(BFM Bourse) - La société termine son exercice en perte pour la première fois en 20 ans. Pour l'année 2022/2023, le spécialiste de l’automobile d'occasion concède avoir une visibilité" limitée" sur ses marchés du fait d'un environnement économique et géopolitique compliqué.
Aramis Group cale et pas qu'un peu. Le spécialiste de l'automobile d'occasion chute à la Bourse de Paris après avoir publié des résultats semestriels dégradés. Le groupe piloté par Guillaume Paoli a, en effet, annoncé une perte au titre de son exercice décalé 2021/2022 (clos en septembre).
"C'est la première année depuis 20 ans où on est en perte, temporairement affecté par la pénurie de véhicules neufs", a déclaré Guillaume Paoli à l'antenne de BFM Business. Les investisseurs sanctionnent ce dérapage des comptes annuels: le titre se replie de plus de 8% ce vendredi à 4,32 euros, vers 10h20.
Pourtant, le niveau d'activité affiché par le groupe du Val-de-Marne (siégeant à Arcueil) est en forte croissance de 40% sur un an par rapport à l'exercice 2020/2021. Le chiffre d’affaires annuel ressort ainsi à 1,768 milliard d’euros, dépassant les propres anticipations du groupe qui tablait sur des ventes logées à 1,7 milliard d'euros pour son exercice écoulé.
L'entreprise constate un report mécanique de la demande des particuliers vers les véhicules reconditionnés, segment où Aramis enregistre une progression de plus de 90% de son chiffre d'affaires en données publiées. "Tout va bien sur le segment des véhicules reconditionnés, puisque nous avons réalisé plus de 38% de croissance en volumes sur la clientèle particuliers. L'effet prix a également contribué à la hausse du chiffre d'affaires", explique Guillaume Paoli.
Du côté du segment des véhicules pré-immatriculés, les ventes aux particuliers ont chuté de près de près 50% sur l'exercice en données publiées. La crise des approvisionnements dans le secteur automobile a entraîné une raréfaction des véhicules faiblement kilométrés (tels que les véhicules de démonstration achetés aux concessionnaires par exemple), "Sur notre autre pan d'activité, les véhicules zéro kilomètre donc des voitures très récentes, le marché a totalement disparu", souligne ainsi Guillaume Paoli.
Des marges qui ne suivent toujours pas le dynamisme des ventes
Cet environnement de marché "extrêmement compliqué" avait d'ailleurs amené Aramis à abaisser en avril son objectif de marge d'Ebitda ajusté, attendue alors à un niveau "sensiblement inférieur" au déjà maigre 1,5% du chiffre d'affaires visé auparavant. A fin septembre, la marge brute s’établit à 175,1 millions d’euros, en hausse de 1,2% en données publiées et en baisse de 5,5% en données pro forma par rapport à l’exercice 2021.
L’Ebitda (l'excédent brut d’exploitation) ajusté est ressorti conforme aux anticipations de la société et s’établit à -10,7 millions d’euros au 30 septembre 2022. "La baisse de la profitabilité par rapport à l’exercice 2021 est une conséquence de l’effritement de la GPU ( marge brute unitaire, générée par véhicule aux particuliers) et de la baisse du niveau d’activité total du groupe en volumes, en raison de la très forte baisse des ventes de véhicules pré-immatriculés, ce qui n’a pas permis une bonne absorption des frais commerciaux, généraux et administratifs (SG&A)", explique Aramis Group dans son communiqué de jeudi.
Le manque de véhicules pré-immatriculés a, donc, fait basculer les comptes d'Aramis Group dans le rouge. Le groupe a enregistré une perte annuelle de 60,2 millions d'euros après un résultat net positif à hauteur de 3,3 millions d'euros en 2020/2021, qui lui même était en forte baisse de 36% par rapport à 2019/2020.
Une visibilité "limitée"
Du fait de l’environnement macroéconomique, géopolitique, et sectoriel, Aramis Group concède avoir une visibilité" limitée" sur ses marchés. Sur 2023, le segment des véhicules pré-immatriculés sera encore tributaire de la crise des semi-conducteurs et du conflit en Ukraine. Ces facteurs impactent les chaines logistiques et le rythme de la normalisation de la production de véhicules neufs. Or, la capacité d’Aramis Group à s’approvisionner en ce type de véhicules en est dépendante.
Sur le segment des véhicules reconditionnés, Aramis Group prévient que la demande est progressivement "plus affectée par le ralentissement de la consommation des ménages européens dans un contexte d’inflation marquée".
En termes de perspectives chiffrées pour 2023, Aramis Group table sur une croissance organique positive de ses volumes vendus de véhicules reconditionnés à particulier, et une amélioration progressive de son Ebitda ajusté au cours de l’année, hors coûts de restructuration, "sauf détérioration supplémentaire de l’environnement macroéconomique".
Cette nouvelle publication fait une nouvelle fois douter les investisseurs du réel potentiel du modèle d'Aramis. Le groupe est certes passé maître dans l'art de relever puis dépasser à plusieurs reprises ses prévisions d'activité mais à côté, sa rentabilité prend le chemin inverse. Les comptes et les perspectives présentés jeudi soir après Bourse alimentent ce vendredi la baisse d'un titre qui connait un parcours boursier déjà calamiteux. Depuis son entrée en Bourse en juin 2021, Aramis Group accumule plus de 80% de pertes par rapport à son prix d'introduction fixé à 23 euros.
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