(BFM Bourse) - Le groupe de Cupertino a surpris les marchés en dévoilant des ventes trimestrielles supérieures aux attentes, quand le spécialiste du e-commerce a franchement déçu en livrant des perspectives inférieures aux anticipations du marché.

La saison des résultats des Gafam suit son cours, avec leur lot de surprises mais aussi de déceptions. Mercredi soir, Meta a enchanté les marchés après une solide publication quand ceux livrés par Apple et Amazon ont reçu un accueil différent.

Les deux sociétés ont livré leurs comptes trimestriels jeudi après la clôture du marché. Apple a plutôt bien réussi son rendez-vous avec les investisseurs en dévoilant une performance trimestrielle supérieure aux attentes. A Wall Street, son titre a progressé de 0,6% dans les échanges d'après-marché.

Le groupe de Cupertino a surtout renoué avec la croissance au troisième trimestre. Entre avril et juin, Apple a en effet publié des revenus en hausse de 4,9% de 85,78 milliards de dollars. Autre point positif, ce chiffre s'avère au-dessus des attentes, puisque les analystes attendaient 84,73 milliards de dollars, selon un consensus cité par CNBC.

Une ombre persistante

Les ventes d'iPhone ont, elles, reculé de 0,9% sur un an à 39,30 milliards de dollars, là où les analystes redoutaient une baisse plus prononcée, de 2,2%. "La série d'iPhone 15 a été bien reçue et la plus grande partie de l'année est passée. Elle fait mieux que la précédente série, que l'iPhone 14", a déclaré à Reuters le directeur financier d'Apple, Luca Maestri.

De son côté, la division services (App Store, Apple Music, Apple TV, Arcade, ou encore la licence que paie Google pour être le moteur de recherche par défaut sur les iPhone) d'Apple se porte toujours aussi bien. Elle a atteint un niveau de revenus de 24,2 milliards de dollars, affichant une croissance de 14% sur un an.

Le bénéfice par action d'Apple a par ailleurs dépassé les attentes, s'établissant à 1,40 dollar quand le marché attendait 1,35 dollar, et après 1,26 dollar l'an passé.

Point noir de la publication, les revenus de la société en Chine ont encore reculé, de 6,5% sur le trimestre, à 14,7 milliards d'euros. La Chine, qui reste un marché stratégique pour Apple, constitue un sujet de préoccupation pour le marché depuis près d'un an, après que, selon différents médias, plusieurs administrations ont interdit aux fonctionnaires d'utiliser des iPhone ou des téléphones de marque étrangères au travail. La dégradation de la conjoncture économique vient aussi compliquer les affaires d'Apple dans ce pays.

"Nous sommes conscients que le marché des smartphones est très concurrentiel, mais nous pensons que nous nous en sortons plutôt bien dans le contexte de l'économie en général", a déclaré le directeur financier Luca Maestri à Bloomberg Television. Tim Cook s'est toutefois voulu rassurant et se déclare toujours "optimiste" pour ce marché.

L'iPhone 16, clé du succès?

Concernant ses perspectives, Apple s'attend pour le trimestre en cours à que ses ventes progressent au même rythme qu'imprimé au trimestre précédent, soit une hausse d'environ 5%. Les analystes étaient moins optimistes et tablaient pour leur part sur une progression de 4%. "Les services seront l'un des points forts de cette période, avec une progression à deux chiffres", a aussi déclaré Apple.

Le groupe compte capitaliser sur ses nouveautés intégrant des outils et fonctionnalités d'intelligence artificielle (IA) avancés, dévoilées en juin lors de sa conférence annuelle des développeurs. Ces nouveautés permettront notamment d'assister l'utilisateur dans la rédaction de notes, de courriels ou de rendre Siri plus proactif et multitâches.

Le marché estime que cette stratégie en matière d'IA devrait déclencher un "upgrade cycle", c'est-à-dire que les consommateurs, attirés par ces nouvelles technologies d'IA, décideraient d'acheter les nouveaux iPhone (ou Mac) intégrant ces fonctionnalités pour remplacer leur ancien appareil. C'est ce qu'espère Apple pour son iPhone 16 dont la sortie est prévue pour septembre prochain.

"Apple a fait de son mieux pour affirmer son avancée dans le domaine de l'IA afin d'enthousiasmer les investisseurs, en mentionnant abondamment l'Apple Intelligence. Cette fonctionnalité, qui en est encore à ses débuts, est considérée par Apple comme la clé de son prochain cycle de mise à niveau, qui augmentera les ventes et stimulera la croissance du chiffre d'affaires", note Josh Gilbert, analyste de marché pour eToro.

Amazon, loin d'être un carton

En revanche, Amazon a complètement raté l'épreuve des publications malgré des profits trimestriels doublés. Entre avril et fin juin, Amazon a dévoilé un chiffre d'affaires en hausse de 10% à 148 milliards de dollars, ce qui est inférieur aux attentes, les analystes tablaient sur des revenus trimestriels de 148,8 milliards de dollars.

Amazon Web Services (AWS), la division cloud du groupe très suivie des investisseurs, a vu ses revenus croître de 19% sur un an à 26,3 milliards de dollars, dépassant les attentes de Wall Street (25,95 milliards de dollars) et affiche un deuxième trimestre de progression.

"Nous continuons à progresser dans de nombreux domaines, mais surtout dans la ré-accélération continue de la croissance d'AWS", a déclaré le patron du groupe Andy Jassy.

Ce qui a permis de compenser l'activité cœur de métier d'Amazon, à savoir sa plateforme de e-commerce dont la croissance a pâti d'un "ralentissement des dépenses de consommation" au cours du trimestre, signale Sky Canaves analyste chez eMarketer, citée par Bloomberg.

Au deuxième trimestre, le résultat d'exploitation s'est pour sa part établi à 14,7 milliards de dollars. Les analystes, en moyenne, prévoyaient environ 13,6 milliards de dollars, selon les données compilées par Bloomberg. Son bénéfice net a doublé sur un an pour ressortir à 13,5 milliards de dollars.

Mais ce sont les perspectives présentées par le groupe de tech qui n'ont pas manqué d'irriter le marché. Pour le trimestre en cours, le spécialiste du e-commerce a dit prévoir un chiffre d'affaires inférieur aux attentes de Wall Street.

Le groupe table pour le troisième trimestre 2024 sur des revenus compris entre 154 et 158,5 milliards de dollars au troisième trimestre, soit une hausse de 8 à 11%. Les analystes tablaient en moyenne sur des ventes de 158,3 milliards de dollars.

Le bénéfice d'exploitation est attendu entre 11,5 et 15 milliards de dollars pour la période se terminant en septembre. Les analystes tablaient en moyenne sur 15,7 milliards de dollars.

Les investissements massifs d'Amazon dans l'IA pour sa plateforme cloud vont en effet peser sur les comptes du géant du e-commerce. Comme l'ensemble des groupes de tech, la société s'est aussi mise à la page de l'intelligence artificielle (IA) générative, et a notamment développé son propre assistant d'IA générative au sein d'AWS, baptisé "Q".

Amazon a déclaré que cette opportunité représentait un "chiffre d'affaires de plusieurs milliards de dollars". Et le groupe n'entend pas regarder à la dépense pour saisir cette opportunité de marché et ne pas se laisser distancer par Microsoft et Google sur ce terrain là.

Le groupe aurait dépensé 30,5 milliards de dollars au cours du premier semestre de l'année, selon le directeur financier Brian Olsavsky, dont 16,4 milliards de dollars rien qu'au deuxième trimestre.

"Ces dépenses sont bien supérieures à celles d'autres grandes entreprises technologiques telles que Microsoft, qui a dépensé 13,9 milliards de dollars, et Alphabet, qui a dépensé 13,2 milliards de dollars au cours de la même période", note Marketwatch.

"Amazon a toujours eu des velléités d'investissement au détriment des marges à court terme, et il semble qu'ils prévoient une hausse des dépenses pour le reste de l'année", a déclaré Gil Luria, analyste chez DA Davidson, cité par Bloomberg.

Or ces dépenses massives commencent à inquiéter les investisseurs qui n'ont pas manqué de sanctionner Amazon en Bourse. Son action a perdu 6,9% dans les échanges après la clôture à New York, jeudi soir.