(BFM Bourse) - La marque à la pomme est en baisse ce mercredi à Wall Street, alors que Pékin envisagerait de mener une enquête sur les commissions et les politiques de son magasin d'applications.

Ce début de mois de février est sans aucun doute placé sous le signe des tensions commerciales. Et la joute est déjà bien engagée entre Washington et Pékin . Les deux superpuissances commencent à se rendre coup pour coup.

Les hostilités ont commencé dès samedi quand Donald Trump a signé un décret instaurant des surtaxes douanières de 10% sur les importations chinoises. Pékin n'a pas tardé à réagir, annonçant à son tour mardi, des surtaxes douanières sur les importations de gaz naturel liquéfié et de charbon américains.

Mais ce train de mesures ne visaient pas pour l'heure une société en particulier. Or, selon Bloomberg, Pékin aurait pour cible un symbole de la tech américaine, et non des moindres, puisqu'il s'agit d'Apple.

Victime des tensions commerciales

Les régulateurs chinois envisageraient d'ouvrir une enquête sur les frais et la politique de l'App Store, le magasin d'applications développé et géré par Apple, rapporte Bloomberg ce mercredi 5 février.

L'Administration d'État pour la régulation du marché (SAMR) pourrait s’intéresser aux commissions pouvant aller jusqu'à 30% qui sont prélevées sur les achats intégrés, ainsi sur les restrictions sur les services de paiement tiers et des magasins d'applications, ont indiqué à Bloomberg des sources proches du dossier.

A Wall Street, Apple accuse le coup et cède 2% à l'ouverture dans le sillage de ces potentielles mesures évoquées par l'agence de presse.

"Cette décision intervient le lendemain de l'ouverture par la Chine d'une enquête sur Google concernant des violations de la législation antitrust, bien que Google ait abandonné sa stratégie chinoise il y a plus de dix ans et que son empreinte soit aujourd'hui minime", avancent les analystes de Wedbush.

"Ironiquement, Apple tire beaucoup moins de revenus des services en Chine que dans d'autres régions (États-Unis/Europe), compte tenu de l'économie des développeurs dans cette région et de la présence plus réduite de l'App Store. Cela dit, il s'agit d'une partie de poker à gros enjeux entre Trump et la Chine et Apple est clairement un atout sur la table", poursuivent-ils.

Wedbush estime qu'Apple génère 5 milliards de dollars par an de revenus liés à l'App Store venant de Chine. "Il s'agit donc moins d'une question d'exposition aux revenus pour les investisseurs que d'une question de tensions entre les Etats-Unis et la Chine, avec les Big Tech américaines en ligne de mire pour des représailles", abonde le bureau d'études américain spécialisé dans la tech.

Un groupe déjà en difficulté en Chine

Pour autant, il s'agirait d'un nouveau coup dur pour Apple, qui souffre beaucoup en Chine. Au premier trimestre de son exercice 2024-2025, correspondant aux trois derniers mois de 2024 les revenus de la marque à la pomme ont chuté de 11% dans la région. Surtout, les ventes d'iPhone ont déçu, atteignant 69,14 milliards de dollars, en recul de 0,8% sur un an, soit moins que le chiffre de 70,72 milliards de dollars attendu par le consensus Visible Alpha.

Comme le soulignait Bank of America dans une récente note, les ventes d'iPhone ont été faibles en Chine au quatrième trimestre, car Apple n'a pas encore déployé sa propre intelligence artificielle (IA) dans le pays, réduisant ainsi l'attrait de son dernier modèle, l'iPhone 16. Ce téléphone s'est retrouvé en concurrence frontale en Chine avec des smartphones sous Android, qui présentent déjà d'importantes fonctionnalités d'IA.

En Chine, Apple est contraint de trouver un partenaire pour déployer Apple Intelligence. Selon plusieurs médias, le groupe serait, dans cette optique, en discussions avec Tencent et Bytedance (maison mère de TikTok).

"Tim Cook a bien anticipé ces tensions anticipées en Chine au cours des derniers mois et nous pensons que beaucoup de ces tensions ont été réglées en coulisses. La prochaine étape étant l'annonce par Apple d'un partenaire technologique chinois pour l'Apple Intelligence", notent également les analystes de Wedbush.