(BFM Bourse) - Le groupe à la pomme a joué la carte de la prudence, lundi soir, lors de sa conférence annuelle des développeurs. L'action Apple a terminé en baisse de 1,2% et le titre abandonne 20% depuis le 1er janvier.

La conférence annuelle des développeurs d'Apple reste avant tout un évènement "tech". Mais les investisseurs suivent également avec attention cette réunion. A fortiori dans un contexte de course à l'intelligence artificielle (IA) dans laquelle Apple a pris un certain retard sur ses concurrents.

Lors de la précédente édition, celle de 2024, le groupe avait dévoilé sa propre IA, appelée "Apple Intelligence". D'abord un peu sur la réserve, le marché s'est ensuite laissé séduire et l'action Apple avait pris 7,3% lors de la séance suivant cette présentation.

Toutefois, les investisseurs ont ensuite été déçus par le déploiement très progressif d'Apple Intelligence. L'iPhone 16 a été lancé sans l'IA du groupe à la pomme qui n'est arrivé qu'en octobre aux États-Unis puis en avril dans l'Union européenne. Apple Intelligence n'est pas présente en Chine où le groupe doit trouver un partenaire pour la déployer.

"Nous sommes conscients des inquiétudes suscitées par le retard persistant d'Apple dans le déploiement d'Apple Intelligence", écrivait le mois dernier Goldman Sachs, à l'achat sur le dossier.

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"On a baillé"

Ce n'est pas l'édition 2025 de la conférence des développeurs qui dissipera les doutes. Le groupe à la pomme a livré des annonces relativement modestes, avec notamment son nouveau système d'exploitation iOS 26, successeur d'iOS 18. Concernant Apple Intelligence, la société a présenté de nouvelles fonctions comme la traduction en direct ou encore des arrière-plans personnalisés.

Le groupe a par ailleurs prévenu qu'une refonte de l'assistant personnel Siri avec des fonctionnalités d'IA n'arriverait pas tout de suite. L'ensemble des principales annonces du groupe est à retrouver dans ce papier de nos collègues de Tech&Co.

In fine, le bilan reste assez maigre. Alors qu'elle évoluait en légère hausse avant la conférence des développeurs, l'action Apple s'est retournée à la baisse et a terminé en repli de 1,2% à Wall Street.

"Nous notons que l'expansion en Chine et la disponibilité de certaines fonctionnalités d'Apple Intelligence - telles que le contexte personnel, les fonctionnalités inter-applications et la prise de conscience à l'écran grâce à Siri- n'ont pas été annoncées. De nombreuses fonctions d'intelligence artificielle annoncées étaient, à notre avis, plus incrémentales et déjà disponibles dans des applications concurrentes", observe UBS.

La banque suisse estime que les annonces de lundi soir auront un impact "négligeable" sur les ventes d'iPhone pour le trimestre en cours ainsi que pour le suivant. En mai, le directeur financier du groupe de Cupertino, Kevan Parekh, avait indiqué tabler sur une croissance "low to mid-single digit" des revenus globaux de la société, ce que l'on peut grossièrement traduire par de 1% à 6%, pour le trimestre clos fin juin. UBS estime que cela signifie que les ventes d'iPhone seront "atones".

Connu pour son optimisme sur la tech, Dan Ives, analyste chez Wedbush juge que, dans l'ensemble, "on a baillé" durant cette conférence.

L'évènement a donné "la vision pour les développeurs MAIS n'a pas été l'occasion d'avancées majeures sur Apple Intelligence, Cupertino jouant la carte de la sécurité et de la discrétion après les faux pas de l'année dernière", écrit l'analyste.

La menace Trump

"Nous comprenons la stratégie, mais il s'agit d'une année importante pour Apple en ce qui concerne la monétisation sur le front de l'IA, car finalement (Tim) Cook et compagnie pourraient être obligés de faire des acquisitions plus importantes dans le domaine de l'IA afin de faire démarrer cette stratégie", prévient-il. "Nous sommes très confiants dans la capacité d'Apple à mettre en œuvre cette stratégie, mais la fenêtre est étroite pour y parvenir et les investisseurs se concentreront sur ce point l'année prochaine", juge encore Dan Ives.

Apple devra nécessairement en dire plus sur l'IA dans les mois à venir pour rassurer Wall Street. "Nous pensons qu'Apple devra encore démontrer le succès de l'Apple Intelligence (par exemple, fin 2025/26 avec des fonctionnalités telles que Siri amélioré par l'IA, la conscience à l'écran, le contexte personnel) avant que les investisseurs ne soient prêts à considérer l'Apple Intelligence comme un moteur de la demande", considérait Goldman Sachs dans une récente note.

Pour l'heure, l'action Apple accuse une baisse de 19,6% depuis le début de l'année. Le groupe à la pomme s'est retrouvé au cœur des incertitudes liées aux droits de douane américains. Ce en raison de sa lourde exposition manufacturière à la Chine. Selon le cabinet de recherche Counterpoint, 80% des iPhone à destination du marché américain sont assemblés en Chine, les 20% restants provenant de l'Inde.

Washington avait annoncé des surtaxes douanières allant jusqu'à 145% sur les importations chinoises avant de suspendre la majeure partie de ces surtaxes. Face à ce risque, la société a décidé de produire la majeure partie des iPhone en Inde, et ses Macs au Vietnam.

Cela n'a pas plus à Donald Trump qui a déclaré qu'il ne voulait pas que le groupe fabrique ses iPhone en Inde mais aux États-Unis. Faute de quoi Apple devra reverser 25% sur les iPhone importés.

Or produire des smartphones aux États-Unis relève du mirage. Selon Dan Ives, cela gonflerait le coût du téléphone à 3.500 dollars. De plus, relocaliser la production aux États-Unis prendrait cinq à dix années selon l'analyste qui évoque un "conte pour enfant".

En dehors de Trump, Bank of America note que les investisseurs pessimistes sur Apple font valoir que le groupe est à la traine dans la course à l'IA et que son très rentable App Store fait face à des risques réglementaires. La banque, elle, reste optimiste. "'Apple est peut-être en retard, mais peut encore dominer 'l'IA edge' (l'IA des appareils connectés, pour simplifier, NDLR)", écrit l'établissement. "La base installée d'Apple continue de s'étendre, ce qui favorise la croissance des services", ajoute-t-il.