(BFM Bourse) - Les trois établissements cotés, à savoir BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole SA publieront leurs résultats du deuxième trimestre les 24 et 31 juillet prochains. Les analystes estiment que la banque rouge et noire a de bonnes chances de se distinguer tandis que les deux autres établissements devraient livrer des copies correctes ou mitigées.
Les banques ne sont pas les pensionnaires du CAC 40 qui ont le poids le plus important au sein de l'indice parisien. Aucun établissement ne figure parmi les dix premières capitalisations boursières du grand baromètre de la place tricolore. BNP Paribas, avec ses 87,2 milliards d'euros ne pointe qu'au douzième rang. La première banque française reste par ailleurs loin, très loin, de JPMorgan, le premier établissement au monde sur ce critère, et ses 682 milliards d'euros, environ.
Longtemps les banques françaises ont été tenues à l'écart des bonnes performances de leurs consœurs européennes, notamment parce que la période de taux élevés de 2022 à 2024 leur bénéficiait bien moins.
Les banques tricolores prêtent à taux fixes dans leur principal marché, la France (au contraire par exemple du Royaume-Uni ou de l'Espagne), alors que les taux des produits d'épargne réglementés (comme le Livret A) augmentent avec l'inflation. Ce qui se traduit par une rémunération des dépôts plus coûteuse. Autrement dit, leurs revenus ne progressaient que lentement alors que la rémunération qu'elles versaient aux épargnants grimpait.
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Le réveil des banques françaises en Bourse
Mais en ce début d'année 2025, les banques françaises connaissent un réel réveil boursier. Les trois groupes font partie des plus fortes hausses du CAC 40. Crédit Agricole SA s'adjuge 20,2%(*) (14e), BNP Paribas prend 30,3% (6e) et Société Générale trône en haut de l'indice, avec une progression de 82,8%. Ces hausses s'avèrent, pour une fois, cohérentes avec l'ensemble du secteur européen. L'indice Stoxx Europe 600 Banks prend 31,6% depuis le début de l'année.
Les banques du Vieux continent offrent, dans leur ensemble une valorisation attrayante, des fondamentaux solides avec un potentiel de croissance renforcée par la volonté de l'Allemagne, notamment, de renforcer sa croissance.
Dans une note publiée en mai, Barclays écrivait que les investisseurs américains avaient une opinion positive du secteur en Europe, jugeant que les risques macroéconomiques avaient diminué pour les banques. L'absence d'exposition directe du secteur aux droits de douane a également pu jouer.
Les banques françaises, plus particulièrement, présentent une importante diversification et sont moins exposées que leurs consœurs (notamment irlandaises, espagnoles et italiennes) aux métiers dépendants de l'évolution des taux d'intérêt. Ce qui les rend plus attrayantes lorsque les taux et l'inflation baissent (ce qui est le cas depuis plusieurs mois). Par ailleurs, les trois groupes ont tiré partie de la robustesse de leurs activités de marché sur les derniers trimestres.
Des bénéfices attendus en baisse
Dans ce contexte, que peuvent réserver les prochains résultats trimestriels qui seront publiés par les trois banques? BNP Paribas livrera ses comptes le 24 juillet tandis que Société Générale et Crédit Agricole SA lui emboîteront le pas une semaine plus tard, le 31 juillet.
Bank of America s'attend, globalement, à ce que les bénéfices des trois groupes reculent, tablant sur un repli moyen de leur résultat net par action de 4%. La croissance de leurs revenus, le produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires) pourrait s'avérer "modeste".
La reprise dans la banque de détail et dans les services spécialisés (comme le financement automobile et le crédit à la consommation) devrait être contrebalancée par une baisse sur un an des revenus dans les métiers de gestion de l'épargne (gestion d'actifs, gestion de fortune) et dans la banque de financement et d'investissement.
Par ailleurs, malgré un bon contrôle des coûts, Bank of America estime que les banques françaises feront face à un effet ciseau négatif, c'est-à-dire que leurs dépenses progresseront plus que leurs revenus.
L'établissement estime que les investisseurs seront attentifs aux commentaires des trois groupes sur l'impact des droits de douane pour leur croissance ainsi que sur leurs perspectives de rentabilité de long terme, dans la mesure où leurs plans stratégiques s'achèvent tous en 2025 ou 2026.
UBS, de son coté, écrit qu'elle surveillera plus particulièrement les dynamiques de taux dans la banque de détail en France et les efforts sur les coûts entrepris par BNP Paribas et Société Générale.
Société Générale parée pour briller
Cette dernière est particulièrement appréciée des analystes. Société Générale est la valeur préférée de Morgan Stanley, Bank of America et Jefferies, pour ne citer qu'elles. Bank of America et Jefferies s'attendent plus particulièrement à ce que les résultats du deuxième trimestre constituent un catalyseur pour l'action de la banque de La Défense.
"Nous pensons que la solidité du capital de la banque et la pérennité de l'amélioration de ses résultats devraient permettre à la direction d'annoncer un dividende par action intermédiaire de 65 centimes", soit 40% du coupon attendu au titre de 2025, écrit Jefferies.
Bank of America pense que Société Générale activera dès le second semestre sa politique de retour à l'actionnaire.
La banque avait prévenu en début d'année qu'elle redistribuerait à ses porteurs son excédent de capital à partir du moment où son ratio CET 1 (les fonds propres rapportés à l'encours pondéré des risques) dépassera 13%. Bank of America estime que Société Générale arrivera à un ratio de 13,5% à fin juin 2025.
L'établissement américain s'attend à ce que la banque française annonce lors de la publication de ses résultats qu'elle a décidé de solliciter l'approbation de la Banque centrale européenne (BCE) pour lancer un programme de rachats d'actions. Sans en préciser le montant toutefois, car Bank of America estime que Société Générale ne le dévoilera qu'une fois le feu vert de l'institution européenne obtenu.
Jefferies dresse le même constat, à savoir que Société Générale redistribuera l'excès de capital au-dessus du seuil de 13% de son ratio CET 1. Le bureau d'études anticipe dans cette optique que la banque rachètera pour 1,25 milliard d'euros d'actions au titre de 2025.
Royal Bank of Canada juge aussi que les résultats de Société Générale pourraient apporter leur lot de bonnes nouvelles. La banque canadienne écrit s'attendre à ce que "la publication du deuxième trimestre soutienne la thèse d'une distribution de capital plus élevée chez Société Générale et d'un potentiel supplémentaire d'amélioration de l'efficacité". L'établissement canadien considère toutefois que ces bonnes nouvelles sont déjà intégrées dans le cours de l'action.
À "neutre" sur le titre, UBS estime que les annonces autour des rachats d'actions seront "importants" pour l'évolution de l'action à court terme.
Des publications de BNP Paribas et Crédit Agricole SA moins brillantes?
Les analystes sont moins enthousiastes quant aux publications de BNP Paribas et de Crédit Agricole SA. Jefferies ne pense pas que cette saison des résultats constituera un catalyseur pour ces deux banques.
L'intermédiaire financier s'attend à ce que BNP Paribas publie des résultats tout simplement en ligne avec les attentes. Elle anticipe une progression de 2,4% de ses revenus au deuxième trimestre, et estime que la dynamique accélèrera ensuite au second semestre.
Pour Crédit Agricole SA, même si Jefferies ne s'attend pas à ce que le marché soit transcendé par ses résultats, le bureau d'études estime que le consensus (et donc les analystes) n'ont pas pris en compte certains éléments, notamment les gains permis par la fusion de son groupe de gestion d'actifs, Amundi, avec l'américain Victory Capital. Ce qui explique que sa prévision de bénéfice par action est supérieure de 9% à celle du consensus.
De son côté, Bank of America table sur des résultats "décents" pour BNP Paribas, dans le contexte d'une année 2025 qui devrait témoigner d'une amélioration des performances de la banque de détail en France et en Belgique ainsi que dans le financement automobile et la gestion d'actifs. Mais Bank of America s'attend à que ces progressions soient surtout constatées au second semestre.
Pour Crédit Agricole SA, Bank of America anticipe un trimestre "mitigé" en raison notamment d'une base comparaison élevée. Les revenus devraient, selon elles, progresser de 1% mais l'effet ciseau serait négatif à hauteur de 1 point de pourcentage. Si elle apprécie la qualité des métiers de la banque, notamment dans la gestion de l'épargne, elle ne voit pas de catalyseur positif à l'horizon.
(*) Les variations et le classement ont été arrêtés à la clôture de jeudi soir.
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