(BFM Bourse) - La société a livré des résultats globalement meilleurs qu'attendu au deuxième trimestre de son exercice 2024-2025, avec notamment des ventes d'iPhone en croissance de 2% en valeur. Mais le groupe a vu ses revenus reculer en Chine et le directeur général, Tim Cook, a chiffré à 900 millions de dollars, en l'état, l'impact des droits de douane sur les coûts de la société pour le trimestre en cours.

Apple était l'une des victimes les plus évidentes des surtaxes douanières annoncées par Donald Trump . Ce en raison de sa lourde exposition manufacturière à la Chine. Selon le cabinet de recherche Counterpoint, 80% des iPhone à destination du marché américain sont assemblés en Chine, les 20% restants provenant de l'Inde. Or les surtaxes douanières prévues par Washington à l'encontre de la Chine s'élèvent à 145%.

Tim Cook, le directeur général d'Apple, a réussi à obtenir de l'administration Trump une exemption pour les produits électroniques tels que les ordinateurs portables ou les smartphones, pour qui les droits de douane chinois additionnels retomberaient de 145% à 20%.

Mais cette exemption risque d'être seulement temporaire. Par ailleurs, l'administration Trump envisage aussi d'imposer des surtaxes sur les importations de semi-conducteurs, ce qui risque là encore de heurter la rentabilité d'Apple.

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Face à ces risques, Apple compte augmenter son empreinte industrielle aux États-Unis. Lors de la conférence avec les analystes suivant la présentation des résultats trimestriels, Tim Cook a rappelé que la société comptait dépenser dans cette optique 500 milliards de dollars au cours des quatre prochaines années. Le dirigeant a aussi indiqué que l'entreprise allait s'approvisionner en puces aux États-Unis dans "une dizaine d'états", avec pas moins de 19 milliards de semi-conducteurs qui seront acheminés en 2025.

Mais relocaliser la production aux États-Unis coûterait cher. Bank of America a estimé que l'iPhone pourrait voir ses tarifs bondir de plus de 90%, sous certaines conditions, si le téléphone était produit aux États-Unis.

Depuis le début de l'année, l'action Apple a chuté de 15% en raison de ces incertitudes liées aux droits de douane. Le groupe avait l'occasion de rasséréner le marché avec ses résultats du deuxième trimestre de son exercice 2024-2025.

Mais, contrairement à Alphabet, Meta et Microsoft, dont les publications se sont avérées rassurantes voire éclatantes pour celle de Microsoft, Apple a n'est pas parvenu à emballer Wall Street.

Raté sur la Chine

L'action Apple a terminé en baisse de 3,8% dans les échanges post-clôture à la Bourse de New York, jeudi soir. Et ce malgré des chiffres qualifiés de "solides" par Dan Ives, analyste chez Wedbush.

Le groupe à la pomme a globalement dépassé les attentes, avec des revenus en hausse de 5% à 95,4 milliards dollars et un bénéfice par action en progression de 8% à 1,65 dollar. Les revenus tirés des ventes d'iPhone ont par ailleurs augmenté de 2% sur le trimestre pour atteindre 46,84 milliards de dollars.

Selon un consensus Visible Alpha, les analystes tablaient sur des revenus de 94,3 milliards de dollars, un bénéfice par action de 1,62 dollar et des revenus de 45,8 milliards de dollars pour les ventes d'iPhone.

Une nouvelle fois le point noir, de la publication reste la Chine, où les revenus de la société ont reculé de 2,2% à 16 milliards de dollars. Or Bloomberg évoque des attentes logées à 16,8 milliards de dollars. Apple a récemment perdu du terrain face à ses rivaux en Chine, tels que Huawei et Xiaomi.

Rappelons que le groupe n'a pas encore déployé sa propre intelligence artificielle (IA) dans le pays, réduisant ainsi l'attrait de son dernier modèle, l'iPhone 16. Ce téléphone s'est retrouvé en concurrence frontale en Chine avec des smartphones sous Android, qui présentent déjà d'importantes fonctionnalités d'IA.

Les revenus générés par les services (l'App Store, Apple Music) ont aussi légèrement déçu avec des revenus de 26,65 milliards de dollars contre un consensus situé à 26,70 milliards de dollars.

Au-delà des chiffres à proprement parler, le sujet des droits de douane est vite revenu hanter la publication d'Apple. Durant la conférence téléphonique avec les analystes, Tim Cook s'est risqué à chiffrer l'impact des surtaxes douanières actuelles, évoquant un surplus de 900 millions de dollars sur les coûts de l'entreprise au cours du trimestre, actuel, clos fin juin. Le dirigeant a toutefois reconnu qu'il était "impossible d'évaluer précisément" les impacts car "nous ne sommes pas sûrs des futures actions" qui seront mises en place.

Cap vers l'Inde pour la production américaine

Interrogé par un analyste, Tim Cook a confirmé que la majorité des iPhone vendus aux États-Unis seront produits en Inde au troisième trimestre de son exercice, tandis que les Macs et les autres produits seront fabriqués au Vietnam. La Chine demeurera le grand pays d'origine pour les articles d'Apple vendus en dehors des États-Unis.

Mais Tim Cook n'a pu donner beaucoup plus d'indications au-delà du troisième trimestre de l'entreprise, clos donc en juin.

"Je pense que les incertitudes sur ce qui se passera au-delà du trimestre clos en juin sont à l'origine de la souffrance de l'action Apple à Wall Street (…) six des vingt questions d'analystes lors de la conférence ont porté sur les perspectives au-delà de cet horizon, et aucune n'a trouvé de réponse définitive", a jugé Gene Munster, gérant chez Deepwater AM, dans une vidéo postée sur X. "Je pense que cela a ajouté de la nervosité dans les projections des investisseurs", ajoute-t-il.

"L'éléphant dans la pièce reste la tornade tarifaire, Apple et Cook étant pris dans l'œil du cyclone", commente de son côté Dan Ives. "Nous avons appris lors de la conférence téléphonique que l'Inde sera la 'chaîne d'approvisionnement 'radeau de sauvetage' qui devrait aider Apple à naviguer dans cet environnement tendu sans précédent en Chine", ajoute-t-il.

Signe, peut-être de la prudence de la société, Apple a annoncé un nouveau programme de rachats d'actions, d'un total de 100 milliards de dollars, ce qui représente une baisse de 10 milliards de dollars par rapport au programme de rachats d'actions qui avait été annoncé il y a un an, remarque Reuters.

Concernant les perspectives financières pour le deuxième trimestre, le directeur financier d'Apple, Kevan Parekh, a indiqué que l'entreprise tablait sur une croissance "low to mid-single digit" , ce que l'on peut grossièrement traduire par de 1% à 6%, pour le troisième trimestre.