(BFM Bourse) - Le groupe de technologies grand public a annoncé des revenus en baisse pour l'iPhone au premier trimestre de son exercice 2024-2025. Mais le directeur financier, Kevan Parekh, a indiqué que la société anticipait un retour à une légère croissance pour le trimestre en cours.

Des résultats historiques ne satisfont pas toujours les investisseurs. Jeudi soir, Apple a livré ses comptes pour le premier trimestre de son exercice 2024-2025, clos en septembre prochain.

Le spécialiste des technologies grand public a réalisé "son meilleur trimestre dans l'histoire", avec des revenus record de 124,3 milliards de dollars, en hausse de 4%, a clamé Tim Cook, le directeur général d'Apple.

Autre record: le bénéfice par action de la société a progressé de 10% pour atteindre un plus haut historique pour Apple, à 2,40 dollars au premier trimestre.

Tant sur les revenus que sur le bénéfice par action, Apple a dépassé les attentes. Selon un consensus LSEG cité par CNBC, les analystes attendaient des revenus de 124,12 milliards de dollars et un bénéfice par action de 2,35 dollars.

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La Chine, terre de déception

Le groupe à la pomme a été aidé par la croissance des services (qui regroupent l'App store et Apple Music), dont les marges sont plus élevées que celles des autres activités du groupe. Les revenus des services d'Apple ont atteint un record de 26,34 milliards de dollars sur le trimestre, en hausse de 14%. Les analystes tablaient sur un chiffre limité à 24,97 milliards de dollars, selon un consensus Visible Alpha.

Cet effet de "mix" (une plus forte répartition des revenus sur les activités de services plus rentables) a tiré la marge opérationnelle d'Apple qui est passée à 34,5% contre 33,7% un an plus tôt.

Mais, dans le détail, les résultats d'Apple ont réservé plusieurs déceptions aux investisseurs. En Chine, Apple a encore souffert, avec des revenus qui ont chuté de 11% dans la région. Tim Cook, le directeur général d'Apple a cependant expliqué à Reuters qu'environ la moitié de cette baisse s'expliquait par des changements de comptabilité sur les stocks de ses revendeurs en Chine.

Surtout, les ventes d'iPhone ont déçu, atteignant 69,14 milliards de dollars, en recul de 0,8% sur un an, soit moins que le chiffre de 70,72 milliards de dollars attendu par le consensus Visible Alpha.

Comme le soulignait Bank of America dans une récente note, les ventes d'iPhone ont été faibles en Chine au quatrième trimestre, car Apple n'a pas encore déployé sa propre intelligence artificielle (IA) dans le pays, réduisant ainsi l'attrait de son dernier modèle, l'iPhone 16. Ce téléphone s'est retrouvé en concurrence frontale en Chine avec des smartphones sous Android, qui présentent déjà d'importantes fonctionnalités d'IA.

En Chine, Apple est contraint de trouver un partenaire pour déployer Apple Intelligence. Selon plusieurs médias, le groupe serait, dans cette optique, en discussions avec Tencent et Bytedance (maison mère de TikTok).

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Perspectives rassurantes

Au-delà de la Chine, Apple Intelligence n'a été déployé que progressivement à compter du dernier trimestre. Le système d'intelligence artificielle du groupe a été introduit en octobre dernier aux États-Unis et est désormais aussi accessible dans d'autres pays comme le Royaume-Uni, l'Australie, l'Afrique du Sud et le Canada. Apple Intelligence doit arriver en avril dans l'Union européenne.

En raison de ce lancement échelonné, "les fonctionnalités d'Apple Intelligence n'ont pas encore été adoptées à grande échelle", notait Bank of America, la semaine dernière. Et les consommateurs ont pu faire preuve d'attentisme pour acheter de nouveaux iPhones.

En raison du chiffre décevants des ventes d'iPhone, l'action Apple a tout d'abord chuté dans les échanges post-clôture à Wall Street. Le titre s'est ensuite retourné à la hausse pour terminer en progression de 3%. En préouverture ce vendredi, l'action gagne 3,44%.

Les investisseurs ont été rassurés par les prévisions livrées par le directeur financier Kevan Parekh, pour le deuxième trimestre 2024-2025, période qui s'achèvera fin mars. Le dirigeant a indiqué que les revenus de la société était attendu en hausse "low to mid single digit", soit entre 1% et 5%, en intégrant des effets de changes négatifs à hauteur de 2,5 points de pourcentage. Les services eux, sont attendus, en hausse d'au moins 10%.

Gene Munster, gérant chez Deepwater Management AM, évoque sur X (ex-Twitter) une "(bonne) surprise" étant donné que les iPhones ont manqué les attentes sur le précédent trimestre.

"Les perspectives fournies par la direction lors de la conférence téléphonique ont dépassé les attentes, car l'iPhone prend de l'ampleur et Apple surmonte un trimestre difficile en Chine", a déclaré à Reuters Gil Luria, de D.A. Davidson.

Un pragmatisme récompensé dans l'IA

Comme ses homologues Satya Nadella, le directeur général de Microsoft, et Mark Zuckerberg, celui de Meta, Tim Cook a également été interrogé par les analystes sur le phénomène Deepseek.

"En général, je pense que l'innovation qui améliore l'efficacité est une bonne chose et c'est ce que vous voyez dans ce modèle", a-t-il répondu.

La start-up chinoise Deepseek a secoué le monde de la tech en début de semaine, avec ses modèles de langage d'IA (LLM) aux performances proches de celles des grands groupes américains, comme ChatGPT ou Gemini, mais avec des coûts a priori bien moindres.

Ses prouesses ont amené le marché à s'interroger sur la nécessité et la viabilité pour les grands groupes de tech de dépenser des dizaines de milliards de dollar dans les technologies et les infrastructures d'IA. Microsoft prévoit, cette année, 80 milliards de dollars d'investissements (capex) dans les data centers pour développer l'intelligence artificielle.

Apple a adopté une approche plus prudente, en avançant à pas de loup sur l'IA et en évitant de s'engager des dépenses somptuaires dans les data centers. Ce qui a d'ailleurs pu lui être reproché par le marché dans le passé.

Le séisme provoqué par Deepseek a toutefois conduit certains analystes à considérer que le pragmatisme d'Apple était peut-être finalement pertinent. "Nous pensons qu'Apple pourrait sortir relativement gagnant de ce débat", alimenté par Deepseek, ont écrit les analystes de Morgan Stanley dans une note adressée à leurs clients mardi et citée par le Financial Times.

"Dans un monde où les LLM grand public se banalisent, les plateformes de distribution deviennent des actifs clés, et Apple possède la plateforme de distribution de technologie grand public la plus précieuse qui existe aujourd'hui", ont-ils ajouté.

"Les prochains trimestres permettront de vérifier si Apple est en mesure d'équilibrer son approche prudente avec la soif d'innovation du marché en matière d'IA", a de son côté estimé Jacob Bourne, analyste chez Emarketer, dans une note citée par Bloomberg.