(BFM Bourse) - L'action du groupe d'aéronautique et de défense évolue en forte baisse ce lundi 1er décembre après que le groupe a dû procéder à des changements d'urgence sur plusieurs milliers d'avions à la suite d'une faille logiciel. L'entreprise n'attend toutefois pas d'impact financier significatif sur ses comptes.
Airbus souffre en Bourse ce lundi 1er décembre. L'action de l'avionneur abandonne 10% vers 13h00, accusant la plus forte baisse du CAC 40.
Cette chute survient dans la foulée d'un impair technique. Vendredi soir, après la clôture de la Bourse, le groupe d'aéronautique et de défense a inquiété en annonçant d'importantes mesures pour corriger un problème de logiciel.
À la suite d'un incident sans gravité survenu fin octobre sur un vol opéré par la compagnie américaine Jetblue, l'avionneur s'est rendu compte que des radiations solaires intenses pouvait endommager des données critiques au fonctionnement des contrôles de vols.
Le problème se situait au niveau d'un logiciel intégré à un calculateur (un ordinateur) Elac ("elevator aileron computer") fourni par Thales. Selon Deutsche Bank, Thales a toutefois assuré que la vulnérabilité du logicielle était hors de sa responsabilité.
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Le point important est que le groupe a identifié des corrections à apporter sur de nombreux avions de la famille A320 actuellement en circulation. Au total, environ 6.000 appareils sont concernés.
Pour une grande partie de ces avions, la société a simplement dû revenir à une version antérieure du logiciel en question qui était suffisamment robuste pour ne pas pâtir de cette vulnérabilité aux radiations solaires. Pour une partie plus modeste – on parle de quelques centaines d'avions – un changement de "hardware", c'est-à-dire de calculateur, doit être effectué.
Ces modifications ont entraîné des annulations de vols durant le week-end, Jefferies les estimant autour de 450.
L'action chute
Ce lundi 1er décembre, Airbus a rassuré en annonçant que la quasi-totalité des modifications avaient été apportées.
"Nous travaillons avec les compagnies aériennes pour soutenir la modification des moins de 100 appareils restants afin de garantir leur remise en service", a indiqué Airbus.
Le groupe a donc été très rapide. Pour autant, le titre chute, donc. Les annonces sur ces impairs "peuvent peser sur le sentiment de marché (la confiance des investisseurs sur le titre, NDLR)), l'environnement de marché étant par ailleurs difficile", explique un analyste.
Pour autant, "on pouvait s'attendre à bien pire vendredi soir, avec le risque d'avoir quelque chose comme 900 avions immobilisés ce lundi. En réalité, c'est assez remarquable la vitesse avec laquelle ils ont géré cela", ajoute cet analyste.
L'action Airbus a par ailleurs décroché un peu plus après que Reuters a rapporté qu'Airbus faisait face à des problèmes de "qualité industrielle" affectant les panneaux de fuselage de plusieurs dizaines d'avions A320.
Le défaut retarde certaines livraisons, mais rien n'indique dans l'immédiat qu'il ait atteint des avions en service, ont indiqué à Reuters ces sources.
Airbus a ensuite confirmé "avoir identifié un problème de qualité chez un fournisseur affectant un nombre limité de panneaux métalliques de l'A320".
"Comme toujours lorsqu'il est confronté à des problèmes de qualité dans sa chaîne d'approvisionnement, Airbus adopte une approche prudente et inspecte tous les appareils potentiellement concernés, sachant que seule une partie d'entre eux nécessitera des mesures supplémentaires", a poursuivi la société dans une déclaration transmise aux médias.
"La source du problème a été identifiée et maîtrisée, et tous les nouveaux panneaux produits sont conformes à l'ensemble des exigences", a conclu Airbus.
"Nous pensons que ce problème pourrait être un facteur susceptible d'influencer le rythme des livraisons en novembre", a écrit Royal Bank of Canada dans une note ce lundi après-midi. "Outre le problème logiciel AOT signalé la semaine dernière, nous pensons que ces problèmes sont susceptibles de causer des difficultés de production, détournant l'attention de l'entreprise de l'exécution de la production", poursuit la banque.
Airbus n'attend pas d'impacts importants
Au-delà de la nervosité du marché sur cette séance, la question reste de savoir quelles conséquences financières peut avoir cet épisode.
Contacté par BFM Bourse, Airbus indique ne pas s'attendre à un "impact financier significatif" sur ses comptes liés à la question du logiciel.
Un discours cohérent avec l'analyse menée par Jefferies. Dans une note publiée ce lundi matin, la banque remarque que les actions menées par Airbus ont provoqué des perturbations "limitées" sur les vols d'avions ce week-end, sur la base des données de Flightradar24.
"Nous supposons donc que le passif financier d'Airbus sera très minime, voire inexistant, car la majeure partie de la flotte semble avoir été réparée sans qu'il soit nécessaire de remplacer le matériel, et le retour à l'ancien logiciel ne devrait pas représenter une charge importante, même en supposant une couverture totale des coûts de main-d'œuvre", écrit Jefferies. La banque retient moins de 5 millions de dollars pour l'ensemble de la flotte qui a été ramenée à l'ancienne version du logiciel.
Quant au remplacement du "hardware", l'établissement ne s'attend pas à ce que le coût soit "significatif", "étant donné que du 'hardware' résistant semble déjà être en service, ce qui limite les coûts de développement d'urgence", poursuit la banque.
Dans une note publiée dimanche soir, Deutsche Bank jugeait que la question du coût financier restait ouverte mais concluait qu'il était probable que l'impact soit "contenu", même si cet impact dépendra de la durée d'immobilisation des avions.
Barclays, pour sa part, établissait plusieurs scénarios dans une note publiée dimanche après-midi et arrivait à des répercussions situées entre 651 millions et 2,5 milliards de dollars. Mais ces estimations avaient été formulées avant la communication du groupe de ce lundi matin.
À noter que Deutsche Bank perçoit quelques éléments positifs dans cet épisode. Premièrement, la banque cite "la réponse massive et coordonnée à la campagne de rappel" qui "démontre la réactivité du réseau d'assistance de l'A320". "Bien que le problème ne soit pas entièrement résolu, le trafic aérien s'est poursuivi et les perturbations ont été en partie atténuées", fait valoir la banque.
Deuxième point: "Airbus a fait preuve d'un leadership clair, en donnant la priorité à la sécurité, malgré le risque potentiel de perturbations massives du trafic pendant le week-end de Thanksgiving", écrit Deutsche Bank.
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