporter leur attention sur l'inflation, avec la publication mercredi de l'indice des prix à la consommation pour le mois d'octobre. Ce mardi, c'était l'indice des prix à la production qui était à l'agenda, et celui-ci est ressorti encore très haut mais légèrement inférieur aux attentes (+8,6% sur un an en octobre, contre un consensus à +8,7%). Ce niveau est néanmoins le plus élevé depuis que ces données ont commencé à être calculées fin 2010. Les taux sur les bons du Trésor ont bien réagi à cette statistique, se détendant à 1,44% contre presque 1,49% la veille. "La réponse positive du marché obligataire est probablement due à la notion persistante que l'inflation est à son pic et qu'elle devrait s'améliorer dans les mois à venir", selon Patrick O'Hare de Briefing.com. À 18h10, le S&P cède 0,5%, le DJIA 0,6% et le Nasdaq 0,7%.Nissan en meilleure forme
Sur le marché parisien, Renault a mené le peloton avec un gain de 3,8% grâce au relèvement des objectifs annuels de son partenaire Nissan. Le constructeur japonais, qui a renoué avec un résultat opérationnel positif au second trimestre de son exercice 2021-2022 malgré les réductions forcées de production, ce qui pousse à l'optimisme vis-à-vis des capacités de l'industrie à résister aux difficultés d'approvisionnement.
Dans le secteur du luxe, si Hermès (-1,8%) a accusé le coup après la dégradation du conseil de Goldman Sachs, Kering a signé une cinquième séance consécutive de progression à +2,7%. Teleperformance a pour sa part profité (+1,9%) des commentaires favorables de plusieurs bureaux d'études dans le sillage de ses récents trimestriels. Des groupes aussi divers qu'Eurofins, Carrefour, Vivendi ou Total étaient également bien orientés.
Parmi les rares baisses notables, outre Hermès, Worldline (-3,6%) a subi une troisième sanction d'affilée, décidément toujours pas remis de la déception du 20 octobre dernier quand le titre avait perdu plus de 20%. ArcelorMittal a accusé la plus forte baisse du jour (-3,7%), pénalisé par la relative détente sur les cours des métaux.
Le lot des publications du jour se traduit par un recul de 2,2% pour Euronext, les objectifs dévoilés par le groupe (soit une croissance annuelle moyenne de 3 à 4% de son chiffre d'affaires d'ici à 2024, avec une progression de l'Ebitda comprise elle entre 5 et 6%) n'ayant pas l'air de satisfaire les opérateurs. Inversement Maisons du Monde a pris 1,5%, le fabricant d'articles de décoration et de mobilier visant des ventes comprises entre 1,8 et 1,9 milliard d'euros en 2025, grâce à un taux de croissance "élevé à un chiffre". La société prévoit également d'amener à environ 11% sa marge d'Ebit d'ici 2025 (à comparer à une indication de 9 à 9,5% pour 2021), et de générer environ 350 millions d'euros de free cash-flow cumulé sur la période 2022-2025 grâce à son modèle de croissance rentable, allié à un faible niveau d'endettement, une discipline stricte dans les investissements et l'optimisation du besoin en fonds de roulement.
Nouveau record du bitcoin
Du côté des petites sociétés techno émergentes, c'est Arcure qui s'est distingué (+12,5%) grâce à l'annonce de premières commandes passées par un nouveau client aux Etats-Unis, représentant un volume d'affaires significatif par rapport à la taille actuelle de cette entreprise spécialiste des systèmes de vision pour engins et chariots industriels.
Si le marché des changes est peu animé, avec une parité euro/dollar pratiquement stable (+0,02% à 18h15) à 1,1591, celui des cryptomonnaies est plus que jamais en ébullition. Le bitcoin pour ne citer que lui se traite en hausse de plus de 1% à 660500 dollars, après une pointe à plus de 68.000 dollars, niveau jusqu'alors inédit.
Les cours pétroliers profitaient eux aussi de l'optimisme ambiant, le contrat à terme sur le Brent européen avançant de 0,54% à 83,88 dollars (+1,51% à 83,17 dollars pour le WTI étasunien), encouragés par les perspectives favorables du côté de la demande notamment aux Etats-Unis. Le PDG du géant du négoce de matières premières Vitol a par ailleurs affirmé ce mardi que la demande mondiale d'or noir est déjà revenue à son pic pré-pandémique, à plus de 100 millions de barils par jour.